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IMG - Archipel - UQAM

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expression qui peut paraître tautologique, Hegel laisse entendre qu'il y a une apparence de la réalité<br />

manifeste qui est fausse ou au moins superficielle, car confondue « avec le chaos des intérêts<br />

particuliers et des circonstances passagères, mêlée à l'arbitraire des passions et des volontés<br />

individuelles 448 ». Cette « véritable réalité» me semble être l'homologue du « réale» de Schelling et<br />

elle dit « la substance et l'essence de toutes choses, de la nature et de l'esprit, le principe qui se<br />

manifeste dans le temps et dans l'espace par toutes ces existences réelles, mais qui conserve en lui­<br />

même son existence absolue 449 ». C'est, il l'affirme, une force universelle qui est l'objet même des<br />

représentations de l'art et cela stabilise le statut de l'art en lui donnant une place que Kant n'avait pas<br />

su lui trouver. Outre ce premier constat, cela postule que cette force est en quelque sorte accessible à<br />

l'esprit et donc à l'être humain. On pourrait alors dire que l'art est un médium, non plus un moyen<br />

terme entre le fini et l'infini comme il me semblait l'être chez Schelling, mais un moyen d'accéder au<br />

170<br />

vrai. Ce n'est pourtant pas la forme « dernière et absolue par laquelle le vrai se révèle à l'esprit 450 »<br />

car, devant revêtir une forme sensible, il ne peut accéder qu'à un degré de la vérité. C'est alors que<br />

l'auteur nous révèle ce qui me paraît être le principe de sa démonstration et qui tient à une forme de<br />

gradation dans cet accès. Le christianisme avait déjà conçu un tel dépassement mais, plus encore,<br />

« l'esprit moderne s'est élevé au-dessus du point précis où l'art constitue le mode le plus élevé de la<br />

représentation de l'absolu. Chez nous, la pensée a débordé les beaux-arts. Dans nos jugements et nos<br />

actes, nous nous laissons gouverner par des principes abstraits et des règles générales. L'artiste lui­<br />

même ne peut échapper à cette influence qui domine ses inspirations. 11 ne peut s'abstraire du monde<br />

où il vit, et se créer une solitude qui lui permette de ressusciter l'art dans la naïveté primitive 451 ». Et ce<br />

qui frappe dans cette présentation c'est que, si l'on est fondé à admettre que les modes d'accès à la<br />

réalité cohabitent encore, ils relèvent toutefois d'un processus historique irrémédiable qui paraît les<br />

disqualifier à mesure qu'il se développe. On pourrait penser que la religion est tout autant emportée<br />

que l'art comme une étape, un intermédiaire, sur une route qui, dans et par la philosophie, atteindrait<br />

ou aurait atteint son but. Et alors on pourrait penser que l'artiste lui-même, parce qu'il serait devenu un<br />

individu libre dans la plénitude de son être, ne pourrait plus être artiste au sens d'une complicité active<br />

dans le processus symbolique de la représentation. Pour reprendre les mots de Hegel: peut-être ne<br />

pourrait-il plus avoir la foi? Vient alors le constat qui a tant fait débattre depuis: « Dans de telles<br />

circonstances, l'art avec sa haute destination est quelque chose de passé; il a perdu pour nous sa vérité<br />

et sa vie. Nous le considérons d'une manière trop spéculative pour qu'il reprenne dans les mœurs la<br />

448 Ibid., p.8.<br />

449 Ibid., p.7-8.<br />

450 Ibid., p.9.<br />

451 Ibid., p.9-10.

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