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IMG - Archipel - UQAM

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les canons classiques. C'est le primat de l'essence sur la substance qui réduit la seconde, et bien que<br />

les débats sur le statut de la couleur soient déjà ouverts, à une fonction décorative proprement<br />

secondaire. Pourtant, même s'il me semble que cet exemple est moins pur de toute référence qu'il<br />

voudrait le penser, Kant éclaire ensuite la distinction entre beauté et perfection, ce qui lui permet<br />

d'ailleurs de revenir sur la tentative de Baumgarten. La beauté n'équivaut pas à la perfection car celle­<br />

ci ne peut s'apprécier qu'en fonction d'une fin à laquelle elle est parfaitement conforme. De ce fait,<br />

« chercher un principe du goût, qui fournirait le critérium universel du beau, au moyen de concepts<br />

déterminés, est une entreprise vaine, car cela est impossible et en soi-même contradictoire 298 ». Il note<br />

cependant tout de suite après que cette quête est incontournable et ce n'est peut-être que l'idée qu'elle<br />

puisse aboutir qui est illusoire. «Cet archétype du goüt qui repose, à vrai dire, sur l'Idée indéterminée<br />

qu'a la raison d'un maximun et qui, pou11ant, ne peut pas être représenté par des concepts, mais<br />

seulement en une présentation singulière, mérite plutôt d'être appelé l'idéal du beau; et même si nous<br />

ne sommes pas en possession de ce dernier, nous tendons cependant à le produire en nous 299 ». Et ceci<br />

l'amène, selon sa formulation à déduire de ce troisième moment la définition suivante du beau: « La<br />

beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle est perçue dans cet objet sans représentation<br />

d'une jin JOO ».<br />

120<br />

Le titre du quatrième moment est: «Du jugement de goût considéré selon la modalité de la<br />

satisfaction relative à l'objet ». On voit alors qu'il retourne à l'idée selon laquelle ce n'est pas le plaisir<br />

qui permet le jugement de goût mais le contraire, et il note que c'est comme si ce partage universel du<br />

beau relevait d'une nécessité par ailleurs impossible à prouver. A cela, sa proposition de réponse est<br />

celle d'un accord général des facultés de connaître qui puisse se produire en dehors des concepts, qui<br />

ne sont pas pertinents en l'espèce. «Comme cet accord lui-même doit pouvoir se communiquer<br />

universellement 301 , et donc aussi par conséquent le sentiment de cet accord (pour une représentation<br />

donnée), et comme la communicabilité universelle d'un sentiment présuppose à son tour un sens<br />

commun, c'est donc avec raison qu'on pourra admettre l'existence de ce dernier 302 ». On sait que le<br />

débat autour de cette notion est ancien et les désaccords multiples mais, avant de poursuivre, il me<br />

semble nécessaire de préciser que l'universel - notion clef dans ce raisonnement - est pensé par<br />

298 Ibid., §17,p. 165.<br />

299 Ibid., §17, p. 166.<br />

300 Ibid., p.171.<br />

301 Michel Freitag note que cette communicabilité universelle implique que cet accord ait une commune valeur d'a<br />

priori pour les membres de la communauté de communication et de représentation. C'est ce que les Grecs<br />

désignaient par l'aidas et par la diké qui soutenaient la participation des citoyens libres à leur cité. Voir à ce sujet<br />

ses réflexions de sur la nature du politique dans L'oubli de la société. Il note par ailleurs que le langage de la<br />

communication - celui qu'adopte par exemple aussi Habermas - est tout à fait inadéquat pour exprimer la<br />

nature apriorique d'un tel partage et d'un tel consentement.<br />

302 Emmanuel Kant, Critique de la/acuIté de juger, op. cit., §21, p.174-) 75.

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