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CHAPITRE III<br />

ACHÈVEMENTS D'UN PARCOURS ALLEMAND<br />

S'il Y a un Zeitgeist de ce début du XIX" siècle, il ya également un génie national qui est en<br />

train de se forger, idéologiquement dans l'Europe entière, pratiquement en Allemagne et bien après la<br />

France. Dans son Essai sur la nationalité des philosophies qui précède sa traduction du Jugement de<br />

M de Schelling sur la philosophie de M. Cousin 4li5 , Joseph Willm développe l'image d'une<br />

philosophie européenne qui, après avoir été unifiée par l'usage commun du latin puis du français, se<br />

morcelle à partir du XVIIIe siècle. Il y voit l'effet de l'usage des langues vulgaires qui permet<br />

l'isolement des différents courants, voire leur relative ignorance réciproque, et qui cristalliserait leurs<br />

divergences. Même s'il place Victor Cousin (1792-1867) auprès des plus grandes références de la<br />

philosophie française 406 , je ne résiste pas à exprimer l'idée que sa vision s'oppose de manière assez<br />

évidente à celle de Cousin. Dans son Cours d 'histoire de la philosophie morale au dix-huitième siècle,<br />

celui-ci ne fait-il pas, en plus d'une apologie de la méthode inductive en philosophie comme en science<br />

physique, une lecture tout autre de la philosophie européenne, alors contemporaine ou à peu près?<br />

C'est pour lui, justement du fait de l'émergence de philosophies nationales, que l'on pourrait dire<br />

isolées dans le propre de leur langue, et parce qu'elles s'attachent de manière privilégiée à l'un ou<br />

l'autre des quatre systèmes principaux 407 qu'il identifie, qu'elles constituent ensemble, dans leurs<br />

divergences en fait, une philosophie vraiment européenne. On voit ainsi poindre un débat qui fait<br />

405 Friedrich W.J. von Schelling, Jugemefll de M. de Schelling sur la philosophie de M. Cousin, trad. Joseph<br />

Willm, Paris, Levrault, 1835.<br />

406 On pourrait d'ailleurs perfidement penser que son poste d'inspecteur d'académie pouvait inciter à une cel1aine<br />

révérence en faveur de celui qui était, au-delà du philosophe, un supérieur éminent dans une administration qui se<br />

constituait.<br />

407 « Messieurs, l'analyse de l'esprit humain nous a démontré que dans son développement naturel il aboutit et ne<br />

peut pas ne pas aboutir à quatre points de vue fondamentaux qui le mesurent et le représentent tout entier. Ces<br />

quatre points de vue, dans leur expression scientifique, donnent quatre systèmes élémentaires, savoir le<br />

sensualisme, l'idéalisme, le scepticisme, et le mysticisme. Or, comme l'histoire de la philosophie n'est et ne peut<br />

être autre chose que la manifestation de l'esprit humain dans le temps, il implique qu'il n'y ait point dans l'histoire<br />

tout ce qui est dans ['esprit humain, et qu'il y ait dans l'histoire plus qu'il y a dans l'esprit humain; aussi,<br />

d'avance, n'avons-nous pas craint d'affirmer que l'histoire de la philosophie, dans toutes ses époques, ne pouvait<br />

donner autre chose que ces quatre systèmes}). Victor Cousin, Cours d'hisLOire de la philosophie morale au dixhuitième<br />

siècle... , Paris, Pichon et Didier, [829, 13< leçon, p. 1-2.

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