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IMG - Archipel - UQAM

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présupposé n'est pas sans signification car notre interrogation esthétique, même déceptive, ne serait<br />

pas mise en branle s'il n'y avait justement un amont. Cela tient peut-être au fait que notre curiosité a<br />

été progressivement aiguisée par les multiples déclinaisons utilitaires et ludiques de ces technologies<br />

qui ne lassent pas de nous surprendre et de solliciter notre appropriation, ne serait-ce que<br />

consommatrice. C'est également parce que les lieux qui accueillent et promeuvent ces travaux relèvent<br />

eux aussi du « site de l'esthétique}) dont parle Anne Cauque lin ou de son institutionnalisation. On<br />

pourrait enfin être suivre Catherine Millet qui nous dit que le doute quant à leur nature s'impose en<br />

raison inverse de l'intérêt (à tous les sens ce terme) qu'ils suscitent. Elle reprend à son tour l'image<br />

358<br />

d'un jeu dont on recherche les règles. « Ce sont elles [... ] qui intriguent le plus le grand public. La<br />

production artistique lui apparaît si anarchique qu'il s'interroge légitimement sur les critères en<br />

fonction desquels une hiérarchie de valeurs est établie. Dans la définition de ces règles, les institutions<br />

ont une responsabilité considérable. Leur multiplication n'a en rien entamé leur pouvoir de<br />

reconnaissance et même de sacralisation. Elle en a simplement accéléré le processus 1132 ». Avec<br />

l'évidence d'un détachement cynique, elle nous dit aussi que les valeurs dont on parle sont banalement<br />

commerciales dans l' « étroite collaboration des deux instances, institutions publiques et marché privé<br />

[qui] est en grande partie responsable d'une inflation. Plus tôt cette reconnaissance par l'institution<br />

aura lieu, plus vite elle justifiera les prix montés par le marché, et plus vite l'institution se verra dans<br />

l'obligation d'acquérir avant que les prix ne soient encore plus élevés 1133 ». À sa suite encore, on en<br />

arrive à penser que cette valeur marchande supplée à ['ouverture totale, voire l'inexistence de 1'œuvre<br />

à laquelle le spectateur a dû s'habituer. « Cent ans après la mort de Manet, ne sommes-nous pas<br />

habilités à prendre acte, si ce n'est, comme avec les avant-gardes iconoclastes, de la "destruction" de<br />

l'œuvre d'art, du moins de son "absence". Et les foules qui riaient devant l'Olympia, foules maintenant<br />

converties au culte de l'art moderne, ne se montrent-t-elles pas d'autant plus empressées que leur<br />

masse compacte vient dissimuler cette absence 7 1134 »<br />

Je ne manque pas non plus de relever que Eco lui-même a peut-être pris du recul par rapport à<br />

son Opera Aperta. À moins de postuler une disjonction totale entre le sémiologue et le romancier, ses<br />

œuvres romanesques ultérieures me semblent relever d'une toute autre philosophie de la création et je<br />

la qualifierais d'infiniment plus traditionnelle. Poursuivant sa présentation de l'ouvrage de Nicolas<br />

SchOffer, Philippe Sers analyse ce « nouvel esprit artistique» en notant que « si le nouvel art est<br />

"ouvert", il est aussi synthétique, ou plus exactement total. Car il ne s'agit pas seulement d'opérer la<br />

synthèse des arts, c'est-à-dire la fusion des formes plastiques codifiées, mais de parvenir à une<br />

1132 Catherine Millet, L'art contemporain en France, op. Clt., p.3U 1.<br />

1133 Idem.<br />

1134 Ibid., p.302.

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