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IMG - Archipel - UQAM

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important que la grammaire, porte conune un préalable agissant. C'est déjà un regard sur le monde<br />

nourri de multiples héritages et en tant que représentation première, en le disant, il nous permet de le<br />

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voir et donc de le concevoir. Ce qui amène à penser qu'à la maxime de Boileau, on pourrait ajouter la<br />

formule: et réciproquement.<br />

La morale, la philosophie, la science et aussi l'aIt sont nos moyens pour représenter et lire le<br />

monde. Originellement très proches, ils se sont et on les a progressivement différentiés. C'est d'ailleurs<br />

cette distance, de plus en plus radicale, qui engendre la dilution d'un moment synthétique, encore<br />

reconnu à l'art par Kant. Depuis, on n'envisage plus sa dimension symbolique que comme un deuil<br />

répondant à celui d'une appréhension, et donc d'une présence, proprement esthétique d'un monde de<br />

formes. Cependant, même si la question de la représentation du monde proposée par l'art devient<br />

secondaire, on se pose toujours celle de son caractère éventuellement anticipateur, notamment dans les<br />

modalités qu'elle adopte ou récuse. L'interrogation d'un éventuel message immédiat me paraît peu<br />

fertile puisque, serait-il effectivement anticipateur, il semble bien que nous soyons condamnés à ne le<br />

vérifier qu'a posteriori. Néanmoins, considérer ses évolutions s'avère plein d'enseignements. Comme<br />

le remarquait Erwin Panofsky!283, la construction de la perspective, à la Renaissance, associe tous les<br />

acteurs de la quête de connaissance. 11 est utile de relever ensuite, comme le fait Michel Freitag, que ce<br />

mode de représentation, et tout son arbitraire, qui se présente à nous le plus souvent comme une<br />

évidence, met au centre de son dispositif un regard. Celui d'un être humain qui est encore en chemin<br />

pour construire son autonomie. Alors, Francastel 1284 , débattant avec Panofsky sur la nature de cette<br />

subjectivité, identifie avec Freitag tout ce qui la lie au social et au civilisationnel comme une autre<br />

preuve de l'erreur foncière de l'opposition entre individualisme et holisme. Son propos est d'ailleurs<br />

publié dans un recueil de compilation dont le titre est éclairant puisqu'il s'agit d'Études de sociologie<br />

de l'art. Le même esprit oriente son étude de La destruction d'un espace plastique/ 285 qui traite de la<br />

remise en cause de la perspective en tant qu'espace et mode de représentation à partir de la dernière<br />

partie du XIX e siècle. Je l'ai déjà évoquée et je ne reviendrai donc pas en détail sur sa démonstration.<br />

Je relève pourtant que, pour lui, cette destruction se produisait concurremment à la construction d'un<br />

nouvel espace de représentation dont il était difficile d'identifier les modalités. Il précisait à la fin de<br />

son exposé que « dans une étude plus poussée sur l'évolution de l'espace plastique contemporain, il y<br />

aura lieu de faire une place à bien des problèmes. Les uns touchent au renouvellement du matériel<br />

1283 Erwin Panofsky, La perspeclive comme forme symbolique, trad. sous la dir. de Guy Ballangé, Paris, Éditions<br />

de Minuit, 1976.<br />

1284 Pierre Francastel, « Naissance d'un espace: mythes et géométrie au Quattrocento» [1951], Éludes de<br />

sociologie de l'arl, op. cil., p.134 sq.<br />

1285 Publié d'abord dans une version plus développée sous le titre Peinture et sociélé : naissance el destruclion<br />

d'un espace p!aslique de la Renaissance au cubisme, Paris, Lyon, Audin, 1951.

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