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IMG - Archipel - UQAM

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qui était celle de la société. Mais ensuite, le système va précisément s'en détacher par son autopoïèse<br />

autoréférentielle qui s'impose postfestum, abolissant alors non seulement ce lien mais l'histoire même<br />

qui l'accueille, le soutient et le contient, et qui en porte la signification. On peut de nouveau citer ici le<br />

jugemcnt dc Rcné Char, «notrc héritage n'est précédé par aucun tcstament », mais cn relevant qu'il est<br />

aussi lui-même devenu réversible car il y a bien encore un testament auquel l'art se réfère par son nom<br />

mais le système qu'il est devenu en a répudié l'héritage.<br />

373<br />

Baudrillard a participé à ce que j'ai appelé la querelle autour de la crise de l'art contemporain<br />

du milieu des années 1990. Il y a dans ses formules, quelques jugements à l'emporte-pièce qui ne<br />

trouveraient pas leur place dans un travail universitaire si ce n'est pour remarquer qu'il pouvait<br />

ressentir la nécessité ou l'urgence de les proférer. Il exprime en effet une inquiétude face à ce qu'il<br />

appelle une obscénité de l'art qui se manifeste par une profusion d'images qui se donnent à voir sans<br />

donner à choisir puisqu'elles ne se reconnaissent plus d'arrière-fond commun. Il faut donc en faire<br />

véritablement cas puisque c'est, une fois de plus, révélateur d'un processus de dissolution qui touche<br />

pareillement le politique, le moral et le philosophique en nous laissant face à ce que j'appellerais<br />

l'absolutisation du relatif, l'obligation de l'incertain et la profondeur de la superficialité, comme disait<br />

Warhol. Il faut même s'en inquiéter car ces constats ajoutent «à l'insignifiance propre de l'art le fait<br />

même qu'il ne soit pas le seul à être insignifiant l175 ». Pour lui, plutôt qu'une transfiguration de la<br />

banalité, comme le voudrait Oanto, l'art est son «métalangage l 176» dans un contexte d'indifférence<br />

généralisée, tant à l'égard du monde qu'à celui de l'art qui n'est même plus son reflet puisque l'on en<br />

viendrait à se demander lequel des deux a englouti l'autre. Il partage sur ce point le constat de<br />

Catherine Millet sur la tension iconoclaste de l'art moderne et contemporain mais il lui apporte une<br />

nuance de taille. Il reprend « les mots de Michaux, l'artiste est celui qui résiste de toutes ses forces à la<br />

pulsion fondamentale de ne pas laisser de traces. L'art est devenu iconoclaste. L'iconoclasme<br />

moderne ne consiste plus à briser les images, mais à fabriquer des images, une profusion d'image où il<br />

n y a rien à voir. Ce sont littéralement des images qui ne laissent pas de traces. Elles sont sans<br />

conséquences esthétiques à proprement parler. Mais, derrière chacune d'elle, quelque chose a disparu.<br />

C'est là leur secret, si elles en ont un, et c'est là le secret de la simulation. À l'horizon de la simulation,<br />

non seulement le monde réel a disparu, mais la question même de son existence n'a plus de sens. [...]<br />

L'image ne peut plus imaginer le réel, puisqu'elle est le réel, elle ne peut plus le transcender, le figurer,<br />

ni le rêver, puisqu'elle en est la réalité virtuelle l 177 ». Il faut alors relever le parallélisme de cette image<br />

avec celle de Catherine Millet constatant la disparition de l'art dissimulée par la foule des visiteurs<br />

1175 Jean Baudrillard, Le nouvel ordre esthétique, loc. cit., p.75.<br />

1176 Ibid. p.79.<br />

1177 Ibid., p.81.

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