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aspects et aux formes externes 706 ". [ ...] C'est ainsi que Beckett va aux extrémités de son art, dans<br />

Comment dire qui saisit d'effroi, comme seul le silence pouvait dire "l'inexistence du moi", [...] mais<br />

pas n'importe quel silence: un silence lourd des échos des œuvres qui précèdent, un silence qui permet<br />

d'« expier le premier instant 707 }}. C'est donc l'héritage du théâtre mais aussi de sa progressive<br />

244<br />

déconstruction formelle qui trouve ici une synthèse muette 708 qui fascine les auteurs. Certains parlent<br />

alors d'une « crise du texte théâtral [où la] primauté des "images scéniques", l'inflation du<br />

spectaculaire, voire d'un certain esthétisme gratuit de la représentation, a survalorisé le formel au<br />

détriment de la signification 709 H. S'inquiètant de « l'aphasie)} du théâtre le metteur en scène Alain<br />

Ollivier remarque que « maintenant, étourdie par ses exploits, la scène est comme sans voix 710 )}.<br />

« Mais ce sont aussi les formes qui sont en crise, car après les destructions de ''l'antithéâtre'' et<br />

notamment la table rase opérée par Beckett, qui reste une référence majeure dans l'univers actuel de la<br />

scène, la "pièce de théâtre" semble appartenir au passé 711 )}. Parallèlement, cette crise du texte de<br />

théâtre s'accompagne d'une apothéose du metteur en scène qui arrive comme une réponse à l'appel<br />

d'Artaud dans Le théâtre et son double 7l2 . Il faut enfin noter qu'avec la radicalisation de ce théâtre de<br />

metteurs en scène 7l3 , c'est à la radicalisation théâtrale de 1'« esthétique de l'implémentation}} que l'on<br />

assiste, comme dirait Nelson Goodman.<br />

Et il convient parallèlement de se demander si la coupure scène-salle qui s'est progressivement<br />

cristallisée ne voit pas son énergie se renverser car, au moment où la scène devient silencieuse, c'est la<br />

salle qui se fait bruissante. Encore qu'il se peut que son brouhaha ne soit que celui d'une querelle de<br />

clocher, polémique réservée aux experts du « système )} théâtral, car c'est un silence bien plus épais<br />

qui menace. Michel Freitag relève en effet « l'existence d'une dimension totalitaire extrêmement<br />

profonde dans la fOrme même de la mutation postmoderne, organisationnelle et systémique des<br />

706 René Daumal, « Après Rimbaud, la mort des arts)}, Le Grandjeu, n02, Paris, Éditions Jean-Michel Place, Coll.<br />

des réimpressions des revues d'avant-garde, p.l 03.<br />

707 Gavard-Perret, Jean-Paul, Beckell et la poésie: la disparition des images, Paris, Le manuscrit, 200 l, p.70-7l<br />

708 Elle fascine les auteurs et je ne citerai par exemple que la pièce intitulées Silence par Nathalie Sarraute, actrice<br />

majeure du « nouveau roman» français, en 1967. Ce même titre fut aussi choisi par le britannique Harold Pinter<br />

en 1968.<br />

709 Éliane Tonnet-Lacroix, La /illératurejrançaise etjrancophone de 1945 à l'an 2000, Paris, L'Harmattan, 2003,<br />

p.3l8.<br />

710 Jean-Pierre Thibaudat (dir.), Où va le théâtre, Paris, Hoëbeke, 1998, p.78-79.<br />

7J 1 Éliane Tonnet-Lacroix, La lillératurejrançaise et francophone de 1945 à l'an 2000, op. cit., p.3l8.<br />

7J2 Car, pour lui, « aussi longtemps que l'intérêt majeur d'une œuvre représentée résidera dans son texte, aussi<br />

longtemps qu'au théâtre - art de représentation -, la littérature prendra le pas sur la représentation appelée<br />

improprement spectacle avec tout ce que cette dénomination entraîne de péjoratif, d'accessoire, d'éphémère et<br />

d'extérieur )}. Antonin Artaud, Le théâtre et son double, Œuvres complètes, tA, Paris, Gallimard, 1964, p.126.<br />

7J3 Dans Écrits sur le théâtre (1.11, Paris, L'Arche, 1998, p.139), Michel Vinaver constate qu'au cours des années<br />

80, deux tiers des auteurs se considèrent comme hommes de théâtre plutôt que comme « écrivains », accordant<br />

ainsi plus d'importance au spectacle qu'au texte lui-même. Mais il est important de noter aussi qu'Olivier Py luimême<br />

est auteur de théâtre, tout comme nombre de ses confrères metteurs en scène.

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