26.06.2013 Views

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

sont également emportés. « L'époque moderne ayant renoncé à considérer les objets conune des<br />

250<br />

données fondamentales de la nature, a nécessairement changé sa conception des rapports entre le sujet<br />

et les objets aussi bien qu'entre les objets eux-mêmes 734 ». L'évolution va crescendo en cette fin du<br />

XIX" siècle et c'est donc pourquoi on assiste à ce que Francastel appelle une destruction de l'espace<br />

plastique liée à la construction de ce que l'on appelle maintenant « l'art moderne ». Il concentre sa<br />

réflexion sur les arts, et notamment la peinture, mais le constat me paraît plus général car ce qui est<br />

touché, c'est la conception même de la représentation, quelle que soit sa forme ou son mode de<br />

traduction.<br />

C'est « le double centrement de l'œuvre sur le sujet spectateur (auquel s'identifie le créateur), et<br />

sur le "sujet" thématique qui faisait l'objet de la représentation artistique 735 »qui constituait le cœur de<br />

l'esthétique de la modernité qui est remis en cause. L'œuvre, devenue concept isolé, s'enferme dans<br />

son « espace d'incommensurabilité» intransitif. « On tend ainsi à une nouvelle séparation de l'esprit et<br />

de la matière (ou de la « nature »), que l'art avait précisément reçu comme fin en même temps<br />

épistémique et sociale d'unifier dans la forme sensible. Et conune l'esprit ne se manifeste plus<br />

directement dans l'œuvre, ou qu'il ne s'y montre plus que de manière énigmatique, c'est par la<br />

provocation qu'il doit attirer sur lui l'attention avant de pouvoir se dévoiler dans "l'intention" de<br />

l'œuvre 736 ». Ce qui s'accomplit est en fait l'exacerbation ultime de la modernité qui s'exprime conune<br />

un « chant du cygne» car on ne peut nier que la rupture et la remise en cause sont en quelque sorte<br />

génétiquement inscrites dans sa dynamique. Pourtant le mouvement qu'elle entretient et décrit à la fois<br />

ne suppose pas avec évidence l'éclaircissement, et plus encore la clairvoyance de son but qui ne saurait<br />

se concevoir, modernité oblige, que comme une forme synthétique renouvelée. En ce sens, Nietzsche<br />

lui-même avec sa proposition d'un « éternel retour» ne s'écarte pas de cet espoir. On entre alors dans<br />

une période où vont s'accumuler les propositions novatrices dans une sorte de résurrection<br />

perpétuellement contrariée: conune celle d'un phénix qui n'en finirait pas de mourir. Car, conune<br />

l'identifie bien Francastel, ce qui est à l'œuvre depuis le romantisme, « c'est la substitution, au<br />

développement classique, qui coordonne toutes les parties en vue d'un effet d'ensemble - poussant en<br />

sonune à ses dernières limites la règles des unités -, du développement par épisode ou de la<br />

variation 737 ». Quand elle se fait, la synthèse ne se fait plus a priori mais a posteriori, dans une<br />

démarche dialectique qui demande souvent la pa11icipation directe du spectateur. On a vu, avec<br />

l'exemple de Nietzsche, que ceci est à l'œuvre dans l'écriture et que la thématique sera, dans ce<br />

7341bid., p.216-217 ainsi que la précédente.<br />

735 Michel Freitag, «La condition paradoxale de l'art dans la société post-moderne », IDe. cil., p.112.<br />

7361dem.<br />

737 Pierre Francastel, Études de sociologie de l'art, op. cil., p.198.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!