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IMG - Archipel - UQAM

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expositions pour compléter l'illustration de son point de vue. « Dislocations liO' et Désordres li02<br />

signifiaient donc, d'une part, qu'aucune localisation n'était assignée à l'artiste, ni spatio-culturelle, ni<br />

chronologique, ni symbolique. Les titres de ces expositions signifiaient d'autre part que, mobile,<br />

349<br />

l'œuvre en était plus que jamais dispersée. [...] La liste est longue des facteurs qui, produits par l'art<br />

de ce siècle et surtout par celui des trente dernières années, ou dus aux philosophies qui leur sont<br />

contemporaines, se sont conjugués pour aboutir au fait enregistré par ces expositions: l'atomisation du<br />

champ artistique comme des pratiques elles-mêmes llOJ ». Et en effet, l'inventaire est si imposant qu'on<br />

pourrait penser que tout participe à cette déshérence. L'auteure convoque le métissage des références<br />

culturelles, la liberté absolue du choix des matériaux et des techniques, l'esprit iconoclaste qui refuse<br />

les héritages, la dévalorisation de l'objet incarnant une idée, les incel1itudes psychologiques,<br />

J'inscription sociale de la création - notamment du fait de la commande publique - et aussi « la<br />

désagrégation des ciments idéologiques ». C'est donc bien un édifice qui est en train de s'effondrer ou<br />

peut-être l'est-il déjà? Car la sentence paraît lourde à lire que « cette situation autorise des démarches<br />

qui non seulement ne s'inscrivent plus dans la méta-forme d'une esthétique propre à un mouvement,<br />

mais dont on peut se demander si même elles résultent de la logique d'une pratique, si elles finissent<br />

par "faire" œuvre. Beaucoup d'installations (et l'installation est la forme - ou plutôt la non-forme ­<br />

qui domine ce qu'on voit, à l'heure actuelle, de la jeune création en France) ne donnent pas<br />

l'impression d'être régies par une loi propre l104 ».<br />

6.1.2 Une création devenue progressivement « iconoclaste»<br />

Comme elle le dit elle-même, l'auteure ne cesse de repérer dans cette histoire de l'art<br />

contemporain en France ce qui, insidieusement ou spectaculairement, grignote l'intégrité de l'œuvre<br />

d'art. Et puisqu'elle a d'emblée « annoncé l'iconoclastie », celle de l'art et non, ou non seulement, la<br />

sienne: il faut bien qu'elle « en arrive à une perspective eschatologique. Au bout du progrès en art, se<br />

trouve la disparition de l'art. La disparition de l'art dans le Grand Tout, social et cosmiquel10 5 ». On se<br />

sent alors insidieusement appelé à préciser que Catherine Millet demeure directrice de la rédaction<br />

d'une des revues françaises spécialisées les plus « branchées ». li y a donc dans ces constats qui sont<br />

argumentés, et même fortement, une dimension qui s'adresse certainement à elle-même. Mais on<br />

relève également sa formulation qui réfère immédiatement à une autre remarque de l'auteure,<br />

reprenant à ce moment là une clairvoyante et anticipatrice déclaration de André Chastel. Il constate en<br />

1101 Musée d'art moderne de New York, 1991.<br />

1102 Galerie nationale du Jeu de Paume, 1992.<br />

1J03 Catherine Millet, L'art contemporain en France, op. cit., p.3ü8.<br />

1104 Idem.<br />

1105 Ibid., pA8.

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