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IMG - Archipel - UQAM

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démarche scientifique positive consciente d'elle-même et qui fait de l'autonomie et de l'unité<br />

du monde naturelle fondement de toute connaissance objective 99 .<br />

Ces lectures situent la Renaissance, non pas en position de rupture révolutionnaire mais de<br />

fusion synthétique et de concrétisation explicite de tendances à l'œuvre depuis un certain temps et dans<br />

des espaces qui étaient parmi les plus favorisés de l'Europe médiévale. Francastel nous dit aussi que la<br />

perspective s'est lentement construite mais, une fois établie, concept et outil à la fois, elle sera au<br />

service d'une pensée curieuse qui interroge le monde plutôt que d'être soumise à l'émerveillement et à<br />

la peur. Le propos n'est pas seulement de refuser l'idée que tout puisse être et avoir été écrit à jamais<br />

par une raison supérieure qui ne peut être traduite que de manière symbolique. Il est suivi par un désir<br />

de voir et de comprendre dans lequel l'art a une place prééminente qui ne peut plus être celle qu'il<br />

occupait précédemment. L'espace de cette « représentation intuitive », au sens d'un « regard dans ce<br />

qui est lOO » et le statut reconnu à l'artiste qui est en train d'émerger, construisent en même temps un<br />

lieu pour la spéculation qui va s'émanciper de plus en plus de la religion au profit de ces autres figures<br />

de la modernité que sont les philosophes et les scientifiques par exemple. Il est dommage que cette<br />

reconnaissance de l'intuition comme une base essentielle de l'entendement du monde par l'être<br />

humain, qui met son imagination et son talent au service de la compréhension que suppose la<br />

représentation de et par l'art, soit si méconnue de nos jours. Elle faisait encorc le lien avec une<br />

appréhension esthétique originelle, ontologique. Ce procès de séparation, qui émancipe l'art et<br />

construit son concept moderne est donc oublieux. Il est aussi intrinsèquement rattaché à celui d'autres<br />

champs. C'est en effet, concurrenunent avec l'émergence du concept de « travail », dans le<br />

développement de la « dynamique autonomisée de la production marchande et du monde économique<br />

qui lui correspond que s'effectuera progressivement, comme Raymond Williams l'a bien montré, la<br />

séparation catégorique de l'art et du travail productif, aussi bien que celle de l'art et de l'engagement<br />

normatif purement subjectif (moral, éthique et politique) du sujet social 101 ». Naît alors, et<br />

progressivement se développe, ce que Michel Freitag appelle le double paradoxe, philosophique et<br />

sociologique, de l'art. S'identifiant d'une manière que je dirais volontiers formelle par rapport aux<br />

autres activités productives humaines, il se met en situation de concurrence avec les autres dimensions<br />

spéculatives qui émergent en parallèle. Le paradoxe philosophique de l'art tient dans l'orientation<br />

systématique, dans la modernité, vers l'expressivité subjective. C'est comme s'il oubliait<br />

progressivement l'unité du sujet et de l'objet mais cela se fait « à mesure que j'art doit abandonner à la<br />

science et au travail productif aussi bien la prétention à la connaissance du monde objectif que la<br />

99 Michel Freitag, Architecture et société, op. ci!., p.35-38.<br />

100 Jan Patocka, L'art et le temps, op. ci!., p.120.<br />

101 Michel Freitag, « La condition paradoxale de J'art dans la société post-moderne », loc. ci!., p.77-78.<br />

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