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IMG - Archipel - UQAM

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désorganise, crée et recrée - indéfiniment s'il veut. La partie temporelle de son action devient<br />

nettement prépondérante. La réussite dépend de la qualité rythmo-temporelle, prospective du<br />

créateur" 26 ». Cette perspective éclaire la « définition de l'art» que donne SchOffer au début de son<br />

ouvrage. « L'art, c'est la création-invention au niveau du mécanisme de la pensée et de l'imagination<br />

d'une idée originale à contenu traduisible en effets perceptibles par nos sens 1127 ». C'est la raison<br />

explicative de son raisonnement tellement articulé sur ce passage du conceptuel au perceptuel mais on<br />

est fondé à penser que le discours sur l'art prenant une place de plus en plus importante, voire majeure,<br />

356<br />

dans le système de l'art, un artiste tel que Schoffer reconvertit d'une certaine manière sa pratique pour<br />

pouvoir rester au premier plan. Dans son texte, le souci du devenir du monde, de l'horrune et aussi de<br />

1a société sont souvent lyriquement, voire mystiquement exprimés. Je ne peux pourtant manquer de<br />

relever qu'il y a peu de place dans tout cela pour une notion qui me semble essentielle pour faire une<br />

place réelle au spectateur: celle de l'entendement l128 . Différents éléments retiennent mon attention sur<br />

les dangers potentiels, et à mon sens avérés dorénavant, de cet oubli. Dans sa préface, c'est<br />

positivement que Philippe Sers relève que « 1'œuvre d'art, l'''objet'' artistique, n'est qu'un<br />

intermédiaire provisoire entre le prograrrune conçu par l'artiste, c'est-à-dire l'idée, et l'effet produit sur<br />

le spectateur, qui est un effet de fascination. [... ) Ces formes ouvertes sont une garantie contre la<br />

saturation et offrent en même temps la possibilité d'un art industrialisé et par là même rendu accessible<br />

à tous, socialisé l129 ». Je crois alors utile de poser tout d'abord la question du libre arbitre du spectateur<br />

dans un tel rapport et celle de la persistance possible d'une relation subjective à l'œuvre qui me paraît<br />

essentielle même si on peut penser qu'elle a pris trop d'importance depuis Kant. N'est-ce pas le constat<br />

de cette dimension « régressive» du rapport du public à l'œuvre du fait même de son pouvoir de<br />

fascination qui avait jeté Eisenstein dans le plus grand trouble? Et n'est-ce pas la raison de la mise en<br />

garde adornienne face à ces effets aliénants? Mais il n'y a dans cette présentation - naïve ou cynique<br />

- une revendication qui, même si elle exploite une rhétorique à dimension esthétique n'a plus rien à<br />

voir avec le propos de Benjamin par exemple. Il n'est plus lieu de s'interroger, on se situe déjà à ce<br />

moment dans l'évidence d'une relation dorénavant dominée par les besoins d'un système économique<br />

dématérialisé dans lequel la création a une place de choix exprimée encore, malgré l'obsolescence du<br />

terme, dans le cadre des industries culturelles et leurs dérivés communicationnelles. Alors, tout comme<br />

pour les « clients» de n'importe quel autre produit, les critiques, devenus experts en marketing<br />

artistique, peuvent gloser sur la fascination que doit exercer l'objet imposé plus qu'offert à la<br />

1126 Texte daté de J962, Ibid., p.124-l25.<br />

1127 Ibid., p.19.<br />

1128 Ou plutôt de la compréhension pour ne pas me situer dans les rétërences kantiennes de la connaissance<br />

scientifique.<br />

) 129 Philippe Sers, « Préface », Nicolas Schorfer, Le nouvel esprit artistique, op. cil., p.14.

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