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IMG - Archipel - UQAM

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incommensurable de la pratique et de l'expérience humaines - il est non seulement distinct, mais<br />

désormais formellement opposé à celui du «travail productif» - et sa radicale subjectivation,<br />

viennent en quelque sorte sceller cet abandon de l'unité ontologique du sujet et de l'objet dans<br />

l'expérience synthétique première de la réalité et de la vie sociale conunune où elle s'exprimait dans<br />

l'indissociation de l'individu et de la société, notamment à travers son statut. En d'autres termes, ni la<br />

pratique, ni l'expérience sensible ne témoignent plus d'une participation ontologique originelle au<br />

monde et à la société, réalisée à travers la sensibilité et le symbolique. La formation d'un discours<br />

philosophique - et donc universaliste - sur l'esthétique (chez Baumgarten, puis chez Kant, etc.),<br />

vient donc consacrer le mouvement social-historique de constitution de l'mt comme art puis de l'art<br />

pour l'art, de la Renaissance au classicisme pour s'épanouir finalement dans le romantisme. Mais ce<br />

que pose Michel Freitag, c'est qu'il n'est pas simplement la suite «logique» du même mouvement de<br />

refondation critique qui avait déjà assuré l'autonomie de la connaissance positive dans la science<br />

moderne et celle du sujet moral dans la refondation transcendantale du politique et du droit sur la<br />

132<br />

liberté individuelle. Elle ne représente pas simplement son extension ou sa prolongation, à travers la<br />

philosophie, dans le dernier domaine d'une expérience existentielle qui se laisserait naturellement<br />

découper selon les catégories du vrai, du juste et du beau, ainsi qu'elles avaient déjà été reconnues<br />

dans l'Antiquité.<br />

Le « reste» dont l'art va s'emparer sous la légitimation du discours esthétique, sous la forme du<br />

« beau », ce n'est pas une troisième palt ou une troisième dimension de la réalité permanente de notre<br />

rapport concret au monde et à autrui: c'est plutôt le vide laissé par la séparation des deux autres. Il<br />

s'alimente du souvenir ou de la nostalgie de l'unité perdue du vrai et du juste, des dimensions<br />

cognitive et normative et de leur essentielle interpénétration épistémologique et ontologique dans<br />

l'expérience existentielle de la réalité naturelle et sociale, car c'est à cette unité originelle que<br />

correspondait l'idée du bien, dans sa coïncidence avec celle de l'être JJ } et donc distincte du juste. Les<br />

catégories dissociées du vrai, du juste et du beau ne sont plus que des expressions abstraites et<br />

déracinées d'une synthèse originelle désormais rompue, et que le discours esthétique va tenter de<br />

recréer, mais seulement dans le domaine séparé de l'ait et du « bon goût », où, précisément, elle ne<br />

possédera plus qu'un caractère subjectif et imaginaire. « Ce dont témoigne donc l'art pour l'art, et le<br />

discours esthétique qui le soutient et le justifie, c'est en somme de la perte de la réalité, et de l'unité<br />

transcendantale du sujet et de l'objet qui la fondait. Cela signifie que la double "découverte" moderne<br />

pratiquement à la vie sociale et politique. Or ce sont précisément les arts, au sens moderne large incluant la<br />

littérature, qui ont représenté la substance même à laquelle se référait cette formation humaniste de l'homme<br />

modeme.<br />

JJ2 Voir Platon et Aristote, sans parler des Présocratiques.

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