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IMG - Archipel - UQAM

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occasionna bien des déboires au moment du crack de l'Union Générale en 1882. Ils furent encore plus<br />

grands pour les peintres qu'il ne pouvait plus financer régulièrement et qui étaient pris dans le<br />

tourbillon de la chute des cours. Lui, pourtant, put assez rapidement se remettre au développement de<br />

son négoce et partir à la conquête de nouvelles places. Il faut néanmoins se garder de ne conserver de<br />

ces relations qu'une vision seulement intéressée. Si c'était en partie le cas, c'était au moins réciproque<br />

263<br />

et les marchands les plus célèbres furent également de véritables découvreurs, des amateurs réels et<br />

créèrent souvent des liens tout autres que financiers. Au double bénéfice de leurs propres activités et de<br />

la réputation de leurs protégés, ils vont créer de nombreuses formules qui nous paraissent maintenant<br />

des évidences. La première d'entre-elles est bien sûr l'exposition temporaire qui est une présentation<br />

articulée et raisonnée, nantie parfois d'un catalogue, mise en place et publicisée, qui permet de<br />

renouveler l'actualité et la renommée d'un artiste, voire d'organiser sa découverte. C'est alors que l'on<br />

peut vraiment parler de galerie et du métier qui l'accompagne: celui de galeriste, dénomination qui<br />

prendra de plus en plus le pas sur celle de marchand d'art. La galerie suppose un accrochage, voire une<br />

scénographie, et elle est ouverte gratuitement à la visite d'amateurs qui ne sont pas que des clients<br />

potentiels. Elles deviendront progressivement des attributs notoires de toute grande ville où la<br />

consommation se doit d'être aussi culturelle 781<br />

Parmi les initiatives innovantes et courageuses de ces marchands d'art, il y a également<br />

l'édition et on peut d'abord parler des estampes. En 1898, Pierre Bonnard, Ker-Xavier Roussel et<br />

Édouard Vuillard exécutent à la demande d'Ambroise Vollard 782 des lithographies en couleurs. Une<br />

telle initiative est intéressante à plus d'un titre puisqu'elle permet de diffuser la connaissance des<br />

artistes, de produire des œuvres financièrement plus accessibles et aussi de renouveler l'esprit de la<br />

gravure. À partir de ce moment là, elle redevient un support authentique pour la création et ne se<br />

contente plus d'être une variation autour d'une œuvre de référence réalisée sur un autre support. Ici<br />

781 Je ne résiste pas à l'évocation d'une transposition progressive de celle dynamique dans un phénomène de<br />

vulgarisation qui est propre aux pratiques artistiques depuis cette époque. En effet, si on peut douter que la relation<br />

du grand public à la création la plus novatrice se soit resserrée, on ne peut nier la transposition des pratiques. La<br />

scène de la me devient alors progressivement lieu de déambulations consuméristes où l'on commence par « lécher<br />

les vitrines» où sont exposées les marchandises offertes à la vente. Ces présentations seront de plus en plus<br />

sophistiquées et les étalagistes appartiendront bientôt aux professions des arts décoratifs. Puis leur talent se<br />

mobilisera, avec celui des architectes d'intérieur, pour concevoir des boutiques où les produits seront exposés au<br />

désir de clients, redevenus des chalands. La logique de la galerie, de sa déambulation, rejoint alors celle des<br />

grands magasins créés à la même époque par d'autres entrepreneurs tels que le célèbre Aristide Boucicaut qui<br />

fonda le « Bon Marché» en 1852 (et l'on pourrait à nouveau citer Zola). Utilisant les moyens de présentation et de<br />

promotion de l'art, la consommation aura tôt fait de devenir selon la formule courante: un nouvel art de vivre.<br />

782 Ambroise Vollard (1866-1939) est né à Saint-Denis de la Réunion et c'est en 1885 qu'il quille l'île pour<br />

Montpellier puis Paris, afin d'y faire son droit. JI n'achèvera jamais son doctorat mais il se découvre une passion<br />

pour l'art et il se décide à fonder une galerie qu'il installe tout à côté de l'Hôtel Drouot en 1893. Parmi les artistes<br />

qu'il présente, il y a notamment Paul Gauguin, puis Henri Matisse. En 1901, c'est lui qui organisa la première<br />

exposition des œuvres de Picasso. Voir notamment son autobiographie: Souvenirs d'un marchand de tableaux,<br />

éd. rev. et aug., Paris, Albin-Michel, 1959.

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