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transaction qui est donc financière. La valeur artistique des œuvres n'est quasiment plus débattue, elle<br />

est notamment fondée sur la signature car on est ici « dans la cour des grands », parmi les « poids<br />

lourds» et qu'à tout prendre, il s'agit bien d'un « championnat du monde ». Le questionnement<br />

adressé aux organisateurs de la vente interroge plus les expe11s du marché que ceux de l'art ou de<br />

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l'œuvre de l'artiste. Il concerne la stabilité de ce marché, sa capacité de croissance, ce qui veut dire et<br />

personne ne s'y trompe, la garantie des profits spéculatifs qu'il suppose. Le montant de la transaction<br />

n'est donc plus, au contraire, le lieu du secret professionnel mais c'est sur l'identité de l'acquéreur que,<br />

sauf exception, celui-ci se focalise dorénavant.<br />

Ces orientations deviennent primordiales dans le contexte et touchent tous les acteurs, y<br />

compris pour l'art de création récente qu'il devient de plus en plus difficile de nommer. En effet, à<br />

mesure que se succédaient les révolutions esthétiques, se dévaluait le caractère novateur de celles qui<br />

les avaient précédées. Tous les attributs consacrant les genres étaient entraînés avec ces dévaluations et<br />

c'est à un irrémédiable et de plus en plus rapide phénomène d'usure des références et des mots pour les<br />

qualifier que l'on assistait. La notion d'avant-garde, à force de successions haletantes, a fini par<br />

s'essouffler, entraînant avec elle celle d'art moderne. « Le terme contemporain, enjeu majeur et en<br />

permanente réévaluation de la concurrence artistique internationale, s'est imposé au cours des années<br />

80 852 ». Cette définition est celle d'une sociologue qui a consacré de nombreux travaux à ces questions<br />

et on peut admettre que son approche du sujet, celle d'une analyse en terme de marché, puisse paraître<br />

réductrice pour certains. Cette perspective ne saurait seule rendre compte de ses différents enjeux mais<br />

elle est pourtant devenue essentielle dans domaine des arts plastiques. Ce type d'études, leurs<br />

perspectives de traitement, leur vocabulaire même sont révélateurs de cette consécration déterminée<br />

par une concurrence internationale tout autre que celle qui pouvait sous-tendre l'évolution d'après­<br />

guerre. Il n'est plus ici question de rivalité de foyers créatifs, de nations ou d'influences politiques, elle<br />

est d'abord commerciale, même si le produit concerné a encore un statut particulier. Tous les acteurs<br />

sont maintenant impliqués dans cette définition particulière de la valeur. Chacun y a sa place, chacun y<br />

a son rôle dans un mode de fonctionnement qui s'oppose même à l'idée classique du marché et cela me<br />

permet de penser que l'on est en droit de parler maintenant d'un «système de l'art» au sens que lui<br />

donne Michel Freitag. « Ces nouveaux entrepreneurs, dont Leo Castelli a été, aux Etats-Unis, la figure<br />

emblématique, ne se situent plus à contre-courant des institutions culturelles qui se sont ajustées à une<br />

esthétique de la contemporanéité, et ils disposent de nouvelles clientèles largement soumises à<br />

l'opinion des spécialistes. [... ) À chaque moment, dans un champ al1istique dépourvu d'une esthétique<br />

normative, plusieurs choix sont en effet possibles et la régulation s'opère à travers des conflits entre les<br />

852 Raymonde Moulin, Le marché de l'art. op. cil., p.29.

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