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IMG - Archipel - UQAM

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pour le philosophe, relève du sacré et qu'il doit être un modèle pour la science, et j'oserais ajouter; et<br />

non le contraire! Évoquant par ailleurs l'infini et le « tout », il donne ainsi un autre nom à Dieu et on<br />

peut effectivement parler, comme beaucoup l'on fait, du panthéisme schellingien et romantique.<br />

J'ajoute pourtant que ce qui nous est aussi proposé met en évidence qu'il ne peut se matérialiser, si<br />

j'ose dire, que par la conscience du sujet et la représentation qu'il se fait du monde, notamment celle<br />

que lui propose l'art comme produit de l'intuition symbolique.<br />

161<br />

On se demande alors quelle est la faculté - conune dirait Kant - qui permet une telle<br />

production du symbolique. Schelling, à la suite de Kant mais dans sa propre théorie, la nomme<br />

Einbildungskraft et on a l'habitude de traduire l'expression par le mot français imagination qui me<br />

semble insuffisant pour épuiser la proposition originale. Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy<br />

parlent d'imagination transcendantale et sont alors fidèles aux sources schelJingiennes. Si je ne suis pas<br />

en plein accord avec cette traduction qui me semble toujours réductrice, j'adhère mieux à leur<br />

définition qui en fait une « fonction qui doit former (bi/den) l'unité et qui doit la former comme Bild,<br />

comme représentation et tableau 419 ». Elle concerne aussi le sujet et c'est ce que Diana Andrasi précise<br />

en disant qu'elle est « la force substantielle (donnant substance au sujet) qui saisit tout moment de<br />

l'image 420 ». La question n'intéresse pas que le linguiste ou le comparatiste, elle concerne au premier<br />

chef la différence culturelle car, même relevant d'une unique philosophie, la distance entre les pensées<br />

tient aux langues qui les portent. Pour appréhender cette Einbildungskraft dans toute son amplitude,<br />

dans le croisement des sens que provoque directement sa composition, et pour espérer percer<br />

l'implicite qui le fait intuitivement comprendre à quelqu'un dont l'allemand est la langue maternelle, il<br />

faut faire un petit détour. Il passe notamment par la mémoire de la pensée des mystiques rhénans et<br />

notamment la spéculation eckhartienne sur le Bild sur la base du verset biblique qui dit que l'homme a<br />

été créé « à l'image et à la ressemblance de Dieu 421 ». Depuis ces prémisses, le verbe bilden, et son<br />

composé einbilden, ont donc conservé l'idée de laisser dans l'âme une empreinte, intériorisation de la<br />

« source vive» de l'image première. Pour Kant, si l'on peut sentir des rémanences de cette<br />

signification, il entend /'Einbildung au sens d'une unification. Une simple phrase extraite de la<br />

première édition de la Déduction transcendantale de la Critique de la raison pure: « Die<br />

Einbildungskraft soli [...] das Mannigfaltige der Anschauung in ein Bild bringen », pourrait illustrer la<br />

complexité de l'idée tout autant que la difficulté qu'il y a de la traduire en français. En jouant Sur<br />

l'organisation des notions qui constituent les mots composés, on se sent un peu dans la peau du<br />

419 Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy, L'absolu littéraire. Théorie de la lillérature du romantisme<br />

allemand, Paris, Editions du Seuil, 1978, p.43.<br />

420 Diana Andrasi, L'image de la pensée. L'image, « la minute la plus orgueilleuse de l 'histoire universelle »,<br />

Trans, n02,juin 2006, disponible à J'adresse suivante: http://trans.univ-paris3.fr/<strong>IMG</strong>/pdf/pensee-andrasi.pdf<br />

421 Genèse, J, 26-27.

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