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découvrait qu'il pouvait aVOir, lui aussi, une tradition (un livre du cntlque américain Harold<br />

Rosenberg, traduit en 1962 en français, s'intitulait La tradition du nouveau I096 ). On ne se fit plus la<br />

guerre, on livra un match, dans le respect de certaines règles et la conscience de "où s'arrêter pour ne<br />

pas aller trop loin". Aussi l'historien qui entame les toutes dernières décelUlies ne rapporte-t-il plus<br />

beaucoup de péripéties extraordinaires à son lecteur. En revanche, il peut entraîner celui-ci dans une<br />

348<br />

analyse des relations subtiles - et quelques fois perverses - qui désormais sont celles de l'art et de la<br />

société l097 ». Je reviendrai ensuite sur celtaines dimensions de cette analyse mais je voudrais d'abord<br />

aller vers la conclusion de cet ouvrage. Catherine Millet nous raconte que, alors qu'elle achève de<br />

l'écrire, elle reçoit un communiqué de presse dont la lecture « l'amuse». Il lui apprend «que L'art et<br />

son double (c'est le titre de l'exposition) « se caractérise par sa volonté d'approfondir]a question de la<br />

"mort de l'art" et les arts successifs qu'engendre cette crise historique, dont se nourrit la créativité<br />

artistique actuelle I098 ». Elle s'amuse donc à se poser la question de savoir si l'a11 serait « devenu<br />

nécrophage et, qui plus est, autonécrophage 7 1099 ». Il est vrai que de telles propositions peuvent avoir<br />

un côté amusant et que cela donnerait une idée du statut du sujet autour duquel elles s'agitent. Il est<br />

aussi vrai que ladite mort de l'art provient surtout d'une interprétation rapide et restrictive de la pensée<br />

hégélienne et qu'elle se présente depuis comme une interrogation permanente et vitale: horizon ou<br />

point de fuite d'une perspective reniée ainsi que l'analyse Francastel. Qu'on ne puisse ou qu'on ne<br />

sache déclarer ce décès et dOlUler un permis d'inhumation importe peu mais il est important de noter,<br />

comme le fait Catherine Millet que cette nécrophagie n'est pas ou pas seulement le fait des artistes.<br />

« La différence entre l'époque dadaïste et aujourd'hui, à preuve les organismes responsables de ces<br />

expositions, c'est qu'aujourd'hui la mort de l'art est institutionnalisée; elle est gérée lloo ». Et je<br />

pousserais un peu plus loin l'amusement car ce n'est pas un caractère nécrophage que je vois dans<br />

cette investigation sous forme d'exposition mais un caractère spirite. Et ce sont des conservateurs,<br />

scénographes, grands ordonnateurs de ces nouveaux rituels qui sont eux même devenus artistes par<br />

leur grâce. Mais ne sont-ils pas justement indispensables pour présenter de manière « synthétique» et<br />

« cohérente» ce qui n'y prétend plus ou ne peut plus y prétendre - du moins dans la forme d'un<br />

discours expert, c'est-à-dire bien informé, de l'intérieur, sur le mode de fonctionnement propre du<br />

système 7 C'est alors ce discours-expelt dont l'art fait l'objet qui lui tient lieu d'unité, et peut-être<br />

même d'existence spécifique. Par ailleurs, Catherine Millet choisit l'exemple de deux autres<br />

1096 Éditions de Minuit, 1962. Le livre avait paru à New York en 1959 sous le titre The Tradition o/the New.<br />

1097 Catherine Millet, L 'orl contemporain en France, Paris, Flammarion, 1994, p.7-8.<br />

1098 L'exposition a eu lieu au Centre culturel de la fondation Caixa des pensions, Barcelone, 1986. Note de<br />

l'auteure.<br />

1099 Catherine Millet, L 'arl contemporain en France, op. cil., p.299.<br />

1100 Idem.

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