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d'officiers ministériels 774 Il y eut d'abord une sorte d'alliance entre des partenaires intéressés, puis la<br />

loi du 28 avril 1816 vint réglementer les pratiques, au bénéfice des charges des nouveaux<br />

commissaires-priseurs. Les ventes échappèrent donc aux marchands d'art mais il faut noter qu'il y<br />

avait une sorte de partage du marché. Si l'art ancien concernait les deux professions, il en allait<br />

autrement pour les œuvres récentes. Leur négoce était d'abord le fait des marchands dont certains se<br />

constituent en quasi-agents d'artistes, tout comme on voit se structurer à même époque une catégorie<br />

d'auxiliaires essentiels auprès des musiciens: les imprésarios. Selon la perspective des commentateurs,<br />

on présentera ces commerçants très particuliers, comme dévoués à un sacerdoce ou comme de vrais<br />

entrepreneurs, conformes au modèle de Schumpeter 775 . Toujours est-il que, quelle qu'en soit la raison,<br />

la nature de leur activité relève avant tout, à la fin du XIX e siècle et pour les formes avant-gardistes, de<br />

celle du « preneur de risques, bailleur de fonds, organisateur et innovateur 776 ». On en vient alors à se<br />

demander lequel des différents acteurs de ce champ ne trouverait pas d'abord sa légitimité dans<br />

l'innovation. Mais il convient aussi de noter que les raisons en sont particulièrement variées, parfois<br />

ambiguës pour ne pas dire contradictoires et pourtant irréductiblement associées. Les modèles ­<br />

économique, politique, institutionnel, communicationnel, artistique - confluent explicitement à cette<br />

époque. Il serait faux de considérer que ces interactions sont totalement nouvelles mais on ne peut<br />

s'empêcher de remarquer qu'elles se structurent alors de plus en plus fermement. Cela se produit dans<br />

une interdépendance qui pourra amener à se poser la question de l'influence première de l'un ou<br />

l'autre de ces agents, tous aussi essentiels à l'équilibre du marché en train de se construire. Quand ils<br />

laissent des témoignages, ces « marchands-entrepreneurs» se présentent d'abord comme des<br />

découvreurs de talents et il est vrai que leur relation avec les artistes est souvent bien plus que<br />

commerciale. Ils sont amis et confidents, conseillers et médiateurs, mais ils soutiennent SUltout et<br />

encadrent, parfois avec un peu de paternalisme, des relations de confiance marquées aussi par une<br />

certaine dépendance. Ces personnages sont aussi des investisseurs qui capitalisent sur l'originalité et la<br />

qualité d'œuvres novatrices. Leur talent propre est multiple: ils doivent savoir identifier le talent, le<br />

valoriser, cibler et capter une clientèle, mais aussi gérer les différentes immobilisations. Paul Durand­<br />

Ruel (1831-1922)777 est l'un de ceux-là et c'est en 1862 qu'il reprend le commerce paternel qu'il ne<br />

serait pas juste de qualifier de galerie. Son père avait déjà constitué un fond intéressant mais il faut<br />

l'entretenir dans la nouveauté pour renouveler l'intérêt et le présenter. Les artistes ont également<br />

774 En 1254, une ordonnance de Louis IX installe les « sergents à verges et à cheval », remplacés par les « maîtres<br />

?riseurs vendeurs» du fait d'un édit de Henri JI qui en fait des officiers ministériels en 1552.<br />

75 Raymonde Moulin, Le marché de l'art. Mondialisation et nouvelles technologies. Paris, Flammarion, coll.<br />

« Dominos », 2000, p.30.<br />

776 Idem.<br />

777 Voir notamment Pierre Assouline, Grâces lui soient rendues Paul Durand-Ruel, le marchand des<br />

impressionnistes, Paris, Plon, 2002.<br />

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