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IMG - Archipel - UQAM

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forcément dépassé depuis. Mais ce que nous dit Hegel c'est que c'est le sens de l'histoire qui trouve<br />

son achèvement. Nous vient alors l'idée de la fin de l'histoire au sens d'un tracé linéaire reliant A à Z<br />

dans la continuité d'un chemin qui anticipe sa fin même et n'est-ce pas de telles représentations qui<br />

nous été proposées il n'y a pas si longtemps? Pourtant il me semble que c'est se tromper sur la<br />

représentation que nous offre Hegel. Il nous parle en effet d'un sens de l'histoire dont on pourrait<br />

d'abord dire que son image est dynamique, c'est donc un mouvement et il est circulaire; ce qui veut<br />

dire que Z rejoint A. Selon Hegel, la pensée est identique à l'être, au réel, mais elle n'atteint cette<br />

vérité, c'est-à-dire cette identité, qu'à la fin d'un cheminement. Cela suppose que l'esprit, qu'il ne faut<br />

justement pas confondre avec la pensée, aille à la rencontre d'un monde qui est son propre résultat<br />

mais qu'il ne peut connaître s'il n'en fait pas l'expérience. C'est là le plein exercice de la liberté<br />

véritable qui SOIt du tout, de l'absolu et du monde, pour mieux y revenir par sa propre force. C'est pour<br />

cela, et je dirais seulement pour cela, que le réel est rationnel et que le rationnel est réel. « Car la<br />

pensée est le général, l'espèce qui ne meurt pas, qui demeure semblable à elle-même. La forme<br />

déterminée de l'esprit ne passe pas seulement naturellement dans le temps, mais se résout dans<br />

l'activité spontanée et consciente de la conscience. Comme cette résolution est activité de l'esprit, elle<br />

174<br />

est conservation et transfiguration en même temps. Ainsi, tandis que l'esprit résout d'une part<br />

(aujhebt) la réalité, la consistance de ce qu'il est, il gagne du même coup j'essence, la pensée,<br />

l'élément général de ce qu'il était uniquement. Son principe n'est plus ce contenu et cette fin<br />

immédiats tels qu'ils étaient mais leur essence 469 ». Considérer cette organisation comme une forme<br />

figée dans son mouvement essentiel serait une erreur. Sa stabilité n'est qu'une impression provoquée<br />

par le recul et le surplomb dans lequel se place l'auteur. Ce mouvement, continuellement actualisé,<br />

porte « l'agitation et l'inquiétude absolue du devenir». 11 n'y a pas de sérénité et il « exige la plus<br />

grande force», celle qui permet d'affronter la mort comme autant de passages nécessaires, de<br />

demeurer « vie de l'esprit» et de se retrouver « dans l'absolu déchirement 470 » et son dépassement. Je<br />

peux alors avouer mon propre « tremblement» à la découverte de cette œuvre et si j'emploie ce mot,<br />

c'est qu'il est utilisé par Hegel lui-même. Ce tremblement peut être celui qu'on ressent à affronter plus<br />

grand que soi ou quasiment physique du fait de cette confrontation au souffle impérieux de ce qui peut<br />

apparaître comme une bise de l'esprit mais il est aussi l'ébranlement qui s'empare de l'être qui se sent<br />

bouger. Il n'est pas que le statut accordé à l'œuvre - les critiques virulentes en sont même des<br />

confirmations a contrario - qui impressionne. Sa masse, son organisation interne, sa logique qui<br />

associe étroitement, évidemment et volontairement toutes ses parties, créent ce que l'on appelle ce<br />

système hégélien qui me paraît un flux irrépressible auquel on répugne instinctivement à se livrer aussi<br />

469 Hegel, G.W.f., Leçons sur la philosophie de l'histoire, trad. Jean Gibelin, Paris, Vrin, 1979, p.65.<br />

470 Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La phénoménologie de l'esprit, voU, trad. Jean Hyppolite, Aubier, 1939,<br />

vol. l, p. J28, ainsi que pour les précédentes.

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