26.06.2013 Views

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

IMG - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

5.3.2 L'UNESCO: consécration des confusions<br />

330<br />

Le préambule de la convention qui crée l'UNESCO, adoptée à Londres le 16 novembre 1945,<br />

est significatif. Il précise « que, les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans<br />

l'esprit des hommes que doivent être éle.vées les défenses de la paix. [... ] Qu'une paix fondée sur les<br />

seuls accords économiques et politiques des gouvernements ne saurait entraîner l'adhésion unanime,<br />

durable et sincère des peuples et que, par conséquent, cette paix doit être établie sur le fondement de la<br />

solidarité intellectuelle et morale de l'humanité. [...] En conséquence, ils créent par les présentes<br />

l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture afin d'atteindre<br />

graduellement, par la coopération des nations du monde dans les domaines de l'éducation, de la<br />

science et de la culture, les buts de paix internationale et de prospérité commune de l'humanité en vue<br />

desquels l'Organisation des Nations Unies a été constituée, et que sa Charte proclame ». Comme on le<br />

voit, il s'agit bien d'une mission essentielle et on pourrait naïvement se questionner sur la raison pour<br />

laquelle elle n'est pas première parmi celles qui sont dévolues à l'ONU. Au nom de cet enjeu, on serait<br />

prêt à admettre un certain laxisme définitoire pourvu qu'il profite à l'expansion du bien commun. Et<br />

c'est également ce que l'on pourrait penser de l'évolution de la stratégie de l'institution ministérielle<br />

française. Peut-on seulement envisager, en fonction des mêmes valeurs, de récuser l'objectif d'un<br />

combat contre l'élitisme exclusif de la « haute culture»? Pourtant, ne faut-il pas redouter que ce<br />

combat, démocratique et non plus populaire au sens qu'avait l'éducation du même nom, se gagne au<br />

prix de l'abandon d'une ouverture de la dimension proprement esthétique et/ou artistique de la culture<br />

au-delà du cercle des gens « cultivés» au sens le plus restrictif de cet adjectif? La question qui me<br />

paraît enfin se poser tient au fait que l'on en vient, toujours et une fois de plus, à instrumentaliser l'art<br />

et la création artistique, à l'utiliser à des fins qui lui sont associées mais qui finissent par le submerger.<br />

On le voit, il y a des liens forts entre les différents aspects de la mission dévolue à l'UNESCO dès sa<br />

création et cela aura bien des incidences. L'organisation internationale porte et encourage de multiples<br />

réflexions thématiques, notamment sous la forme de conférences internationales créant d'aussi<br />

nombreux débats sur leur portée directe. Mais on est en droit de se demander ce que peut une<br />

institution internationale dont le budget annuel représente encore « deux fois moins que celui de la<br />

seule université de Toronto» et le quart de celui de l'UNICEF J039 . Malgré ces limites, en suivant<br />

l'évolution des déclarations issues de ces rencontres, on peut relever quelques changements subtils<br />

dans les discours traduisant des mutations dans la réflexion autour de ces questions et de leurs liens.<br />

1039 Si donc on prend en considération ce navrant constat, on doit aussi noter que, les contributions des États<br />

membres se définissant en proportion de leurs ressources nationales, certains pays peuvent exercer des pressions,<br />

voire des menaces, qui sont loin d'être sans impact. Voir à ce sujet: Jean-Michel Djian, « Un laboratoire<br />

dévitalisé », Le Monde diplomatique, octobre 2005, p.26 ainsi que son livre La politique culturelle, la fin d'un<br />

mythe, Paris, Gallimard, 2005.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!