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IMG - Archipel - UQAM

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éflexions sur la place de l'individu dans le monde et sa possibilité d'accéder à la connaissance. En ce<br />

sens, la perspective n'est pas une résultante mais participe pleinement à un mouvement d'appréhension<br />

du monde dont Francastel ne dit peut-être pas assez qu'il possède encore une forme d'homogénéité qui<br />

sera ensuite combattue par la séparation des approches. S'il identifie finement les conditions, non<br />

seulement artistiques mais aussi sociales, qui œuvrent dans la destruction de « l'espace plastique» de<br />

la modernité, il postule que cette « sortie» augure d'une future entrée dans un nouvel espace de la<br />

représentation. Sa démonstration s'articule donc en paltie sur un acte de foi, celle de l'historien d'art<br />

qui se refuse à sa fin. Elle est aussi celle de l'historien qui, connaissant la progressivité de l'installation<br />

de « l'espace plastique» de la modernité, suppose que la constitution d'un nouvel espace ne saurait<br />

être immédiate. Ce faisant, il met en garde contre les effets d'une vision de l'évolution de plus en plus<br />

radicalement emportée par la succession, révolutionnaire, des avant-gardes. Elles lui apparaissent<br />

comme des phénomènes qu'il ne faut pas isoler parce qu'elles appartiendraient à un processus plus<br />

large. Ce en quoi il se trompait peut-être tient à son espoir ou son anticipation d'un remplacement<br />

après l'agitation d'une période constitutive. Il me semble que l'on est en effet fondé à se demander si,<br />

au-delà d'une remise en cause des modalités formelles de la représentation, ce ne serait pas son<br />

principe et le rapport au monde qu'il suppose qui seraient entamés. La prose journalistique ne manque<br />

d'ailleurs pas de nous le représenter sous la formule d'un théâtre du monde qui exacerbe tout à la fois<br />

notre posture de témoin et notre extériorité par rapport à l'action en cours. Car c'est là que se situe la<br />

raison d'être de l'appellation représentation conférée au spectacle, notamment théâtral. Il pOlte en lui<br />

une distance, qui donne à voir et à comprendre, dont Brecht disait qu'elle devait être affirmée sur le<br />

lieu propre du théâtre. Ce n'est pas un hasard si l'acteur qui lui donne sa voix est un interprète,<br />

traducteur, traître au réel pour mieux le montrer, passeur au sens de l'actualisation continue de la<br />

tradition. Et ce n'est pas hasard si Walter Benjamin, éminent compagnon de Brecht, donne tellement<br />

de place à cette notion de passages dans son œuvre. Mais ce sont d'abord des Passagenwerke qui<br />

supposent un travail, qui induisent l'idée contradictoire que pourrait s'effacer la conscience que notre<br />

être au monde relève d'un rapport construit et qui nous implique. Mais si c'est le monde qui devient<br />

théâtre, il n'est plus présent ni représentable, il n'est plus appréhendable à l'être humain qui l'habite en<br />

spectateur. Et s'il lui arrive d'envisager qu'il puisse toujours y être acteur, n'est-ce pas pour y tenir son<br />

rôle au sein de systèmes sur lesquels il a de moins en moins de maîtrise? Avec de tels renversements,<br />

on en vient à penser que plus encore que la possibilité d'émergence d'un nouvel espace plastique, c'est<br />

la possibilité de l'art qui se condamne en reniant les conditions de sa constitution et de son<br />

aboutissement moderne.<br />

La représentation suppose un en-soi du monde. Dans un inséparable va-et-vient, elle le<br />

représente dans une phénoménalité qui nous est propre et qui est signifiante pour nous car elle nous<br />

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