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IMG - Archipel - UQAM

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adjectivée. Il est alors, selon les contextes dans lesquels il est employé, synonyme de cosmétique ou<br />

plastique. Mais l'esthétique relève plus largement d'un être au monde et parler d'un sens esthétique<br />

comme on le fait souvent communément, relève du pléonasme. En effet, étymologiquement,<br />

l'esthétique exprime un percevoir qui suppose lui-même une expérience sensible du monde et une<br />

appréhension des formes dans l'univers comme des « présences» ainsi que le propose François Cheng<br />

en liant cette caractéristique à leur unicité. Avec les mots du poète, il fait de la beauté la condition et la<br />

résultante de cette unicité et pour argumenter ce propos, il reprend la triade platonicienne. Son premier<br />

constat est exprimé comme une évidence car « puisque l'univers vivant est là, il faut bien qu'il y ait<br />

une vérité pour qu'une telle réalité, en sa totalité, puisse fonctionner 7 ». Il est vrai que d'aucuns en<br />

arrivent à douter scientifiquement d'une telle vérité mais nous sommes encore, et heureusement, dans<br />

un monde concret et peut-être que toute la réflexion qui suivra repose d'ailleurs sur cette prémisse ou<br />

cet espoir personnel. Un autre présupposé - de poète? - l'amène ensuite à affirmer la nécessité d'un<br />

« minimum» de « bien» pour que « l'existence de cet univers vivant puisse perdurer ». Quand au<br />

beau, il pourrait paraître superflu, voire inutile, mais il définit a contrario l'évidence de sa nécessité.<br />

Car nous « pourrions imaginer un univers qui ne serait que vrai, sans que la moindre idée de beauté<br />

vienne l'effleurer. Ce serait un univers uniquement fonctionnel où se déploieraient des éléments<br />

indifférenciés, uniformes, qui se mouvraient de façon absolument interchangeable. Nous aurions<br />

affaire à un ordre de "robots" et non à celui de la vie 8 ». On verra plus loin que, d'une certaine<br />

manière, cette option est proposée dans le monde contemporain, post-moderne et aussi post-humain.<br />

Elle a d'ailleurs une forte connivence avec une relecture radicale de notre relation au monde, à la<br />

beauté et à la vie. Ces dimensions sont intimement associées car, « en tant que présence [au monde],<br />

chaque être [vivant] est viltuellement habité par la capacité à la beauté et surtout par le désir de<br />

beautë » qui peut se définir par le fait de tendre irrépressiblement vers « la plénitude de son éclat ».<br />

Il me semble que c'est un effet de notre conscience, en tant que composante de notre humanité,<br />

qUi fait que l'être humain - l'un des êtres vivants dans le monde - se pose comme ayant<br />

l'exclusivité d'un rapport sensible qui traduit cette unicité de ]a forme dans la plénitude de son éclat<br />

confondue avec le désir de beauté. Et c'est justement parce que l'idée du beau a constitué une des<br />

thématiques essentielles du questionnement humain, notamment philosophique, que l'humain en arrive<br />

à se l'approprier. S'il me paraît impossible de postuler une conscience comparable du beau chez tous<br />

les êtres vivants, je suis pleinement le point de vue de Michel Freitag quand il met en évidence une<br />

dimension universellement sensible du vivant dans sa relation avec un univers de formes. Observant<br />

7 François Cheng, Cinq méditations sur la beauté, Paris, Albin Michel, 2006, p.22.<br />

8 Ibid., p.23.<br />

9 Ibid., p.26.<br />

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