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IMG - Archipel - UQAM

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fondatrice, articulée sur l'espoir d'un sens à construire et non plus donné. L'homme de la Renaissance<br />

assume donc, encore et d'une manière renouvelée, un besoin de synthèse. « La spiritualité, faisant<br />

contrepoids à la faculté de distanciation rationnelle, empêche de monde de sombrer dans le chaos ou<br />

dans un mécanisme amorphe. [...] À l'idée de la tâche, jamais achevée, de la compréhension<br />

analytique des choses, fait pendant la conception d'une création souveraine, motivée de l'intérieur, par<br />

un réel idéel sous lequel toute donnée empirique se résorbe!l! ».<br />

1.5<br />

Entre religion et politique, réforme et baroque, contraire et complémentarité<br />

Cet homme qui trouve dans la conscience de son incertitude sur le monde, la certitude de son<br />

« être », il la vit aussi dans la « fureur» comme le disait Giordano Bruno (1548-1600). L'artiste qui<br />

s'émancipe des guildes et autres confréries est aussi un « hérétique» à sa façon. Sa place est marginale<br />

dans la société italienne des grands mécènes princiers qui trouvent dans Machiavel les leçons pour<br />

l'exercice de leur pouvoir. S'il est animé par une énergie créatrice qui incite à voir en lui le signe du<br />

divin, il demeure par ailleurs le plus souvent un « bambocheur» à l'image de Michel-Ange. C'est<br />

d'ailleurs lui qui représente au plafond de la Sixtine, sur la commande pontificale, un homme qui vient<br />

au monde en quittant la main de Dieu. Conune on l'a vu plus haut, les voyages et les contacts entre les<br />

régions d'Europe, de même que les influences, ont toujours été plus importants qu'on peut souvent le<br />

penser. Même s'il est un « différent» ou un barbare, le voisin est un autre, un autre nous-même, que<br />

seule la culture éloigne de nous. Pourtant, en allant à la conquête de terres inconnues, l'Européen n'a<br />

pas seulement vu son empire s'agrandir, c'est le monde lui-même qui change. Sur les nouvelles terres,<br />

ce sont des « naturels» que l'on trouve et la question posée par leur existence s'inscrit dans une<br />

réflexion humaniste bien moins homogène qu'on voudrait le penser. Elle interroge leur humanité<br />

même, avant de savoir s'ils appartiennent ou non au peuple de Dieu et la raison profonde qui constitue<br />

la toile de fond de la « Controverse de Valladolid» qui oppose Las Casas à Sepulveda en 1550, c'est<br />

bien leur liberté, corollaire « individuel» de leur humanité. Un autre type de circulation se développe<br />

également à cette époque via l'imprimerie. Il concerne bien sûr le livre auquel on pense<br />

immédiatement, mais aussi l'estampe qui aura un rôle essentiel dans la diffusion des images. Éléments<br />

de propagande religieuse ou politique le plus souvent, les gravures permettent aussi de simplement<br />

porter l'image des œuvres créées ailleurs. Elles constituent les 'embryons de ce que l'on pourrait<br />

appeler un marché de l'art de par le fait qu'elles sont physiquement, matériellement et financièrement<br />

plus accessibles que les œuvres originales vers lesquelles, il faut le plus souvent se déplacer si on veut<br />

Il J Jan Patocka, L'art et le temps, op. cil., p. J21.<br />

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