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IMG - Archipel - UQAM

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effet « que l'ait de notre siècle se présente comme "une religion sans mythe"II06 », et il analyse ainsi le<br />

phénomène social: «De nos jours, la brusque mode des "prix", des expositions pourvues de<br />

récompense, la lutte des galeries et des clans publicitaires, présentent, en tout cas, un développement<br />

sans précédent. On pourrait être tenté de ne voir là qu'une coloration extérieure de la vie artistique par<br />

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les mœurs de l'époque. Mais c'est plutôt la crise de l'élément ludique dans la culture qui reporte sur<br />

ll07<br />

l'art d'immenses besoins vacants ». Cette étude date de 1955. Que ne dirait-on pas<br />

aujourd'hui? 1108». Cette lecture dissolvante et cosmique de l'art et la rhétorique, ici religieuse, de<br />

Catherine Millet appellent évidemment des échos romantiques. Il en allait sincèrement de même dans<br />

le rapport de Chastel à l'art bien entendu mais, l'époque qui le suit se manifestant notamment dans la<br />

spéculation économique, on ne s'étonne pas vraiment que le label porté par le mot Ait demeure<br />

vendeur. On ne peut manquer d'être frappé par le fait que, contrairement aux autres, les disciplines<br />

plastiques, devenues visuelles, se sont emparées de ce mot dans la plupart des esprits. Cela<br />

confirmerait d'ailleurs les propos de Anne Cauquelin avisant l'américain Shusterman qu'il n'avait en<br />

fait aucun intérêt à vouloir faire entrer de nouvelles expressions musicales dans le site esthétique, y<br />

compris pour ennoblir le regard porté sur elles, mais au contraire tout intérêt à critiquer ses diverses<br />

modalités pour appeler à sa disparition.<br />

Filant la métaphore nécrophile, on peut, après en avoir appelé à des résurrections, se demander<br />

si ce ne sont pas des fantômes, spectres et autres figures virtuelles qui peupleraient les écrans d'une vie<br />

au-delà de la mort que l'on invoque. Car c'est bien en ces lieux que se produit - à tous les sens,<br />

accumulés depuis l'antiquité, de ce verbe - ce que Anne Cauquelin persiste à appeler de l'art tout en<br />

nous démontrant qu'il ne réfère plus au concept porté par une doxa qui nous permettait de le<br />

reconnaître. Devant des «technimages» qui nous interrogent notamment parce qu'elles sont<br />

présentées dans les lieux habituellement voués à la célébration du culte de l'art, nous éprouvons une<br />

double déception. Celle de ne pouvoir parvenir à reconnaître ces objets en fonction des critères dont<br />

nous avons l'habitude et celle, conséquence de la première, de nous demander la raison de leur<br />

présence dans ces lieux. L'art contemporain devient alors une usurpation de nom, qui me semble<br />

correspondre au name jacking faisant rage actuellement sur Internet. Selon Anne Cauquelin, il n'est<br />

1)06 Et on pourrait mettre en relation cette formule avec celle de René Char nous disant que « notre héritage n'est<br />

précédé d'aucun testament» (

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