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parle de « poèmes» et les fait référer aussi bien à l'idée, à la science qu'à l'art: n'est-ce pas dans<br />

l'acception qu'en donnait Aristote? En l'opposant à la singularité de ['histoire, il donne à sa<br />

proposition une ambition d'universalité car elle doit trouver les mots justes pour décrire le monde. On<br />

voit alors l'espace d'un débat encore irrésolu, encore actuel et qui concerne l'art, même si son aire est<br />

plus large que la sienne. C'est celui de la fiction, celle que dénonce Platon, et de la vérité. Celui du<br />

singulier associé à la première et de l'universel associé à la seconde et, conséquemment, de la<br />

possibilité d'accéder ou non à la seconde par le moyen de la première. Chaque époque s'approprie<br />

l'espace de cette discussion sans hésiter parfois à trahir la pensée des pères fondateurs ainsi que le note<br />

Raymond Williams. « Thus platonism came to include a theory of al1 directly opposed to that of the<br />

Republic, arguing that the divinely inspired poet was able to reach the highest reality because he<br />

penetraded mere appearance, and embodied in his work the divine Idea. Aristotle's idea of universals,<br />

which in context reads primarily as the embodiment of general truths about human nature, became<br />

identified, in many minds, as the same doctrine: the universals were the divine ldeas, and the poet<br />

107<br />

embodied them 260 ». Ainsi, de la confusion entre les théories de Platon sur le beau et d'Aristote sur<br />

l'universel, émergent, durant la Renaissance, quatre doctrines concernant l'art. La première qui le<br />

définit corrune une imitation de la réalité cachée, une révélation qui s'apparente à l'expression de<br />

l'esprit même de Dieu, favorise les approches ésotériques. La deuxième a les mêmes sources mais<br />

Williams dit qu'elles est « moins affectée par la pensée chrétienne». Voyant l'art comme une double<br />

et perpétuelle imitation et concrétisation de « l'Idée de Beauté », elle permet et recommande de copier,<br />

en les interprétant, les œuvres antiques. Ce sont ses orientations qui seront l'influence majeure du futur<br />

classicisme. La troisième doctrine prolonge la pensée aristotélicienne de l'idéalisation de la nature en<br />

voulant présenter les choses non comme elles sont mais comme elles devraient être. Elle ouvre sur une<br />

importante descendance d'œuvres dont les tendances seront principalement morales et didactiques.<br />

C'est la quatrième qui permit le développement de l'idée de création telle que nous la connaissons et<br />

telle que nous j'associons à j'art. Elle voit, ainsi que le Tasse (1544-l595), la nature comme l'œuvre<br />

de Dieu et ['art corrune une forme d'énergie qui rivalise avec la nature. « This pUl'pose is a distinct<br />

form of creation. Nature is God 's creation; art is man's creation. "There are two creators" Tasso wrote,<br />

"God and the poet,,261 ». Ces doctrines ne se sont pas imposées de manière isolée en s'excluant l'une<br />

l'autre, au contraire. Même si, à l'époque et encore pour quelques siècles, une présentation de l'artiste<br />

en tant que créateur dans une forme de rivalité avec Dieu était impossible et blasphématoire, la<br />

dimension humaniste était en germe. Une telle perspective permet à l'homme d'envisager sa création<br />

comme supérieure à la nature, tout comme elle le légitime dans sa volonté de la dominer. Elle serait en<br />

260 Raymond Williams, The Long Revolution, Londres, Pelican, Penguin Books, 1965, p.21-22.<br />

261 Ibid., p.22.

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