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IMG - Archipel - UQAM

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Le cadre qui surplombe l'ensemble est donc un temple civil, celui de la vérité qui est le seul<br />

mot écrit entièrement en capitales. Son architecture est grecque, bien évidemment, et la vérité y est<br />

accompagnée d'un côté par la raison et la philosophie - méthode et moyen associés - desquelles<br />

dérivent les connaissances organisées par les « sciences », et de l'autre côté par l'imagination qui<br />

couronne la vérité mais aussi l'homme dans les arts qui en découlent par la puissance de sa création.<br />

C'est le Discours préliminaire des Éditeurs qui succède à cette explication et son texte est<br />

principalement rédigé par d'Alembert. La référence à Ephraim Chambers est reconnue - et il y a de<br />

nombreuses reprises en traduction directe - mais ses limites et ses manques sont aussi critiqués. C'est<br />

au nom de la pertinence de la démonstration encyclopédique qu'il choisit donc une structure générale<br />

qu'il tente même de visualiser dans la composition graphique du sommaire des matières. Elle poursuit<br />

l'organisation proposée par Francis Bacon dont on sait que Diderot avait traduit cel1aines œuvres et qui<br />

est mentionné comme la référence la plus précieuse en philosophie. Celle de Descartes la suit<br />

immédiatement, comme s'il s'agissait déjà de réconcilier induction et déduction, puis viennent les<br />

citations de Newton, Locke, Galilée, Leibnitz etc. On pourrait dire qu'il y a là un grand mélange car on<br />

n'est plus habitué à faire cohabiter ainsi les genres, y compris en termes de connaissances. Cela<br />

s'explique par le fait qu'à l'époque, les mots ne sont pas encore complètement dans l'usage que nous<br />

leur connaissons aujourd'hui et c'est le cas du mot art ou du mot philosophie. Pour lc second, il prcnd<br />

en considération tout ce qui relève peu ou prou de la spéculation et de la réflexion. Ces esprits étant<br />

encyclopédiques, ils traitent à la fois de ce qui relève maintenant de la science, de la philosophie ou<br />

des lettres avec un talent commun que l'on isole maintenant. Écrivant, et tous avec un grand souci de<br />

clarté, ces personnes s'honorent du titre de « gens de lettres ». Finalement, leur œuvre exprime surtout<br />

une émergence dans le foisonnement d'une pensée qui s'autonomise en récusant l'existence d'une<br />

raison extérieure. L'œuvre majeure de l'Encyclopédie sera de l'organiser pour mieux contribuer à son<br />

émancipation et c'est sur la base même de cette organisation que se feront les constructions<br />

disciplinaires qui vont suivre. Si l'emblème de l'ensemble est la vérité, la figure qu'on lui donne est<br />

celle de l'arbre et sa racine principale est identifiée; elle réside en nos sensations.<br />

Toutes nos connaissances directes se réduisent à celles que nous recevons par les sens; d'où il<br />

s'ensuit que c'est à nos sensations que nous devons toutes nos idées. [...] Enfin, depuis assez<br />

peu de temps on convient presque généralement que les Anciens avaient raison et ce n'est pas la<br />

seule question sur laquelle nous commençons à nous rapprocher d'eux. Rien n'est plus<br />

incontestable que l'existence de nos sensations, ainsi pour prouver qu'elles sont le principe de<br />

toutes nos connaissances, il suffit de démontrer qu'elles peuvent l'être: car en bonne<br />

Philosophie, toute déduction qui a pour base des faits ou des vérités reconnues est préférable à<br />

ce qui n'est appuyé que sur des hypothèses même ingénieuses. Pourquoi supposer que nous<br />

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