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IMG - Archipel - UQAM

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sociale de l'art qui va de pair ou accompagne celle de ses œuvres. Elles référent au statut social et<br />

professionnel des acteurs, à leurs institutions spécialisées et plus largement aux institutions sociales ou<br />

normatives, aux divers pouvoirs, à la science, à l'université et à ses constructions disciplinaires, à celle<br />

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de l'économie capitaliste et au marché, à l'évolution des techniques et bien d'autres encorc. Tenter,<br />

même partiellement, de les cerner ainsi que leurs relations permet de mettre en évidence leur<br />

convergence dans le politique. Cela rend aussi possible, a contrario de montrer combien leurs<br />

évolutions contemporaines se manifestent le plus souvent dans une prise de distance avec leur<br />

dimension ontologique fondatrice et une soumission à des politiques diverses, fragmentées dans et par<br />

leurs opérationnalisations spécialisées. La multiplicité de ces objets trouvait d'ailleurs une résonance<br />

dans mes connivences antérieures avec 1'histoire de l'art, le droit ou l'administration culturelle mais<br />

aussi mon pays et ma région d'origine. Cela constitue finalement un terreau particulier pour cette<br />

approche sociologique mais porte aussi le risque d'une diversité que j'ai tenté d'assumer avec le plus<br />

de cohérence possible.<br />

Je mesure ce que cette approche peut avoir de dérangeant à plusieurs niveaux. Elle a d'abord de<br />

moins en moins de place dans le contexte universitaire contemporain et aussi dans la recherche<br />

sociologique. S'apparentant à ce que l'on appelait les humanités, en embrassant son sujet dans une<br />

perspective socio-historique, elle peut être ressentie en opposition directe avec des recherches qui<br />

privilégient dorénavant des micro sujets alors qu'elle voudrait contribuer à affiner leur<br />

contextualisation et à mettre en évidence des implicites dans lesquels elles s'inscrivent de manière trop<br />

peu critique à mon sens. Elle me paraît aussi dérangeante pour les acteurs du champ culturel et<br />

artistique. En tant qu'« ancien », je ne manque pas d'anticiper que de nombreuses voix diront qu'en<br />

choisissant cette perspective, j'ai scié la branche sur laquelle j'étais assis et où j'aurais pu m'asseoir à<br />

nouveau. Mais, sans que ce soit une réponse véritable, je préciserai alors que j'ai tenté de montrer<br />

combien cette situation me semblait précaire du fait de la virtualisation croissante de cette assise. Un<br />

tel traitement peut sembler académiquement et socialement nostalgique, pour ne pas employer des<br />

qualificatifs plus négatifs. Ne pas en faire le choix aurait signifié que je faisais celui de confirmer un<br />

consensus fataliste (ou un aveuglement partagé) qui fait dire à de nombreuses voix qu'il faut prendre le<br />

monde « tel qu'il est ». Mais justement, ce que montre le parcours contemporain de l'art et ce qu'il dit<br />

du monde, c'est justement qu'il ne s'agit plus d'un « être» au sens propre qui construit le cadre de<br />

notre agir commun. Si le monde possède toujours un « être» synthétique qui est encore vécu<br />

esthétiquement, au sens premier de ce terme, par nombre de ceux qui l'habitent, la fiction que l'on<br />

prend pour sa réalité post-moderne est au service de ceux qui en abusent au profit d'une spéculation<br />

qui a également perdu la noblesse de son sens premier. Ces conclusions se sont progressivement<br />

précisées et éclairées au long d'un parcours auquel je n'étais pas forcément pleinement acquis à son

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