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IMG - Archipel - UQAM

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techniques muséographiques, se présente alors comme un outil de légitimation autoréférentielle de<br />

l'institution qui l'accueille et qui devient par là, il me semble, le musée du musée. Enfin, la dernière<br />

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appropriation de l'art que j'aimerais relever tient à la marchandisation de l'art. Celle-ci va croissant et<br />

il ne se passe de jour sans que les médias fassent état de records pulvérisés dans de prestigieuses ventes<br />

aux enchères sur les places majeures. Il ne fait plus de doute pour les observateurs que celles-ci se<br />

confondent maintenant avec les capitales mondiales de la spéculation financière. L'influence des pôles<br />

artistiques demeure classiquement définie par la renommée de leurs institutions muséaJes ou de leurs<br />

galeries, pourtant elle ne saurait par exemple expliquer la brutale prolifération londonienne de<br />

nouvelles installations. Un article de Harry Bellet et Marc Roche paru dans le Monde du 15 octobre<br />

2006, relatait cyniquement les faits saillants et les enjeux de la quatrième foire d'art contemporain de<br />

Londres. « Qu'ils soient britanniques ou pas, les acheteurs sont présents, à en juger par l'arrogance de<br />

certains marchands, et les prix délirants pratiqués: « Les vrais mordus sont là, dit le même, mais ils<br />

n'habitent pas Londres. Simplement, comme c'est une plaque tournante de la finance mondiale, ils ont<br />

plus de raisons d'y passer plutôt qu'à Berlin ou à Paris». Stimulées par la foire, les galeries d'art<br />

contemporain ont poussé comme des champignons. En 2004, on les estimait à 400 pour un chiffre<br />

d'affaires global annuel de plus de 500 millions de livres. A en croire les chiffres, invérifiables, donnés<br />

par la foire, celle-ci contribuerait à ce total pour une hauteur de 33 millions. Certaines de ces galeries<br />

sont devenues des poids lourds du secteur. [...] Avec de tels mastodontes, Londres est, après New<br />

York, l'endroit où l'art contemporain se vend ». Point n'est besoin de longues démonstrations, et ce<br />

n'est pas mon propos ici, pour constater le détachement des valeurs commerciales, comptables et<br />

spéculatives, des valeurs de production des biens et services. On peut alors se baser sur ce constat pour<br />

interroger le mouvement qui semble de plus en plus se dessiner en faveur d'un développement du<br />

marché des arts visuels et notamment contemporains. Deux options s'offrent à l'analyse dont la<br />

première serait un désir de compensation de la fluidification virtuelle des transactions dans<br />

l'appropriation, matérielle et concrétisée, d'œuvres dont le statut est pOlieur de sens, ne serait-ce que<br />

celui qui confirmerait le goût du risque et le flair de son acheteur. Car il serait aussi chasseur en<br />

l'occurrence et on pourrait en voir la confirmation dans le vocabulaire employé pour commenter ses<br />

raids boursiers et autres tableaux de chasse. On pourrait même en déduire une forme de relation à<br />

l'achat qui ferait de ['œuvre un trophée et des galeries des « mégacollectionneurs», des lieux<br />

d'exposition de leurs proies comme autant de confirmations de leur puissance forcément prédatrice<br />

bien que vêtue des habits les plus civilisés. La seconde option serait celle d'une lecture systémique du<br />

processus en cours. On sait que sa définition suppose que l'observateur soit en mesure d'identifier<br />

correctement le ou les systèmes de référence. Parmi ceux qui s'offriraient à nous, on pourrait penser à<br />

un système de l'art mais ne serait-il pas plus juste de penser que nous ·sommes directement dans le

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