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IMG - Archipel - UQAM

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fâcheuses récupérations politiques l'évolution du statut de l'artiste, d'une création iconoclaste et la<br />

(dé)construction d'un nouvel espace de représentation.<br />

Ce qui se crée progressivement, c'est ce que Anne Cauquelin appelle le «site de l'esthétique »,<br />

constitué sur la base des réflexions théoriques - notamment développées sous ce vocable -, et par un<br />

ensemble d'acteurs qui vont devenir de plus en plus nombreux à mesure que leurs spécialisations vont<br />

s'affirmer. Ces éléments associés sont paradoxalement les sources d'une vitalité particulière stimulée<br />

par l'énergie de multiples dénbats qui enflamment les milieux spécialisés et trouvent écho,<br />

rebondissements et inflation dans une dimension publique de l'art qui n'est plus son fondement. C'est<br />

à une publisisation progressive que l'on assiste: elle me paraît conforme au mouvement décrit par<br />

Jürgen Habermas 53 qui s'empare de l'espace public à partir du xvm e siècle. Elle aura, dans le<br />

domaine particulier de l'art, les mêmes déclinaisons qu'ailleurs et elles me paraissent même y trouver<br />

un terrain d'exacerbation exemplaire car on peut penser qu'il devient progressivement lui-même<br />

publicitaire. C'est la raison pour laquelle on pourrait se demander si l'art, devenu pleinement sujet,<br />

n'est pas immédiatement entraîné à devenir sujet de conversation même si la connaissance de ses<br />

codes et ses critères est nécessaire à cette pratique sociale et à la distinction qui lui est associée.<br />

L'espace public devient de plus en plus espace polémique dirait Adorno et même si, domination<br />

sociale oblige, dans ce discours comme ailleurs, des paroles sont muettes ou sans voix comme dirait<br />

Jacques Rancière.<br />

On peut se représenter l'art tcl qu'il s'est affirmé dans la modernité sous la forme d'ull cristal<br />

qui concentre et diffuse l'image du monde comme il le ferait de la lumière. C'est la même image mais<br />

dans un autre emploi qui pourrait rendre compte du deuxième mouvement auquel sera consacrée la<br />

seconde partie de ce travail. Une fois la concentration énergétique assumée, c'est à sa diffusion<br />

dynamique que l'on assiste et elle se concrétise par les multiples réappropriations d'un monde de l'art.<br />

Elles s'amplifieront et contribueront à la dilution progressive d'un concept autonome qui les avait<br />

rendues possibles. C'est dans le quatrième chapitre que l'on verra se manifester les aboutissements du<br />

procès à l'œuvre qui sont marqués à la fois par la plénitude dans la jouissance de la place et du rôle<br />

social de l'artiste et la rupture multiplement exprimée dans son art. On verra très rapidement émerger<br />

autour de l'art, l'idée d'une décadence. Elle est motivée par l'académisme de ses institutions et des<br />

philistins cultivés que dénonce Nietzsche mais se présente aussi comme une réappropriation par les<br />

artistes de l'opprobre social. Cette disjonction est l'indice de l'indépendance grandissante de l'art et de<br />

la dénonciation, dans une mystique de la rupture, des anciennes modalités de la représentation.<br />

53 Jürgen Habermas, L'espace public: archéologie de la publicilé comme dimension conslilulive de la sociélé<br />

bourgeoise, trad. Marc Buhot de Launay, Paris, Paya!, 1997.<br />

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