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IMG - Archipel - UQAM

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imaginatif de notre temps, les autres à l'élaboration des systèmes 1286 ». En historien d'art, il se<br />

proposait néanmoins de poursuivre son enquête en allant à la rencontre des œuvres et des courants, de<br />

ces subjectivités communément orientées par l'esprit du temps et productrices de formes symboliques<br />

en mesure de l'incarner. Il allait ainsi visiter son territoire privilégié et c'était celui des arts plastiques.<br />

Ce faisant, il omettait peut-être que l'espace de représentation établi au moment de la Renaissance<br />

exprime un dessein plus large que le seul système plastique appelé perspective. La géométrie et<br />

l'homogénéité sont ses caractéristiques; la première référant à la science et la seconde à la<br />

philosophie. Elles se définissent en fonction d'une rupture avec la pensée médiévale dominée par le<br />

dessein divin décidant de la place de toute chose et tout être dans le monde. À une représentation<br />

morcelée par l'attribution d'une valeur symbolique propre à chaque image iconologique, succédaient<br />

des formes symboliques concentrées qui ne sont pas seulement artistiques ni simplement plastiques. Il<br />

fallait donc chercher plus loin ou plus large pour identifier les tendances constitutives du successeur de<br />

la perspective. Il est à mon sens marqué par la fragmentation et annonce de tout autres systèmes que<br />

ceux qu'évoquait Francastel en utilisant encore le vocabulaire de la philosophie classique. On pourrait<br />

penser que la dispersion succède cycliquement à la concentration mais on doit aussi relever, et c'est<br />

certainement la raison de la remise en cause d'une pensée dialectique, que cette opposition antithétique<br />

ne semble plus trouver le moyen de se résoudre dans une quelconque synthèse, a priori récusée. En<br />

1934, l'historien de l'art français Henri Focillon questionnait La vie des formes. Il y a encore dans sa<br />

pensée, un balancement et un va-et-vient qui me semblent créer son équilibre, ou l'œuvre d'art s'offre<br />

elle-même, en tant que synthèse explicite. « L'œuvre d'art est une tentative vers l'unique, elle<br />

s'affirme comme un tout, comme un absolu, et, en même temps, elle appartient à un système de<br />

relations complexes. Elle résulte d'une activité indépendante, elle traduit une rêverie supérieure et<br />

libre, mais on voit aussi converger en elle les énergies des civilisations. Enfin (pour respecter<br />

provisoirement les termes d'une opposition tout apparente) elle est matière et elle est esprit, elle est<br />

forme et elle est contenu. [...] Elle plonge dans la mobilité du temps, et elle appartient à l'éternité. Elle<br />

est particulière, locale, individuelle, et elle est un témoin universel. Mais elle domine ses diverses<br />

acceptions et, servant à illustrer l'histoire, l'homme et le monde même, elle est créatrice de l'homme,<br />

créatrice du monde, et elle installe dans l'histoire un ordre qui ne se réduit à rien d'autre l287 ». N'est-ce<br />

pas la radicalisation croissante et exclusive du système et de ses relations complexes, via la<br />

généralisation du modèle cybernétique, qui rend caduc tout espoir d'explication, pour indignement<br />

paraphraser Leibniz et Deleuze à la fois, ordonnée et concrétisée dans une forme stable? Jusqu'alors,<br />

la représentation, quelles que soient ses traductions, avait une référence extérieure qui s'apparentait, à<br />

1286 Pierre Francastel, Études de sociologie de l'art, op. ciL, p.252.<br />

1287 Henri Focillon, Vie des formes, suivi de Éloge de la main, Paris, P.U.F., [1943], 1981, p.5-6.<br />

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