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l'art s'élève au-dessus de la nature et de la vie commune, il y a cependant quelque chose au-dessus de<br />

lui, un cercle qui le dépasse dans la représentation de l'absolu 488 ». On pourrait donc dire que si ces<br />

trois modes d'accès au vrai absolu sont égaux en nature, ils ne le sont pas en dignité. L'art, justement<br />

du fait de la concrétudc de sa forme, est un «moyen terme », au sens où Schelling employait<br />

l'expression. Dans la conception hégélienne, forcément historique, il a pu incarner, dans la<br />

représentation de la divinité antique notamment, une réponse au besoin le plus profond de ['esprit. Il<br />

est maintenant «possédé du besoin de se satisfaire en lui-même, de se retirer chez lui, dans l'intimité<br />

de la conscience comme dans le véritable sanctuaire de la vérité 489 ». Alors, comme il le dit, l'œuvre si<br />

belle soit-elle, n'incarne plus la divinité pour cet homme et « nous ne plions plus les genoux» devant<br />

elle, comme c'était le cas dans l'antiquité grecque. Et je ne peux m'empêcher de penser à un double<br />

mouvement. La statue grecque d'Élie Faure, n'est elle pas devenue objet d'art par la perte de sa<br />

puissance d'incarnation de la divinité? N'est-ce pas du fait de la disparition du caractère d'abord sacré<br />

de ces objets qu'ils sont devenus ce que nous appelons de nos jours des objets d'art? N'est-ce pas<br />

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justement parce qu'il faut démontrer la supériorité de la raison libre qu'il faut aussi décréter in jine<br />

l'impuissance de l'art à accéder à l'absolu? Ce constat me semble confirmé dans le fait que, pour<br />

l'auteur, cette impossibilité ne l'empêche pas de poursuivre une progression qualitative dans sa forme.<br />

La démonstration hégélienne me paraît donc être la description d'un cheminement de l'esprit qui<br />

s'éloignerait de l'art à mesure qu'il pourrait mieux accéder au beau, défini dans et par l'unité du fini et<br />

de l'infini. lJ s'agit en fait d'un procès d'intériorisation de la recherche de l'absolu qui passe d'abord,<br />

au point de vue religieux, par la méditation. Mais il faut admettre avec lui qu'il subsiste alors un<br />

inachèvement dans le sens qu'il faut encore ce que j'appellerais l'intermédiaire d'une grâce pour<br />

accéder à la vérité du tout. Enfin, la troisième forme de l'esprit absolu: c'est la philosophie ou la<br />

raison libre. Elle permet de concevoir ce qui, autrement, relève du sentiment ou de la représentation<br />

sensible. C'est ce qui réunit l'art et la religion, l'objeftivité de l'un et la subjectivité de l'autre sous<br />

l'égide de la pensée. «Il y a plus: on peut dire que c'est dans cette renaissance que l'esthétique<br />

comme science a trouvé son véritable berceau, et l'art la haute appréciation dont il est devenu l'objet.<br />

Ce principe, dans sa détermination la plus générale, consiste en ce que le beau dans l'art est reconnu<br />

comme un des moyens par lesquels cette opposition et cette contradiction entre l'esprit considéré dans<br />

son existence abstraite et absolue et la nature comme constituant le monde des sens et de la conscience,<br />

disparaît, et est ramenée à l'unité 490 ». Puisque la question d'une forme matérielle du beau est<br />

dépassée, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur la raison qui fait que le philosophe développe<br />

pourtant, à la suite de cette introduction que je qualifierais volontiers de conclusive, l'étude de son<br />

488 Ibid., pAO.<br />

489 Idem.<br />

490 Ibid., p.31-32.

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