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semble pas pOlter tout à fait le même regard critique sur les conséquences de son analyse. Il existe bien<br />

plus que des parallélismes entre les tenants de la cybernétique et ceux du structuralisme. Dans la<br />

revendication d'une « pensée machine» assimilant délibérément l'humain à la machine, « "Ça pense"<br />

était destiné à prendre définitivement la place du cogito cartésien. Or une cognition sans sujet, c'était<br />

précisément la configuration improbable que la cyberntétique avait réussi, semblait-il, à penser. Ici non<br />

plus, la rencontre entre la cybernétique et le structuralisme ne fut aucunement fOltuite. Elle<br />

correspondait à une nécessité intellectuelle nouvelle dont le surgissement apparaît, rétrospectivement<br />

comme un moment exceptionnel de l'histoire des idées 1123 ». On est ainsi, dans cet exemple référant<br />

355<br />

encore à l'art où au discours autour de l'art, mis en présence avec le même schéma que la philosophie<br />

de la déconstruction. Économie, morale comme « éthique », philosophie, art, etc. s'intègrent tous dans<br />

le modèle informatique-cybernétique. Si SchOffer exprime le désir de « réconcilier l'art et la société»<br />

dans et par la technique, on doit relever, comme le montre Michel Freitag dans L'oubli de la<br />

société/ 124 , que cela implique précisément, pW'ement et simplement, la disparition de la société à<br />

travers sa conversion en système. Pour ces raisons, bien plus profondes, je n'adhère donc pas au<br />

jugement de Catherine Millet qui voit dans la démarche de Schorfer une critique agissante de la<br />

science qui « ne prend plus guère appui sur l'observation [et] progresse par pure spéculation" 25 ». Elle<br />

a évidemment raison de mettre en évidence le lien avec l' « œuvre ouverte» de Eco mais plutôt qu'une<br />

critique de la science - ou d'une certaine science, encore humaniste pourrait-on dire - n'est-ce pas<br />

finalement un questionnement plein de connivences? Le demi-siècle qui nous sépare de ses initiatives<br />

nous a montré que les propositions plastiques de Nicolas Schorfer n'auront pas eu, au moins<br />

principalement, une descendance proprement artistique. Si ses amis se battent pour que son « CYSP<br />

1 » trouve sa place dans un musée, c'est au titre d'une œuvre qu'ils perçoivent comme majeure et qui<br />

relève de l'art comme espace d'exception. Mais n'est-ce pas tout autre chose que SchOffer<br />

ambitionnait? « L'œuvre prédéterminée, figée, atemporelle a vécu; l'artiste transpose l'acte de<br />

création, et le situe en lui-même; avant tout, il se détache du résultat, de l'œuvre. Ce qui l'intéresse,<br />

c'est de créer une qualité en forme ouverte, avec une prise solide sur le temps. Il jongle avec les<br />

indéterminismes, avec les anamorphoses; il choisit et élimine en combinant et en permutant. [...] En<br />

un mot, [l'œuvre] cède la place à l'initiative d'abord et aux initiatifs après. L'artiste ne crée plus une<br />

œuvre ou plusieurs œuvres: il crée la création. Son action qui était concentrée sur la genèse et la<br />

fmition de l'œuvre, passe désormais sur l'acte de création; c'est cet acte qu'il organise, réorganise,<br />

1123 Jean-Pierre Dupuy, Les savants croient-ils en leurs théories? Une lecture philosophique de l'histoire des<br />

sciences cognitives, Versailles, INRA Éditions Quae, 2000, p.75.<br />

1124 Michel Freitag, Yves Bonny, L'oubli de la société, Pour une théorie critique de la postmodernité, Québec,<br />

PUL, Rennes, PUR, 2002.<br />

1125 Catherine Millet, L'art contemporain en France, op. cit., p.44.

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