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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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voie <strong><strong>de</strong>s</strong> conjectures, d’autres ont supposé qu’il fal<strong>la</strong>it rattacher à <strong>la</strong> campagne<br />

d’Atti<strong>la</strong>, en 451, les atrocités commises en <strong>pays</strong> franc, au dire d’une tradition<br />

épique, par les Thuringiens d’outre-Rhin. Après s’être fait livrer <strong><strong>de</strong>s</strong> otages<br />

comme <strong><strong>de</strong>s</strong> gens qui veulent <strong>la</strong> paix, ils les auraient mis à mort <strong>et</strong> se seraient<br />

ensuite déchaînés sur <strong>la</strong> contrée avec une véritable sauvagerie. Ils auraient<br />

pendu les jeunes gens aux arbres par les nerfs <strong><strong>de</strong>s</strong> cuisses ; ils auraient attaché<br />

plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents jeune filles au cou <strong>de</strong> chevaux sauvages <strong>la</strong>ncés à travers <strong>la</strong><br />

campagne ; d’autres auraient été étendues à terre, liées à <strong><strong>de</strong>s</strong> pieux, <strong>et</strong> leurs<br />

bourreaux auraient fait passer <strong>de</strong> lourds chariots sur leurs corps1. Voilà ce que,<br />

longtemps après, on racontait aux guerriers francs quand on vou<strong>la</strong>it les entraîner<br />

à <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> Thuringe. Mais on ne sait ce qu’il faut croire <strong>de</strong> pareils récits, <strong>et</strong><br />

dans l’histoire <strong>de</strong> ces temps obscurs il faut renoncer à une précision qui ne<br />

s’obtiendrait qu’au prix <strong>de</strong> l’exactitu<strong>de</strong>.<br />

La monstrueuse ava<strong>la</strong>nche <strong>de</strong> peuples continuait <strong>de</strong> s’écrouler sur <strong>la</strong> Gaule.<br />

Après avoir franchi le Rhin sur plusieurs points à <strong>la</strong> fois, au moyen <strong>de</strong> ra<strong>de</strong>aux<br />

construits avec les arbres <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt Hercynienne, elle était arrivée <strong>de</strong>vant M<strong>et</strong>z,<br />

qui succomba le jour du samedi saint ; puis elle avait continué son itinéraire<br />

dévastateur. Il est difficile d’en marquer les étapes ; dans le souvenir qu’en ont<br />

gardé les générations, c<strong>et</strong>te invasion a toujours été confondue avec celle <strong>de</strong> 406,<br />

qui ne fut pas moins meurtrière. Nous voyons toutefois que les Parisiens<br />

tremb<strong>la</strong>ient <strong>de</strong> <strong>la</strong> voir passer par leur ville, <strong>et</strong> que, dans leur épouvante, ils se<br />

préparaient à se réfugier avec leurs biens dans <strong><strong>de</strong>s</strong> localités plus sûres,<br />

lorsqu’une jeune fille du nom <strong>de</strong> Geneviève parvint à. les détourner <strong>de</strong> ce proj<strong>et</strong><br />

: Ces villes que vous croyez mieux à l’abri que <strong>la</strong> vôtre, leur dit-elle, ce sont<br />

précisément celles qui tomberont sous les coups <strong><strong>de</strong>s</strong> Huns ; quant à Paris, il sera<br />

sauvé par <strong>la</strong> protection du Christ2. La prophétie <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte fille se réalisa. De<br />

M<strong>et</strong>z, le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Huns gagna <strong>la</strong> Champagne, <strong>et</strong> <strong>de</strong> là il déboucha dans <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Seine. Arrêté sous les murs d’Orléans par l’héroïsme <strong>de</strong> saint Aignan, <strong>et</strong> obligé<br />

<strong>de</strong> se r<strong>et</strong>irer <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville à l’approche d’Aétius, il rebroussa chemin, <strong>et</strong> il vint<br />

chercher à Mauriac un champ <strong>de</strong> bataille où il pût se déployer à l’aise avec sa<br />

nombreuse cavalerie. C’est là qu’Aétius, qui marchait sur ses pas, l’atteignit <strong>et</strong> le<br />

força d’accepter <strong>la</strong> bataille.<br />

Les Francs <strong>de</strong> Mérovée eurent l’honneur <strong>de</strong> commencer le terrible engagement<br />

qui al<strong>la</strong>it déci<strong>de</strong>r les <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées du mon<strong>de</strong>3. La nuit qui précéda <strong>la</strong> bataille, ils se<br />

heurtèrent aux Gépi<strong><strong>de</strong>s</strong>, commandés par leur roi Ardaric, qui semblent avoir<br />

formé l’arrière-gar<strong>de</strong> d’Atti<strong>la</strong>, <strong>et</strong> une lutte furieuse éc<strong>la</strong>ta dans les ténèbres entre<br />

ces <strong>de</strong>ux nations. C<strong>et</strong>te première rencontre coûta quinze mille <strong>hommes</strong> : <strong>la</strong>rge <strong>et</strong><br />

cruelle saignée pratiquée sur <strong>la</strong> vail<strong>la</strong>nte nation franque, qui dut <strong>la</strong>isser sur le<br />

carreau <strong>la</strong> fleur <strong>de</strong> sa jeunesse4. Mais qu’était-ce au regard <strong>de</strong> l’effroyable tuerie<br />

du len<strong>de</strong>main, pour <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle les historiens ont épuisé toutes les<br />

sainte Geneviève prouverait aussi bien que les Huns ne sont jamais arrivés dans le <strong>pays</strong><br />

<strong>de</strong> Paris.<br />

1 Grégoire <strong>de</strong> Tours, III, 7. Cf. Amédée Thierry, Histoire d’Atti<strong>la</strong>, t. I, p. 138.<br />

2 Vita s. Genovefæ, (Script. Rer. Merov., t. III, p. 219).<br />

3 Le plus ancien écrivain qui ait parlé <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> Mérovée à Mauriac est l’auteur<br />

d’une Vie <strong>de</strong> saint Loup <strong>de</strong> Troyes, écrite au IXe siècle : Postremo Aurelianis eis (sc.<br />

Hunnis) obsi<strong>de</strong>ntibus, ad subsidium Galliarum advo<strong>la</strong>vit patricius Romanorum Etius,<br />

fultus <strong>et</strong> ipse Theo<strong>de</strong>rici Wisigothorum <strong>et</strong> Merovei Francorum regis aliarumque gentium<br />

copiis militaribus. Acta Sanctorum <strong><strong>de</strong>s</strong> Bol<strong>la</strong>ndistes, 29 juill<strong>et</strong>, t. VII, p. 77 E.<br />

4 Jordanès, c. 41.

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