27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

droit comme avec <strong>la</strong> même fierté le titre <strong>de</strong> Francs. Voilà ce que l’historien<br />

byzantin pouvait constater <strong>de</strong> son temps par le témoignage <strong>de</strong> <strong>la</strong> voix publique,<br />

<strong>de</strong> même que nous le constatons aujourd’hui par celui <strong>de</strong> l’histoire. Récuser<br />

l’explication qu’il en donne, ce serait non seulement une prétention téméraire <strong>et</strong><br />

injustifiée, ce serait déc<strong>la</strong>rer qu’il peut y avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> eff<strong>et</strong>s sans cause. Ici, ou<br />

jamais, l’induction historique a le droit <strong>de</strong> réc<strong>la</strong>mer sa p<strong>la</strong>ce. Si, contrairement à<br />

<strong>la</strong> loi <strong>de</strong> toutes les conquêtes barbares <strong>de</strong> c<strong>et</strong> âge, les indigènes ont été reçus<br />

par les conquérants dans <strong>la</strong> jouissance <strong>de</strong> tous les droits politiques, c’est qu’au<br />

lieu d’une conquête proprement dite, il y a eu une prise <strong>de</strong> possession réglée par<br />

une pacte. Et nul ne contestera à l’épiscopat gaulois d’en avoir été le<br />

négociateur1.<br />

Nous n’irons pas plus loin ; nous nous gar<strong>de</strong>rons surtout <strong>de</strong> vouloir être plus<br />

précis. Nous ne prétendrons pas que ce pacte fut un traité en règle, négocié<br />

avant l’entrée <strong>de</strong> Clovis dans les villes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule centrale, <strong>et</strong> dont les c<strong>la</strong>uses<br />

auraient été, au préa<strong>la</strong>ble, débattues entre elles <strong>et</strong> lui. Nous n’essayerons pas<br />

d’enfermer dans <strong><strong>de</strong>s</strong> dates, <strong>de</strong> traduire par <strong><strong>de</strong>s</strong> formules l’influence morale toutepuissante<br />

que nous <strong>de</strong>vinons dans ce grand mouvement. Nous ne <strong>la</strong> connaîtrons<br />

jamais que par ses conséquences les plus générales <strong>et</strong> les plus durables ; quant<br />

à ses manifestations vivantes dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace, nous sommes<br />

réduits à les ignorer. Bornons-nous à rappeler que les indigènes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule<br />

n’avaient aucune hostilité préconçue contre les Francs ; que, dégoûtés <strong>de</strong><br />

l’Empire, ils voyaient plutôt en eux <strong><strong>de</strong>s</strong> libérateurs qui les affranchissaient à<br />

jamais du fantôme impérial ; que, <strong>de</strong> leur part, les Francs ne venaient pas pour<br />

envahir <strong>et</strong> pour partager <strong>la</strong> Gaule, mais simplement pour <strong>la</strong> soum<strong>et</strong>tre à leur roi ;<br />

que, dans ces conditions, rien n’empêchait les villes <strong>de</strong> les accueillir<br />

spontanément ; qu’au surplus, les cités s’inspiraient <strong>de</strong> leurs évêques, <strong>et</strong> que les<br />

évêques préféraient les Francs païens aux Visigoths hérétiques ; qu’ils durent se<br />

borner à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> garanties ; que Clovis, à l’exemple <strong>de</strong> son père, était trop<br />

déférent envers ces tout-puissants arbitres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule pour ne pas accueillir<br />

leurs propositions, <strong>et</strong> qu’enfin, il avait tout avantage à les accepter. Si toutes ces<br />

données sont exactes, — <strong>et</strong> nous ne voyons pas qu’elles puissent être<br />

contestées, — comment ne pas adm<strong>et</strong>tre l’hypothèse d’un accord pacifique au<br />

moyen duquel, soit avant, soit après l’entrée <strong>de</strong> l’armée franque dans l’Entre-<br />

Seine-<strong>et</strong>-Loire, ce <strong>pays</strong> serait passé sous l’autorité <strong>de</strong> Clovis ? Et quand ce traité,<br />

suggéré presque impérieusement à l’esprit par l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> événements, est<br />

ensuite attesté d’une, manière formelle par un contemporain bien informé,<br />

comment refuser <strong>de</strong> se rendre aux <strong>de</strong>ux seules autorités qui gui<strong>de</strong>nt <strong>la</strong><br />

conscience <strong>de</strong> l’historien, le témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>hommes</strong> <strong>et</strong> le témoignage <strong><strong>de</strong>s</strong> faits ?<br />

Procope ajoute un renseignement trop précis <strong>et</strong> trop vraisemb<strong>la</strong>ble pour qu’il y<br />

ait lieu <strong>de</strong> le révoquer en doute, même si l’on pouvait en contester certains<br />

détails. Il restait, dit-il, aux extrémités <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, <strong><strong>de</strong>s</strong> garnisons romaines. Ces<br />

troupes, ne pouvant ni regagner Rome ni se rallier aux ennemis ariens, se<br />

donnèrent avec leurs étendards <strong>et</strong> avec le <strong>pays</strong> dont elles avaient <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> aux<br />

Francs <strong>et</strong> aux Armoriques. Elles conservèrent d’ailleurs tous leurs usages<br />

nationaux, <strong>et</strong> elles’ les transmirent à leurs <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants, qui les suivent<br />

fidèlement jusqu’à ce jour. Ils ont encore le chiffre <strong><strong>de</strong>s</strong> cohortes dans lesquelles<br />

ils servaient autrefois ; ils vont au combat sous les mêmes drapeaux, <strong>et</strong> on les<br />

1 Cf. W. Schultze, Das Merovingische Frankenreich, p. 57 : In <strong>de</strong>n folgen<strong>de</strong>n Jahren<br />

wur<strong>de</strong>n dann allmälich, mehr noch duch friedliche Unterwerfung als duck Waffengewalt,<br />

auch die Gebi<strong>et</strong>e zwischen Seine und Loire <strong>de</strong>m Reiche Chlodovichs einverleibt.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!