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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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expirant. Byzance, nous l’avons déjà dit, avait mis les armes à <strong>la</strong> main <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Francs <strong>et</strong> les avait j<strong>et</strong>és sur les Visigoths, probablement après leur avoir promis<br />

d’occuper pendant ce temps le roi d’Italie. Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons qui nous échappent,<br />

les Grecs ne prirent pas <strong>la</strong> mer en 507 ; mais ils firent <strong><strong>de</strong>s</strong> préparatifs <strong>de</strong> guerre<br />

tellement ostensibles, que Théodoric, effrayé, ne crut pas pouvoir dégarnir son<br />

royaume.. Au printemps <strong>de</strong> 508, l’Empire se trouva enfin en mesure <strong>de</strong> faire <strong>la</strong><br />

diversion promise à ses alliés francs <strong>et</strong> burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>. Une flotte <strong>de</strong> cent navires <strong>de</strong><br />

guerre <strong>et</strong> d’autant <strong>de</strong> dromons, quittant le port <strong>de</strong> Constantinople sous les ordres<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> comtes Romain <strong>et</strong> Rusticus, vint débarquer sur les côtes <strong>de</strong> l’Italie<br />

méridionale, <strong>et</strong> mit à feu <strong>et</strong> à sang une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’Apulie. Les environs <strong>de</strong><br />

Tarente <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> Sipontum furent particulièrement éprouvés1.<br />

On ne sait pas pourquoi les Byzantins se bornèrent à ces razzias. Peut-être<br />

l’armée avait-elle <strong><strong>de</strong>s</strong> instructions qui lui défendaient <strong>de</strong> s’engager plus<br />

sérieusement ; peut-être aussi l’impéritie <strong>et</strong> <strong>la</strong> lâch<strong>et</strong>é <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs sont-elles seules<br />

responsables <strong>de</strong> l’insuccès apparent d’un si grand effort. Les énergiques mesures<br />

<strong>de</strong> défense que Théodoric prit sans r<strong>et</strong>ard, <strong>et</strong> qui, assurément étaient préparées<br />

<strong>de</strong> longue main, n’auront pas peu contribué à faire regagner le <strong>la</strong>rge à <strong>la</strong> flotte<br />

impériale. Dans tous les cas, l’opinion publique à Byzance considéra l’expédition<br />

comme un échec <strong>et</strong> le chroniqueur byzantin en parle avec mépris, moins comme<br />

d’une opération militaire que comme d’un exploit <strong>de</strong> pil<strong>la</strong>rds2.<br />

Voilà pourquoi Théodoric n’était pas apparu plus tôt sur le théâtre où se<br />

décidaient les <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, <strong>et</strong> telle est l’explication d’une attitu<strong>de</strong> qui a<br />

été une énigme pour les historiens3. Il faut dire plus. Au moment où<br />

s’ébran<strong>la</strong>ient les forces qui al<strong>la</strong>ient au secours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provence, le sol <strong>de</strong> l’Italie<br />

n’était peut-être pas encore tout à fait évacué par les troupes byzantines. De<br />

toute manière, il était indispensable <strong>de</strong> rester l’arme au bras, <strong>et</strong> <strong>de</strong> protéger les<br />

rivages méridionaux contre un r<strong>et</strong>our offensif <strong>de</strong> leur part. Le roi d’Italie fut donc<br />

obligé <strong>de</strong> diviser ses forces pendant l’été <strong>de</strong> 508, <strong>et</strong> n’en put opposer qu’une<br />

partie à l’armée réunie <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>. Ce<strong>la</strong> suffisait, à vrai dire,<br />

pour m<strong>et</strong>tre provisoirement en sûr<strong>et</strong>é les villes qui n’avaient pas encore reçu leur<br />

visite, <strong>et</strong> pour relever le moral <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion indigène : ce n’était pas assez<br />

pour un engagement définitif avec les alliés.<br />

Du moins, le cours <strong><strong>de</strong>s</strong> événements militaires pendant l’année 508 justifie ces<br />

conjectures. Débouchant en Gaule le long <strong>de</strong> <strong>la</strong> Corniche, les Ostrogoths prirent<br />

possession, sans coup férir, <strong>de</strong> tout le <strong>pays</strong> situé au sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> Durance. Ce qui<br />

restait <strong>de</strong> Visigoths dans ces régions les accueillit sans doute à bras ouverts, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion elle-même les salua comme <strong><strong>de</strong>s</strong> libérateurs. Marseille surtout leur fit<br />

un accueil chaleureux4, <strong>et</strong> il fut facile aux officiers <strong>de</strong> Théodoric <strong>de</strong> substituer<br />

partout le gouvernement <strong>de</strong> leur maître aux débris d’un régime écroulé.<br />

1 Comte Marcellin, Chronicon, a. 508, dans M G. H., Auctores antiquissimi, XI, p. 97 ;<br />

Cassiodore, Variarum, I, 16, <strong>et</strong> II, 36.<br />

2 Comte Marcellin, l. c.<br />

3 Par exemple pour Binding, Das Burgundisch-Romanische Kœnigreich, p. 202.<br />

Cependant <strong>la</strong> vérité avait déjà été entrevue par Vic <strong>et</strong> Vaiss<strong>et</strong>te, Histoire générale du<br />

Languedoc, t. I, p. 218 ; <strong>de</strong> nos jours elle l’a été par Pétigny, II, p. 526, par Gasqu<strong>et</strong>,<br />

l’Empire byzantin <strong>et</strong> <strong>la</strong> monarchie franque, p. 133, par Dahn, Die Kœnige <strong>de</strong>r Germanen,<br />

t. V, p. 113, <strong>et</strong> enfin, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> publication <strong>de</strong> ce livre, par Malnory, Saint Césaire, p. 92,<br />

par Hartmann, Das Italienische Kœnigreich, Leipzig 1897, p ; 160, par Arnold, Cæsarius<br />

von Are<strong>la</strong>te, p. 245, <strong>et</strong> par W. Schultze, Das Merovingische Frankenreich, p. 74.<br />

4 Cassiodore, Variarum, III, 34.

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