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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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Venant <strong>de</strong> <strong>la</strong> Septimanie, les Francs <strong>et</strong> les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> commencèrent par ravager<br />

toute <strong>la</strong> campagne d’Arles située sur <strong>la</strong> rive droite. Puis ils se répandirent sur <strong>la</strong><br />

rive gauche, où ils firent les mêmes dégâts, <strong>et</strong> se mirent en <strong>de</strong>voir d’investir<br />

étroitement <strong>la</strong> ville. Il y avait alors, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’enceinte <strong>et</strong> au pied même <strong>de</strong><br />

ses murailles, un établissement religieux inachevé encore ; où Césaire se<br />

proposait <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r un monastère <strong>de</strong> femmes dont il réservait <strong>la</strong> direction à sa<br />

sœur Césarie. Ce couvent était l’œuvre <strong>de</strong> prédilection du saint : lui-même, en<br />

vrai moine, n’avait pas craint d’y prendre sa part <strong><strong>de</strong>s</strong> plus ru<strong><strong>de</strong>s</strong> travaux, peinant<br />

comme un simple ouvrier à <strong>la</strong> sueur <strong>de</strong> son front. Il eut <strong>la</strong> douleur <strong>de</strong> voir c<strong>et</strong><br />

édifice, qui lui était si cher, tomber sous les coups <strong><strong>de</strong>s</strong> assiégeants, qui en<br />

employèrent les matériaux à leurs travaux <strong>de</strong> circonval<strong>la</strong>tion1. A le voir ainsi<br />

traité par l’ennemi, pouvait-on encore avec quelque raison soutenir ; qu’il était<br />

<strong>de</strong> connivence avec eux ? Non, certes2. Mais les opiniâtres soupçons dont il était<br />

<strong>la</strong> victime ne se <strong>la</strong>issèrent pas dissiper, <strong>et</strong> un inci<strong>de</strong>nt fâcheux vint, peu après,<br />

leur donner une apparence <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment.<br />

Pendant qu’on poussait le siège avec vigueur, un jeune clerc, parent <strong>de</strong> l’évêque,<br />

se <strong>la</strong>issa <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre nuitamment par une cor<strong>de</strong> du haut <strong><strong>de</strong>s</strong> remparts <strong>et</strong> gagna le<br />

camp ennemi. Il pouvait sembler difficile <strong>de</strong> reprocher à saint Césaire c<strong>et</strong> acte <strong>de</strong><br />

lâch<strong>et</strong>é comme une trahison dont il aurait été le complice, <strong>et</strong> c’était faire peu<br />

d’honneur à son habil<strong>et</strong>é que <strong>de</strong> lui attribuer pour instrument son commensal <strong>et</strong><br />

son propre parent. Mais <strong>la</strong> passion politique ne raisonne pas. Les juifs <strong>et</strong> les<br />

ariens feignirent <strong>de</strong> tenir <strong>la</strong> preuve évi<strong>de</strong>nte d’un complot ourdi par l’évêque pour<br />

livrer <strong>la</strong> ville à l’ennemi ; ils firent grand bruit <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt, <strong>et</strong> ils parvinrent à<br />

provoquer une sédition dans <strong>la</strong>quelle les enfants d’Israël s’agitèrent <strong>et</strong> firent<br />

preuve d’une patriotique indignation contre l’évêque. Ce fut chose décidée :<br />

Césaire était un traître ; c’était par son ordre <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa part que le clerc transfuge<br />

était allé s’entendre avec les assiégeants ; il fal<strong>la</strong>it châtier <strong>la</strong> trahison <strong>et</strong> veiller au<br />

salut <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Les têtes ainsi échauffées, on courut arracher le saint à sa<br />

<strong>de</strong>meure près <strong>de</strong> son église ; sa maison <strong>et</strong> même sa chambre furent remplies <strong>de</strong><br />

soldats, <strong>et</strong> l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> Goths poussa l’insolence jusqu’à prendre possession <strong>de</strong> son<br />

lit. Les plus exaltés avaient proposé <strong>de</strong> noyer le saint dans le Rhône ; mais, au<br />

moment d’exécuter ce proj<strong>et</strong>, on recu<strong>la</strong> <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> gravité d’un pareil attentat, <strong>et</strong><br />

on imagina d’emmener le prisonnier sous bonne gar<strong>de</strong> à Beaucaire, en amont <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ville sur le Rhône, qui, comme on l’a vu plus haut, était resté au pouvoir <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Visigoths. Mais, comme les <strong>de</strong>ux rives du fleuve étaient occupées par les<br />

assiégeants, <strong>et</strong> qu’ils avaient peut-être <strong><strong>de</strong>s</strong> bateaux croisant dans ses eaux, le<br />

dromon qui portait l’évêque n’osa pas risquer un voyage aussi dangereux. Il<br />

fallut donc le ramener dans <strong>la</strong> ville, où il fut j<strong>et</strong>é dans les cachots souterrains du<br />

prétoire. Tout ce<strong>la</strong> s’était passé <strong>la</strong> nuit, <strong>et</strong> peut-être n’avait on voulu, en simu<strong>la</strong>nt<br />

le voyage <strong>de</strong> Beaucaire, que donner le change à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion catholique, qui<br />

s’inquiétait <strong>de</strong> ce que <strong>de</strong>venait son pasteur. De fait, elle n’apprit pas ce qu’on<br />

avait fait <strong>de</strong> lui, ni même s’il était encore vivant3.<br />

A quelque temps <strong>de</strong> là, un autre inci<strong>de</strong>nt, d’une nature plus sérieuse, vint<br />

détourner le cours <strong><strong>de</strong>s</strong> préoccupations popu<strong>la</strong>ires, <strong>et</strong> faire oublier l’animosité<br />

qu’on avait contre le saint. Un juif, qui se trouvait <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> sur les remparts,<br />

imagina <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncer aux ennemis, en guise <strong>de</strong> projectile, une pierre à <strong>la</strong>quelle il<br />

1 Vita sancti Cæsarii, Mabillon, o. c., p. 641.<br />

2 Arnold, Cæsarius von Are<strong>la</strong>te, p. 247.<br />

3 Vita sancti Cæsarii, I, 15, dans Mabillon, I, p. 641. Cf. Arnold, Cæsarius von Are<strong>la</strong>te, p.<br />

248, note 808.

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