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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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l’Empire était une proie que se disputaient ses défenseurs <strong>et</strong> ses ennemis. Dans<br />

<strong>de</strong> pareilles conditions, à quoi servait <strong>la</strong> valeur militaire d’un empereur ? Les<br />

victoires ne faisaient qu’ajourner <strong>la</strong> crise, elles ne <strong>la</strong> conjuraient pas. On le vit<br />

bien à <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Probus. Sans perdre <strong>de</strong> temps, les hor<strong><strong>de</strong>s</strong> franques se<br />

répandirent <strong>de</strong> nouveau sur <strong>la</strong> Gaule septentrionale, l’assail<strong>la</strong>nt par terre <strong>et</strong> par<br />

mer à <strong>la</strong> fois, car on a vu que parmi ces peuples il y en avait qui étaient<br />

familiarisés avec les flots, <strong>et</strong> que n’effrayaient pas les hasards <strong>de</strong> <strong>la</strong> navigation <strong>la</strong><br />

plus lointaine.<br />

Dioclétien eut le mérite <strong>de</strong> comprendre que, pour sauver l’Empire, c’étaient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réformes intérieures <strong>et</strong> non <strong><strong>de</strong>s</strong> succès militaires qu’il fal<strong>la</strong>it. Il ne vit pas <strong>la</strong> vraie<br />

cause du mal dont mourait l’État, parce qu’elle était trop haute <strong>et</strong> trop lointaine<br />

pour se <strong>la</strong>isser découvrir par <strong>la</strong> perspicacité <strong>de</strong> l’homme politique, mais il se<br />

rendit parfaitement compte <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes par lesquels se traduisait son<br />

influence sur <strong>la</strong> vie publique du mon<strong>de</strong> romain. Devant les difficultés intérieures,<br />

les plus bril<strong>la</strong>nts succès militaires restaient inefficaces : à quoi servaient les<br />

victoires d’un Probus, puisque, grâce à l’électivité <strong>de</strong> l’empereur, le bras d’un<br />

vulgaire assassin pouvait décapiter l’Empire <strong>et</strong> le j<strong>et</strong>er sans défense aux pieds <strong>de</strong><br />

l’ennemi ? D’autre part, il n’était plus possible qu’un seul homme, quelle que fût<br />

sa supériorité, tînt tête à <strong><strong>de</strong>s</strong> adversaires qui étaient disséminés <strong>de</strong>puis les<br />

rivages <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer du Nord jusqu’aux bords <strong>de</strong> l’Euphrate. Il fal<strong>la</strong>it donc, avant<br />

tout, assurer <strong>la</strong> transmission régulière du pouvoir <strong>et</strong> alléger les charges <strong>de</strong><br />

l’empereur. Toute <strong>la</strong> réforme <strong>de</strong> Dioclétien pivota sur ce double principe, <strong>et</strong> vint<br />

se concentrer dans l’établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> tétrarchie. Désormais, tout en<br />

conservant l’in<strong><strong>de</strong>s</strong>tructible unité qui était sa force <strong>et</strong> sa raison d’être, l’Empire<br />

partagea entre <strong>de</strong>ux Augustes le far<strong>de</strong>au <strong><strong>de</strong>s</strong> sollicitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>la</strong>beurs du trône,<br />

<strong>et</strong> il leur adjoignit <strong>de</strong>ux Césars, cooptés par eux-mêmes, qui <strong>de</strong>vaient être leurs<br />

lieutenants <strong>de</strong> leur vivant <strong>et</strong> leurs successeurs après leur mort. Telle était <strong>la</strong><br />

réforme, suggérée par les nécessités contemporaines, <strong>et</strong> qui pouvait, dans une<br />

certaine mesure, se réc<strong>la</strong>mer <strong><strong>de</strong>s</strong> illustres exemples donnés, sous <strong>la</strong> dynastie<br />

antonine, par le plus beau siècle <strong>de</strong> l’Empire. Œuvre d’un génie sagace <strong>et</strong><br />

pondéré, elle a incontestablement produit <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats considérables. Si le<br />

quatrième siècle est parvenu à enrayer l’affreux travail <strong>de</strong> décomposition<br />

politique <strong>et</strong> sociale du troisième, il le doit en gran<strong>de</strong> partie à un ensemble <strong>de</strong><br />

mesures qui ont conjuré les crises dynastiques <strong>et</strong> facilité <strong>la</strong> défense <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

provinces. Sans doute, le remè<strong>de</strong> était purement empirique, <strong>et</strong> son efficacité ne<br />

dura qu’un temps ; mais, appliqué à une <strong><strong>de</strong>s</strong> heures les plus critiques dans <strong>la</strong> vie<br />

dé« l’État romain, il peut être considéré comme une <strong>de</strong> ces inspirations du génie<br />

qui, sur les champs <strong>de</strong> bataille, rétablissent soudain les chances d’une armée<br />

fléchissante, en améliorant ses positions stratégiques.<br />

Il était temps, car <strong>la</strong> Gaule était à <strong>de</strong>ux doigts <strong>de</strong> sa perte. A l’intérieur, <strong>la</strong><br />

révolte <strong><strong>de</strong>s</strong> Bagau<strong><strong>de</strong>s</strong> remplissait tout le <strong>pays</strong> <strong>de</strong> troubles <strong>et</strong> <strong>de</strong> violences. Au<br />

<strong>de</strong>hors, <strong>la</strong> ligne <strong><strong>de</strong>s</strong> frontières cédait <strong>de</strong> nouveau sous l’assaut d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

peup<strong>la</strong><strong><strong>de</strong>s</strong>. A côté <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> A<strong>la</strong>mans, ennemis <strong>de</strong> vieille date,<br />

apparaissaient les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, les Hérules, les Chaibons, d’autres encore1. La<br />

mer elle-même était sillonnée par <strong><strong>de</strong>s</strong> multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> d’embarcations saxonnes <strong>et</strong><br />

franques qui pil<strong>la</strong>ient les rivages. Les empereurs avaient confié le<br />

comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> <strong>la</strong> flotte romaine à un Ménapien du nom <strong>de</strong> Carausius, qui<br />

connaissait <strong>la</strong> navigation pour l’avoir pratiquée dans sa jeunesse. Établi à<br />

Boulogne, à l’entrée du détroit par lequel les pirates barbares pénétraient dans <strong>la</strong><br />

1 Panegyr. <strong>la</strong>t., II, 5.

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