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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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LIVRE QUATRIÈME.<br />

I. — LA GUERRE DE BURGONDIE.<br />

Maître du royaume le plus vaste <strong>et</strong> le plus soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Europe, Clovis était <strong>de</strong>venu<br />

l’arbitre <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt. Seul, parmi les souverains <strong>de</strong> son voisinage, il se sentait<br />

vraiment roi. Les Francs barbares vénéraient en lui le représentant le plus<br />

glorieux <strong>de</strong> leur dynastie nationale ; les Francs <strong>de</strong> race Gallo-romaine1 le<br />

saluaient comme le défenseur <strong>de</strong> leur foi <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur civilisation. Il pouvait, sans<br />

inquiétu<strong>de</strong>, tourner toute son attention du côté du midi ; en arrière <strong>de</strong> lui il<br />

n’avait que <strong><strong>de</strong>s</strong> alliés, dans son royaume que <strong><strong>de</strong>s</strong> suj<strong>et</strong>s fidèles. Il n’en était pas<br />

<strong>de</strong> même <strong>de</strong> ses voisins, les rois visigoths, ostrogoths ou burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>. En<br />

Burgondie, tout spécialement, le trône était assiégé <strong>de</strong> soucis sans nombre, <strong>et</strong> le<br />

roi ne pouvait envisager sans inquiétu<strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynastie. Les troubles<br />

confessionnels étaient à l’ordre du jour, <strong>la</strong> défiance sévissait entre indigènes <strong>et</strong><br />

barbares ; au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille royale elle-même régnaient <strong><strong>de</strong>s</strong>` dissensions<br />

fatales. Il y avait là autant d’invitations tacites à l’intervention étrangère. Jeune,<br />

ambitieux, chef d’un peuple belliqueux, conscient du courant <strong>de</strong> sympathies qui<br />

du fond <strong><strong>de</strong>s</strong> royaumes ariens dirigeait vers lui les espérances catholiques, Clovis<br />

ne pouvait manquer <strong>de</strong> répondre avec empressement à un appel explicite qui lui<br />

viendrait <strong>de</strong> Burgondie. C<strong>et</strong> appel ne tarda pas à se faire entendre, <strong>et</strong> il partit <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> dynastie burgon<strong>de</strong> elle-même.<br />

Le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> avait eu, dès l’origine, une <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée bizarre <strong>et</strong> semée<br />

<strong>de</strong> vicissitu<strong><strong>de</strong>s</strong>. En 413, à <strong>la</strong> suite <strong><strong>de</strong>s</strong> troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> invasion, les<br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> étaient parvenus à passer jusque sur <strong>la</strong> rive gauche du Rhin, où<br />

Worms était <strong>de</strong>venue leur capitale. Là, au contact <strong><strong>de</strong>s</strong> indigènes catholiques, une<br />

partie d’entre eux avait embrassé <strong>la</strong> foi romaine2, <strong>et</strong> l’on eût pu croire qu’ils<br />

étaient appelés à remplir quelque gran<strong>de</strong> mission dans l’histoire du mon<strong>de</strong><br />

naissant. Les traditions épiques <strong>de</strong> l’Allemagne ont conservé le souvenir <strong>de</strong> ce<br />

premier royaume burgon<strong>de</strong>, <strong>et</strong> le poème <strong><strong>de</strong>s</strong> Niebelungen a enchâssé dans ses<br />

récits <strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> <strong>la</strong> bril<strong>la</strong>nte cour <strong>de</strong> Worms, où trois rois jeunes <strong>et</strong><br />

vail<strong>la</strong>nts régnaient entourés d’un peuple <strong>de</strong> héros. Mais le royaume <strong>de</strong> Worms<br />

n’eut qu’une existence éphémère. Aétius, en 435, infligea à l’armée burgon<strong>de</strong><br />

une défaite sang<strong>la</strong>nte, dans <strong>la</strong>quelle périt le roi Gunthar, <strong>et</strong>, <strong>de</strong>ux ans après, les<br />

Huns, sans doute excités Par lui, exterminèrent presque le reste. C’est ce <strong>de</strong>rnier<br />

désastre qui est <strong>de</strong>venu plus tard, dans l’épopée germanique, le massacre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

héros burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> à <strong>la</strong> cour d’Atti<strong>la</strong>. Il était cependant <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> l’Empire <strong>de</strong><br />

conserver les débris d’une nation qui lui avait déjà rendu <strong><strong>de</strong>s</strong> services dans sa<br />

lutte contre les A<strong>la</strong>mans, <strong>et</strong> qui avait toujours fait preuve <strong>de</strong> dispositions plus<br />

bienveil<strong>la</strong>ntes que les autres barbares. En 443, il accueillit donc sur son territoire<br />

les Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong> fugitifs, <strong>et</strong> leur assigna sur les <strong>de</strong>ux rives du Rhône, avec Genève<br />

pour capitale <strong>et</strong>, à peu près pour centre, <strong>la</strong> région montagneuse alors connue<br />

sous le nom <strong>de</strong> Sapaudia3. Ce fut là le noyau du <strong>de</strong>uxième royaume <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>. Les barbares s’y établirent <strong>et</strong> partagèrent le sol avec les propriétaires<br />

1 Voir pour <strong>la</strong> justification <strong>de</strong> ce terme mon mémoire sur La France <strong>et</strong> les Francs dans <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ngue politique du moyen âge. (Revue <strong><strong>de</strong>s</strong> questions historiques, t. 57.)<br />

2 Paul Orose, VII, 32.<br />

3 Longnon, p. 69 ; Binding, pp. 16 <strong>et</strong> suiv.

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