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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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donné plusieurs enfants. Clovis, à ce qu’il paraît, fut son fils unique ; mais il avait<br />

trois filles, peut-être les aînées <strong>de</strong> ce prince, qui s’appe<strong>la</strong>ient Lanthil<strong>de</strong>, Alboflè<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> Aldoflè<strong>de</strong>, <strong>et</strong> que nous r<strong>et</strong>rouverons dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te histoire. Childéric<br />

fut enlevé aux siens par une mort prématurée : il mourut à Tournai en 481. Il ne<br />

<strong>de</strong>vait avoir guère plus <strong>de</strong> quarante ans, puisqu’il était encore enfant lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

terrible invasion <strong>de</strong> 451.. Son père Mérovée n’avait pas eu une existence plus<br />

longue, <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> ses <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants fut tranchée en général par une fin plus<br />

brusque encore. Le dieu qui, au dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition franque, était l’auteur <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te race royale, ne lui avait pas même légué <strong>la</strong> vitalité moyenne <strong><strong>de</strong>s</strong> autres<br />

mortels : tant qu’elle dura, ses rej<strong>et</strong>ons semblèrent pressés <strong>de</strong> passer du<br />

berceau sur le trône, <strong>et</strong> du trône au tombeau.<br />

On fit à Childéric <strong><strong>de</strong>s</strong> funérailles royales. Selon les prescriptions <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi romaine,<br />

sa tombe fut creusée hors ville, dans le cim<strong>et</strong>ière qui longeait <strong>la</strong> chaussée<br />

publique sur <strong>la</strong> rive droite <strong>de</strong> l’Escaut, <strong>et</strong> qui sans doute abritait <strong>de</strong>puis<br />

longtemps <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Tournai. Toute <strong>la</strong> pompe du rite barbare paraît avoir<br />

été déployée dans <strong>la</strong> funèbre cérémonie. Il fut revêtu d’habits <strong>de</strong> soie brochée<br />

d’or, <strong>et</strong> drapé dans les <strong>la</strong>rges plis d’un manteau <strong>de</strong> pourpre semé d’abeilles d’or<br />

sans nombre. A son ceinturon, garni <strong>de</strong> clous <strong>de</strong> même métal, on suspendit une<br />

bourse contenant plus <strong>de</strong> trois cents monnaies d’or <strong>et</strong> d’argent aux effigies <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

empereurs romains. On lui mit au cou un collier formé <strong>de</strong> médailles, au bras un<br />

bracel<strong>et</strong>, au doigt sa bague nuptiale <strong>et</strong> son anneau sigil<strong>la</strong>ire, dont le chaton était<br />

orné <strong>de</strong> son image gravée en creux, avec c<strong>et</strong>te légen<strong>de</strong> : Childirici regis. Ses<br />

armes prirent p<strong>la</strong>ce à côté <strong>de</strong> lui comme <strong><strong>de</strong>s</strong> compagnes inséparables : c’étaient,<br />

d’une part, <strong>la</strong> framée ou <strong>la</strong>nce royale, qui était comme le sceptre du roi germain<br />

; <strong>de</strong> l’autre, sa gran<strong>de</strong> épée <strong>et</strong> <strong>la</strong> francisque ou hache d’armes, l’instrument<br />

national du peuple qu’il gouvernait. Conformément à l’usage barbare, il reçut<br />

pour compagnon dans le tombeau son fidèle cheval <strong>de</strong> bataille, qui <strong><strong>de</strong>s</strong>cendit à<br />

côté <strong>de</strong> lui harnaché <strong>et</strong> revêtu du masque bizarre qui faisait ressembler sa tête à<br />

une tête <strong>de</strong> taureau. Puis <strong>la</strong> terre se referma <strong>et</strong> l’oubli <strong><strong>de</strong>s</strong>cendit peu à peu sur le<br />

<strong>de</strong>rnier roi païen <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs. Lorsque les <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation eurent arraché <strong>la</strong><br />

dynastie à son berceau <strong>et</strong> le peuple franc à <strong>la</strong> religion <strong>de</strong> ses pères, nul ne se<br />

souvint plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> tombe solitaire où le père <strong>de</strong> Clovis dormait son <strong>de</strong>rnier<br />

sommeil aux portes d’une capitale abandonnée. On ne savait pas même où il<br />

était mort, <strong>et</strong> un historien du dixième siècle pouvait écrire que c’était à Amiens1.<br />

Près <strong>de</strong> douze siècles s’étaient passés lorsqu’un jour, — le 27 mai 1653, — en<br />

creusant pour faire les fondations d’un bâtiment près <strong>de</strong> l’église Saint-Brice à<br />

Tournai, <strong><strong>de</strong>s</strong> ouvriers mirent à nu <strong>la</strong> sépulture royale. Reconnue aussitôt, grâce à<br />

l’inscription <strong>de</strong> l’anneau, elle dut restituer aux archéologues tout le trésor qui lui<br />

avait été confié par les ancêtres barbares. C<strong>et</strong>te précieuse découverte a permis<br />

d’achever l’histoire <strong>de</strong> Childéric, <strong>et</strong> j<strong>et</strong>te sur les funérailles du héros une lumière<br />

que <strong>la</strong> fortune a refusée à sa vie2.<br />

Tel est le Childéric <strong>de</strong> l’histoire, celui qui a j<strong>et</strong>é les bases du trône <strong>de</strong> son fils. S’il<br />

est juste d’appeler Clovis un nouveau Constantin, comme l’ont fait les <strong>hommes</strong><br />

<strong>de</strong> son temps, Childéric méritera d’être comparé à Constance Chlore. C’est <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>rge bienveil<strong>la</strong>nce, c’est <strong>la</strong> sympathie instinctive du père pour l’idée chrétienne<br />

<strong>et</strong> son respect pour ses représentants, qui ont créé entre les popu<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

famille mérovingienne un lien d’affection <strong>et</strong> <strong>de</strong> confiance anticipées. Si les<br />

1 Roricon, dans dom Bouqu<strong>et</strong>, III, p. 5.<br />

2 Lire, sur le tombeau <strong>de</strong> Childéric, J.-J. Chill<strong>et</strong>, Anastasis Chil<strong>de</strong>rici I Francorum regis,<br />

<strong>et</strong>c., Anvers, 1655. — Abbé Coch<strong>et</strong>, le Tombeau <strong>de</strong> Childéric Ier, Paris, 1859.

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