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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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II. — LA CONTROVERSE SUR LE BAPTÊME DE CLOVIS.<br />

Pour ne pas scin<strong>de</strong>r d’une manière fâcheuse l’historique du baptême <strong>de</strong> Clovis,<br />

j’ai rej<strong>et</strong>é à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> ce chapitre l’exposé d’une théorie très radicale qui a été<br />

défendue à plusieurs reprises, dans ces <strong>de</strong>rniers temps, au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong><br />

événement. Selon les érudits qui préconisent c<strong>et</strong>te théorie, le baptême <strong>de</strong> Clovis<br />

n’aurait rien <strong>de</strong> commun avec le vœu fait sur le champ <strong>de</strong> bataille, <strong>et</strong> il faudrait<br />

écarter comme légendaire le récit <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours. Examinons leurs raisons.<br />

M. Krusch (Zwei Heiligenleben <strong><strong>de</strong>s</strong> Jonas von Susa ; dans Mittheilungen <strong><strong>de</strong>s</strong> Instituts für<br />

œsterreichische Geschichtsforschung, t. XIV) oppose à Grégoire <strong>de</strong> Tours <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong><br />

saint Nizier <strong>de</strong> Trèves à Clotsin<strong>de</strong>, p<strong>et</strong>ite-fille <strong>de</strong> Clovis <strong>et</strong> femme d’Alboïn, roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Lombards. Dans c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre, le saint exhorte <strong>la</strong> reine à tâcher <strong>de</strong> convertir<br />

Alboïn, comme sa grand’mère Clotil<strong>de</strong> a autrefois converti Clovis. Celui-ci, en<br />

homme avisé qu’il était, ne voulut pas se <strong>la</strong>isser convaincre avant d’avoir<br />

reconnu <strong>la</strong> vérité <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles catholiques ; l’ayant reconnue, il s’agenouil<strong>la</strong><br />

humblement dans l’église <strong>de</strong> Saint-Martin <strong>et</strong> promit <strong>de</strong> se <strong>la</strong>isser baptiser sans<br />

r<strong>et</strong>ard. » V. le texte ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus t. I, p. 323, note. M. Krusch déduit <strong>de</strong> ce passage<br />

: 1° que Clovis a été baptisé à Tours ; 2° que son baptême n’a rien <strong>de</strong> commun<br />

avec <strong>la</strong> bataille <strong><strong>de</strong>s</strong> A<strong>la</strong>mans. Nous avons déjà montré en son lieu l’inanité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

première conclusion. Quant à <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, nous ferons remarquer que saint Nizier<br />

ne veut nullement raconter le baptême <strong>de</strong> Clovis, <strong>et</strong> qu’il a tenu à rappeler à<br />

Clotsin<strong>de</strong> comment il s’est <strong>la</strong>issé persua<strong>de</strong>r <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion catholique :<br />

c’est, dit-il, après avoir reconnu <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> ses miracles. Tout lecteur non<br />

prévenu accor<strong>de</strong>ra que ce passage ne prouve rien contre le vœu du champ <strong>de</strong><br />

bataille : tout au contraire, ou aurait le droit <strong>de</strong> soutenir qu’il y fait allusion, car<br />

enfin, quel miracle pouvait paraître à Clovis plus persuasif que celui <strong>de</strong> sa victoire<br />

? Chose étonnante ! M. Krusch croit que son interprétation est confirmée par le<br />

passage <strong>de</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Avitus où ce pré<strong>la</strong>t écrit qu’en vain les sectateurs <strong>de</strong><br />

l’hérésie ont essayé <strong>de</strong> voiler aux yeux <strong>de</strong> Clovis l’éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité chrétienne<br />

par <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs opinions contradictoires. Ce<strong>la</strong> prouverait, selon M.<br />

Krusch, que Clovis n’a été empêché <strong>de</strong> se faire chrétien que par les divisions<br />

confessionnelles au sein du christianisme, <strong>et</strong> que, partant, le récit <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong><br />

Tours appartient au domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fable : Es existirt folglich kein Zusammenhang<br />

zwischen <strong>de</strong>r Taufe und <strong>de</strong>r A<strong>la</strong>mannensch<strong>la</strong>cht. (p. 444.) De pareilles assertions<br />

portent leur réfutation en elles-mêmes. Le passage visé d’Avitus prouve que les<br />

ariens ont essayé <strong>de</strong> gagner Clovis à leur cause : en quoi ce<strong>la</strong> exclut-il le vœu du<br />

champ <strong>de</strong> bataille <strong>et</strong> sa conséquence naturelle, qui est le baptême du roi franc ?<br />

M. Krusch va plus loin, <strong>et</strong> par une série <strong>de</strong> raisonnements fal<strong>la</strong>cieux sur <strong>la</strong><br />

chronologie <strong><strong>de</strong>s</strong> l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> saint Avitus, croit pouvoir conclure que sa l<strong>et</strong>tre à<br />

Clovis est <strong>de</strong> 507, <strong>et</strong> que le baptême a eu lieu à Tours, après l’expédition contre<br />

les Visigoths. L’objection que dans ce cas Grégoire <strong>de</strong> Tours n’aurait pas ignoré<br />

une particu<strong>la</strong>rité si glorieuse pour son église, <strong>et</strong> qu’il se serait bien gardé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

passer sous silence, ne touche guère M, Krusch. Selon lui, Grégoire <strong>de</strong> Tours<br />

savait fort bien ln vérité, car il connaissait <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier ; s’il a<br />

soigneusement évité <strong>de</strong> prononcer le nom <strong>de</strong> sa ville épiscopale, c’est... par<br />

cléricalisme, parce qu’il fal<strong>la</strong>it, pour sa thèse, que Clovis fut déjà, catholique<br />

lorsqu’il remporta ses victoires sur les ariens Gon<strong>de</strong>baud <strong>et</strong> A<strong>la</strong>ric. Il me suffira<br />

d’avoir exposé <strong>la</strong> thèse ; je <strong>la</strong> réfuterais plus longuement si je croyais qu’il fût<br />

nécessaire, ou si je pouvais nie persua<strong>de</strong>r que M. Krusch <strong>la</strong> défend sérieusement.

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