clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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l’église <strong><strong>de</strong>s</strong> Saints-d’Or à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> richesse <strong>de</strong> ses mosaïques1. Une autre<br />
basilique suburbaine, celle <strong>de</strong> sainte Ursule <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses compagnes, était bien<br />
ancienne aussi, puisque, dès <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> moitié du quatrième siècle, elle fut<br />
reconstruite par un pieux fidèle du nom <strong>de</strong> Clematius2. Ces indications, que le<br />
hasard seul nous a conservées, nous perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> nous figurer les révé<strong>la</strong>tions<br />
que ferait l’histoire, s’il s’était trouvé à c<strong>et</strong>te époque, en Gaule, <strong><strong>de</strong>s</strong> annalistes<br />
pour raconter, comme faisaient ceux d’Orient, les progrès <strong>et</strong> les vicissitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />
l’Église <strong>de</strong> Dieu.<br />
Tout nous autorise à croire que les chrétientés <strong>de</strong> <strong>la</strong> première heure étaient en<br />
possession d’une organisation régulière. Si maigres que soient nos<br />
renseignements, ils nous font voir que tous les échelons <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie<br />
sacerdotale y sont occupés, <strong>et</strong> les prescriptions canoniques observées dans <strong>la</strong> vie<br />
du clergé. Nous avons déjà rencontré, sous <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 314, <strong><strong>de</strong>s</strong> diacres à Reims<br />
<strong>et</strong> à Cologne, <strong>et</strong> un exorciste à Trèves. Les inscriptions <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière ville<br />
mentionnent les noms <strong>de</strong> quelques ecclésiastiques encore : un prêtre Aufidius3,<br />
un diacre Augurinus4, un sous-diacre Ursinianus5, un portier Ursatius6. Nous<br />
constatons aussi que les clercs revêtus <strong>de</strong> l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres mineurs pouvaient être<br />
engagés dans les liens du mariage : les marbres nous font connaître le nom <strong>de</strong><br />
Lupu<strong>la</strong>, femme d’Ursinianus, <strong>et</strong> celui d’Exsuperius, fils d’Ursatius. Quant au<br />
prêtre Aufidius, <strong>la</strong> mention <strong>de</strong> sa femme Augurina <strong>et</strong> <strong>de</strong> son fils Augurinus<br />
prouve qu’il avait, lui aussi, une famille <strong>et</strong> un foyer ; mais Augurina ne prend sur<br />
le marbre funéraire que <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> sœur du défunt : chaste <strong>et</strong> touchante<br />
attestation <strong>de</strong> <strong>la</strong> continence gardée, au sein du mariage, par l’époux qui était<br />
<strong>de</strong>venu l’oint du Seigneur.<br />
Toutes les conditions sociales, toutes les professions, toutes les races se<br />
rencontraient dans le troupeau du Christ. Depuis que <strong>la</strong> doctrine du Nazaréen<br />
était <strong>de</strong>venue celle <strong><strong>de</strong>s</strong> empereurs convertis, ce<strong>la</strong> n’avait plus rien<br />
d’extraordinaire. Il serait donc oiseux d’énumérer les préf<strong>et</strong>s du prétoire <strong>et</strong> les<br />
consu<strong>la</strong>ires qui allèrent dormir l’éternel sommeil dans les cim<strong>et</strong>ières chrétiens <strong>de</strong><br />
Reims <strong>et</strong> <strong>de</strong> Trèves, à côté d’autres personnages <strong>de</strong> distinction dont les pierres<br />
tumu<strong>la</strong>ires nous ont conservé <strong>la</strong> mémoire. Mais ce qu’il importe <strong>de</strong> noter, c’est<br />
l’accession spontanée à l’Évangile d’un grand nombre <strong>de</strong> barbares entrés au<br />
service <strong>de</strong> l’Empire, <strong>et</strong> qui acceptèrent sa religion comme le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
civilisation romaine.<br />
Si, à c<strong>et</strong>te date, ils n’avaient pas obéi à l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>tiniser leurs noms<br />
germaniques, il est probable que nous en reconnaîtrions plus d’un dans le recueil<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> inscriptions chrétiennes du temps. Nous savons du moins que Silvanus, dont<br />
on a vu plus haut <strong>la</strong> fin tragique, était Franc d’origine, <strong>et</strong> nous avons le droit <strong>de</strong><br />
supposer le christianisme <strong>de</strong> ses compatriotes Ma<strong>la</strong>ric <strong>et</strong> autres, qui lui<br />
témoignèrent dans ses malheurs un si chaud <strong>et</strong> si stérile dévouement. C’est,<br />
sous un nom romain, un chrétien encore que ce centurion Em<strong>et</strong>erius, qui servit<br />
pendant vingt-cinq ans dans une cohorte (numerus) <strong>de</strong> Gentils, <strong>et</strong> dont on a<br />
r<strong>et</strong>rouvé <strong>la</strong> pierre au Drachenfels, près <strong>de</strong> Bonn, ornée, en signe <strong>de</strong> sa foi, du<br />
1 Saint Grégoire <strong>de</strong> Tours, Gloria Martyrum, c. 61.<br />
2 Klinkenberg dans Bonner Jahrbücher, t. LXXXVIII (1889).<br />
3 Leb<strong>la</strong>nt, Inscriptions chrétiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, t. I, n° 233, 341.<br />
4 Id., ibid., l. c.<br />
5 Id., ibid., n° 293, p. 396.<br />
6 Id., ibid., n° 292, p. 395.