clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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conséquent trop rapproché du pa<strong>la</strong>is1. On peut répondre, il est vrai, que le récit<br />
d’Hincmar n’a pas <strong>la</strong> valeur d’une source originale. Toute sa narration est<br />
empruntée, en substance, à Grégoire <strong>de</strong> Tours par l’intermédiaire <strong><strong>de</strong>s</strong> Gesta<br />
Francorum2 ; il y a seulement ajouté <strong><strong>de</strong>s</strong> traits légendaires <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
développements <strong>de</strong> pure imagination3. Il ne peut donc fournir <strong>la</strong> matière d’une<br />
objection sérieuse. Mais le récit <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours mérite plus d’égards, <strong>et</strong> s’il<br />
ne parle pas expressément d’un cortège, les termes dont il se sert paraissent du<br />
moins y faire allusion. Il nous représente <strong>la</strong> ville en fête, les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> rues <strong>et</strong> les<br />
églises richement pavoisées : Velis <strong>de</strong>pictis adumbrantur p<strong>la</strong>teæ, ecclesia cortinis<br />
albentibus adornantur4. Ces décorations ont dû être faites sur le passage <strong>de</strong><br />
Clovis ; or, entre l’évêché <strong>et</strong> le baptistère, il n’y avait pas <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce suffisante<br />
pour qu’un cortège pût se déployer ; on n’avait qu’un faible espace à franchir, <strong>et</strong><br />
l’on ne rencontrait sur son chemin ni ces rues, ni ces églises qui avaient pris une<br />
si bril<strong>la</strong>nte parure. Au contraire, si l’on adm<strong>et</strong> que le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs, avec sa<br />
suite, est parti <strong>de</strong> son pa<strong>la</strong>is, <strong>de</strong> <strong>la</strong> domus regia <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Basée, en suivant,<br />
pour gagner <strong>la</strong> cathédrale, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> rue qui conduisait jusqu’au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité,<br />
alors tout s’explique, <strong>la</strong> cérémonie s’accomplit d’une façon très naturelle, <strong>la</strong><br />
procession peut être admise <strong>et</strong> n’est plus l’obj<strong>et</strong> d’aucune discussion5.<br />
Nous avons attribué plus haut à l’église <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Basée, <strong>et</strong> non à <strong>la</strong> chapelle du<br />
pa<strong>la</strong>is, le legs fait dans le grand testament <strong>de</strong> saint Remi ecclesiæ Sancti P<strong>et</strong>ri<br />
infra urbem. C’est à elle aussi que nous assignons le legs <strong>de</strong> trois sous d’or fait<br />
au septième siècle par l’évêque Sonnace ad basilicam Sancti P<strong>et</strong>ri in civitate6, <strong>et</strong><br />
le don <strong>de</strong> l’évêque Landon à l’église Sancti P<strong>et</strong>ri ad cortem7. C<strong>et</strong>te cortis est bien<br />
incontestablement <strong>la</strong> curtis dominica nommée dans le grand testament.<br />
Il faut aussi sans doute i<strong>de</strong>ntifier avec c<strong>et</strong>te église l’ecclesia Sancti P<strong>et</strong>ri quæ est<br />
infra muros urbis Remensis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vie <strong>de</strong> sainte Clotil<strong>de</strong>8. Peut-être cependant, à<br />
<strong>la</strong> date assez tardive où écrivait l’auteur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vie, s’était-il déjà produit avec<br />
l’église Saint-Pierre-le-Vieil une confusion que nous verrons prendre corps à une<br />
époque plus avancée du moyen âge.<br />
La multiplicité <strong><strong>de</strong>s</strong> églises <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> chapelles consacrées à saint Pierre, qui<br />
existaient jadis à Reims, en rend souvent <strong>la</strong> distinction très difficile. Ainsi, quand<br />
l’auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vita sancti Gildardi, composée vers le dixième siècle <strong>et</strong> récemment<br />
mise en lumière par les Bol<strong>la</strong>ndistes9, parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> basilica Sancti P<strong>et</strong>ri quæ nunc<br />
dicitur ad pa<strong>la</strong>tium, nous ne saurions dire au juste quel édifice il a en vue. En<br />
raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong> ce texte, nous inclinons à croire qu’il s’agit ici <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />
du pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> l’archevêché.<br />
1 Notice sur le Baptême <strong>de</strong> Clovis, par M. le chanoine Cerf (1891), p. 6 <strong>et</strong> suiv.<br />
2 H. Schrörs, Hinkmar Erzbischof von Reims, p. 448.<br />
3 Pour ce qui concerne le récit <strong>de</strong> <strong>la</strong> cérémonie ; quant au lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Clovis<br />
<strong>et</strong> à l’oratoire <strong>de</strong> Saint-Pierre, il parait, comme nous l’avons dit, s’inspirer <strong>de</strong> traditions<br />
locales.<br />
4 Hist. Francorum, l. II, ch. XXXI.<br />
5 Le P. Jubaru, l. cit., p. 316-317.<br />
6 Flodoard, Hist., l. II, ch. V, Mon. Germ., t. XIII, p. 454.<br />
7 Ibid., l. II, ch. VI, Mon. Germ., t. XIII, p. 455. — L’évêque Sonnace, mourut le 20<br />
octobre 631, <strong>et</strong> Landon le 14 mars 649.<br />
8 Mon. Germ., Scriptores rerum merovingicarum, t. II ; Rec. <strong><strong>de</strong>s</strong> hist. <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, t. III,<br />
p. 401.<br />
9 Analecta Boll., t. VIII, p. 397.