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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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par le peuple visigoth lui-même. C’est l’aveugle <strong>et</strong> grossier fanatisme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

minorités barbares qui mène <strong>la</strong> campagne contre l’Église : l’État se borne à<br />

<strong>la</strong>isser faire, ou encore obéit à <strong>la</strong> pression qu’exercent sur lui les zé<strong>la</strong>teurs ariens.<br />

Voilà pourquoi, sous le règne d’A<strong>la</strong>ric plus encore que sous celui <strong>de</strong> son père, <strong>la</strong><br />

lutte religieuse revêt un caractère local. Telles régions semblent entièrement<br />

épargnées par <strong>la</strong> fièvre <strong><strong>de</strong>s</strong> violences : telles autres en souffrirent d’une manière<br />

ininterrompue. C’était le cas, notamment, <strong><strong>de</strong>s</strong> villes voisines <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière<br />

franque, où, à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> proximité d’un royaume orthodoxe, les catholiques se<br />

sentaient plus forts, <strong>et</strong> où les hérétiques se montraient plus défiants. Tours<br />

surtout, ce grand foyer religieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, où accouraient les fidèles <strong>de</strong> tous<br />

les <strong>pays</strong>, Tours, dont <strong>la</strong> province ecclésiastique était comprise presque tout<br />

entière dans le royaume <strong>de</strong> Clovis, <strong>de</strong>vait éveiller au plus haut <strong>de</strong>gré <strong>la</strong><br />

sollicitu<strong>de</strong> inquiète <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths. Comment le chef du troupeau catholique dans<br />

c<strong>et</strong> avant-poste du royaume hérétique eût-il pu être épargné par l’accusation <strong>de</strong><br />

trahison ? Il ne le fut pas. Saint Volusien, qui occupait alors le siège pontifical,<br />

fut chassé, emmené captif à Toulouse <strong>et</strong> traîné plus tard en Espagne, où il<br />

mourut dans les tribu<strong>la</strong>tions1. Son successeur Verus eut <strong>la</strong> même <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée : lui<br />

aussi fut accusé <strong>de</strong> conspirer avec les Francs, <strong>et</strong> arraché à son troupeau. Le<br />

vieux Ruricius <strong>de</strong> Limoges dut prendre à son tour le chemin <strong>de</strong> l’exil ; nous le<br />

r<strong>et</strong>rouvons à Bor<strong>de</strong>aux, où l’ombrageux tyran aimait à m<strong>et</strong>tre en observation les<br />

<strong>hommes</strong> qu’il poursuivait <strong>de</strong> ses injustes soupçons2.<br />

Mais <strong>de</strong> toutes les victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> jalousie <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, <strong>la</strong> plus illustre fut sans<br />

contredit le grand homme qui était alors métropolitain d’Arles, <strong>et</strong> <strong>la</strong> plus bril<strong>la</strong>nte<br />

lumière du royaume d’Aquitaine. Avec saint Remi <strong>et</strong> saint Avitus, saint Césaire<br />

forme <strong>la</strong> tria<strong>de</strong> sacrée en <strong>la</strong>quelle se résumaient alors toutes les gloires <strong>et</strong> toutes<br />

les forces <strong>de</strong> l’Église <strong><strong>de</strong>s</strong> Gaules. Il ne fut pas appelé, comme eux, à jouer un<br />

grand rôle politique : il ne <strong>de</strong>vint pas, comme Remi, le créateur d’une nation <strong>et</strong><br />

l’oracle d’un grand peuple, ni même, comme Avitus, le conseiller <strong>et</strong> l’ami d’un roi<br />

; mais comme docteur catholique <strong>et</strong> comme maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie spirituelle, il n’eut<br />

pas d’égal au sixième siècle. Pasteur du troupeau catholique dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ville<br />

romaine qui était tombée l’une <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rnières aux mains <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths, <strong>et</strong> entouré<br />

par les fidèles <strong>de</strong> son Église d’une vénération sans bornes, il ne pouvait guère<br />

échapper aux suspicions <strong><strong>de</strong>s</strong> ariens. Seulement, comme il était Burgon<strong>de</strong><br />

d’origine, étant né à Chalon-sur-Saône, <strong>et</strong> que les Francs étaient bien loin, c’est<br />

à ses anciens rois qu’il fut accusé <strong>de</strong> vouloir livrer sa ville. Ceux qui se sont fait<br />

l’écho <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te calomnie n’ont pas réfléchi que Gon<strong>de</strong>baud était arien, <strong>et</strong> qu’il n’y<br />

avait pas d’apparence qu’un évêque catholique trahît un monarque arien pour un<br />

autre3. Mais les passions ne raisonnent pas. Césaire était l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> haine <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

1 Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 26, <strong>et</strong> X, 31.<br />

2 Sur l’exil <strong>de</strong> Ruricius, voir ses Epistolæ, 17, <strong>et</strong> sur son séjour à Bor<strong>de</strong>aux, ibid., 33. Cf.<br />

<strong>la</strong> préface <strong>de</strong> Krusch, pp. LXIII-LXIV. Quant à saint Quentien <strong>de</strong> Ro<strong>de</strong>z, il ne fut pas chassé<br />

<strong>de</strong> son diocèse sous le règne d’A<strong>la</strong>ric II, car nous le voyons siéger aux conciles d’Ag<strong>de</strong> en<br />

506 <strong>et</strong> d’Orléans en 511 ; sa fuite à Clermont eut lieu quelques années après c<strong>et</strong>te date,<br />

pendant le temps que les Goths avaient momentanément repris le Rouergue. C’est<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 36, qui s’est trompé en antidatant ces événements. Voir A. <strong>de</strong><br />

Valois, I, p. 218 <strong>et</strong> suiv., <strong>et</strong> Longnon, p. 518.<br />

3 On est étonné <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver c<strong>et</strong>te accusation dans le livre d’Arnold, Cæsarius von<br />

Are<strong>la</strong>te, dont l’auteur fait généralement preuve d’indépendance d’esprit <strong>et</strong> d’une critique<br />

<strong>la</strong>rge <strong>et</strong> ferme. Selon Arnold, Césaire a rêvé <strong>de</strong> livrer Arles aux Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>, parce que,<br />

suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> Gon<strong>de</strong>baud, il aurait pu combattre avec plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> succès les

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