clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée
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APPENDICES.<br />
I. — LES SOURCES DE L’HISTOIRE DE CLOVIS.<br />
Dans les pages qui vont suivre, je me propose <strong>de</strong> donner au lecteur un aperçu<br />
compl<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> sources <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> Clovis. Il n’y sera pas question <strong>de</strong> tous les<br />
écrivains dans lesquels on peut trouver <strong><strong>de</strong>s</strong> renseignements généraux sur<br />
l’histoire du cinquième <strong>et</strong> du sixième siècle ; mais je signalerai tous les écrits où<br />
il est question <strong>de</strong> Clovis, j’en ferai connaître <strong>la</strong> valeur, <strong>et</strong> je dirai ce que <strong>la</strong><br />
critique mo<strong>de</strong>rne a fait pour en éluci<strong>de</strong>r <strong>la</strong> connaissance. Celui qui voudra<br />
contrôler ou refaire mon livre trouvera ici tous les moyens d’information triés <strong>et</strong><br />
c<strong>la</strong>ssés selon leur valeur respective.<br />
§ I. — CHRONIQUES.<br />
GRÉGOIRE DE TOURS.<br />
(Éd. Dom Ruinart, Paris, 1699 ; Arndt <strong>et</strong> Krusch, M. G. H., Scriptores Rerum<br />
Merovingicarum, t. I, Hanovre, 1881 ; Omont <strong>et</strong> Collon, Paris, 1886-1893.)<br />
L’Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours est <strong>de</strong> loin le plus important <strong>de</strong> tous<br />
les documents historiques re<strong>la</strong>tifs à Clovis. A elle seule, elle dépasse en<br />
importance <strong>et</strong> en intérêt tous les autres réunis. Si nous ne <strong>la</strong> possédions pas,<br />
c’est à peine si nous saurions <strong>de</strong> ce roi autre chose que son existence, <strong>et</strong> çà <strong>et</strong> là<br />
un trait curieux. Sans elle, ce livre n’aurait pu être écrit. Il est donc indispensable<br />
<strong>de</strong> connaître <strong>la</strong> valeur d’un témoignage si précieux.<br />
Grégoire <strong>de</strong> Tours, né à Clermont en Auvergne, vers 538, d’une famille<br />
patricienne apparentée aux plus illustres maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, grandit dans un<br />
milieu foncièrement romain ; mais l’éducation qu’il reçut dans sa ville natale,<br />
chez les évêques Gallus <strong>et</strong> Avitus, était plus ecclésiastique que mondaine, <strong>et</strong> le<br />
tourna beaucoup plus vers les l<strong>et</strong>tres sacrées que vers les poètes profanes. Sans<br />
ignorer l’antiquité c<strong>la</strong>ssique, il n’en fut pas nourri comme les écrivains l’avaient<br />
été avant lui, <strong>et</strong>, sous ce rapport, l’on peut dire qu’il représente dans <strong>la</strong><br />
littérature en <strong>la</strong>ngue <strong>la</strong>tine le premier <strong><strong>de</strong>s</strong> écrivains mo<strong>de</strong>rnes. Devenu évêque <strong>de</strong><br />
Tours en 573, il a été mêlé activement aux principaux événements <strong>de</strong> son temps<br />
; il a parcouru une bonne partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule, il s’est fait raconter l’histoire par<br />
ceux qui étaient à même <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaître, il a vu <strong>de</strong> près les rois <strong>et</strong> a vécu dans <strong>la</strong><br />
familiarité <strong>de</strong> plusieurs, il a dû à ses re<strong>la</strong>tions, à son esprit <strong>de</strong> recherche, une<br />
connaissance approfondie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule du sixième siècle, <strong>et</strong> son Histoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Francs a profité <strong>de</strong> tout ce<strong>la</strong>.<br />
Mais l’histoire <strong>de</strong> Clovis échappait à son regard. Clovis était mort <strong>de</strong>ux<br />
générations avant le moment où Grégoire prit <strong>la</strong> plume, <strong>et</strong> c’était un <strong>la</strong>ps <strong>de</strong><br />
temps considérable à une pareille époque, où les légen<strong><strong>de</strong>s</strong> défiguraient si<br />
rapi<strong>de</strong>ment <strong>la</strong> physionomie <strong><strong>de</strong>s</strong> événements. Grégoire ne trouva nulle part une<br />
biographie <strong>de</strong> Clovis conservée par écrit ; il lui fallut rassembler péniblement les<br />
rares notices qu’il lui fut donné <strong>de</strong> trouver dans les chroniqueurs du cinquième <strong>et</strong><br />
du sixième siècle, dans les vies <strong>de</strong> saints, <strong>et</strong> dans un p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> documents<br />
officiels. Avec ces débris incohérents, venus <strong>de</strong> toutes parts, il fit ce qu’il put, <strong>et</strong><br />
le récit qu’il a é<strong>la</strong>boré n’a cessé <strong>de</strong> dominer l’historiographie.