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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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l’ennemi, qui profite du sommeil <strong><strong>de</strong>s</strong> pasteurs pour fondre sur les brebis<br />

abandonnées1. Un <strong>de</strong> ces prédicateurs d’arianisme parmi les popu<strong>la</strong>tions<br />

catholiques était un certain Modahar, que l’évêque Basile, dans une discussion<br />

publique, réduisit au silence, ce qui lui valut les félicitations <strong>de</strong> son<br />

correspondant2. L’orthodoxie avait les mêmes luttes à soutenir en Burgondie, <strong>et</strong><br />

l’on voit par les l<strong>et</strong>tres <strong>de</strong> Sidoine que Patient <strong>de</strong> Lyon y défendit <strong>la</strong> vérité<br />

catholique avec autant d’énergie que Basile l’avait fait à Aix3. Les apôtres <strong>de</strong><br />

l’arianisme pénétrèrent-ils plus loin, <strong>et</strong> vinrent-ils disputer aussi à l’Église<br />

catholique les prémices <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation franque ? Nous avons déjà indiqué que ce<strong>la</strong><br />

n’est guère probable, <strong>et</strong> c’est seulement sur <strong>la</strong> foi <strong>de</strong> documents apocryphes<br />

qu’on a pu parler <strong>de</strong> l’arianisme <strong>de</strong> Cologne4 <strong>et</strong> <strong>de</strong> Tournai5. Mais ce que les<br />

missions ne faisaient pas, <strong>la</strong> diplomatie pouvait le faire, <strong>et</strong> l’on a vu que <strong>la</strong> sœur<br />

<strong>de</strong> Clovis avait été conquise à l’arianisme par les négociateurs du mariage <strong>de</strong><br />

Théodoric le Grand.<br />

Un peuple aussi ar<strong>de</strong>nt à propager sa foi chez les catholiques du <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>vait<br />

résister difficilement à <strong>la</strong> tentation <strong>de</strong> l’imposer à ceux du <strong>de</strong>dans, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

persécution religieuse était comme sa pente naturelle. Mais les premiers rois<br />

visigoths étaient trop fins politiques pour ne pas comprendre <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong><br />

ménager l’Église, <strong>et</strong> ils tinrent en bri<strong>de</strong> les impatiences sectaires <strong>de</strong> leurs<br />

compatriotes. Ils eurent <strong><strong>de</strong>s</strong> re<strong>la</strong>tions d’amitié avec plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong> grands pré<strong>la</strong>ts<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule méridionale ; c’est ainsi qu’Orientius, le saint évêque d’Auch, était le<br />

commensal <strong>de</strong> Théodoric Ier6, <strong>et</strong> que Théodoric II parvint, comme on l’a vu plus<br />

haut, à faire <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong> Sidoine Apollinaire. Quant au prince Frédéric, nous le<br />

voyons réc<strong>la</strong>mer auprès du pape Hi<strong>la</strong>ire contre une élection épiscopale<br />

irrégulière, <strong>et</strong> le pape parle <strong>de</strong> lui en l’appe<strong>la</strong>nt son fils7. Ces re<strong>la</strong>tions courtoises<br />

auraient pu continuer longtemps entre l’Église <strong>et</strong> les rois : <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux, côtés on y<br />

avait intérêt. Mais le fanatisme grossier <strong>et</strong> aveugle <strong><strong>de</strong>s</strong> masses barbares ne<br />

pouvait envisager sans défiance les preuves <strong>de</strong> respect que leurs souverains<br />

donnaient aux pré<strong>la</strong>ts ; elles y voyaient une trahison, elles attendaient d’eux<br />

qu’ils les aidassent dans leur conflit quotidien avec les orthodoxes. Pour résister<br />

à leur impatience, pour leur refuser les mesures <strong>de</strong> rigueur qu’elles réc<strong>la</strong>maient à<br />

grands cris, il eût fallu chez les rois une gran<strong>de</strong> somme <strong>de</strong> justice, <strong>de</strong> courage <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> c<strong>la</strong>irvoyance politique ; il leur eût fallu surtout une popu<strong>la</strong>rité bien assise, <strong>et</strong><br />

une autorité qui ne tremblât pas <strong>de</strong>vant le murmure <strong><strong>de</strong>s</strong> foules.<br />

Le moment vint où ces conditions ne se trouvèrent plus réunies sur le trône.<br />

Euric <strong>de</strong>vait sa couronne à un fratrici<strong>de</strong> ; il n’osa pas, en donnant un nouveau<br />

grief à son peuple, s’exposer à s’entendre rappeler l’ancien ; il fut persécuteur<br />

comme ses prédécesseurs avaient été tolérants, par raison d’État. Ce roi, qui se<br />

montra plein d’égards pour l’Auvergne récemment conquise, jusqu’au point <strong>de</strong> lui<br />

1 Sidoine Apollinaire, Epist., VII, 6.<br />

2 Id., ibid., l. l.<br />

3 Id., ibid., VI, 12.<br />

4 Le concile <strong>de</strong> Cologne, en 346, dans lequel Euphratas, évêque <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te ville, aurait été<br />

déposé pour crime d’arianisme à l’instance <strong>de</strong> saint Semais <strong>de</strong> Tongres, est une fiction<br />

dont je me propose <strong>de</strong> faire connaître un jour l’origine. Euphratas a été une victime <strong>et</strong><br />

non un fauteur <strong>de</strong> l’arianisme.<br />

5 Sur les sévices <strong><strong>de</strong>s</strong> ariens à Tournai <strong>et</strong> sur l’expulsion <strong><strong>de</strong>s</strong> catholiques, il n’y a d’autre<br />

témoignage que celui d’un Vita Eleutherii, qui n’est pas antérieur au XIe siècle, <strong>et</strong> qui<br />

manque <strong>de</strong> toute autorité. V. l’Appendice.<br />

6 Vita sancti Orientii dans les Bol<strong>la</strong>ndistes, t. I <strong>de</strong> mai.<br />

7 L<strong>et</strong>tre du pape Hi<strong>la</strong>ire à Léonce d’Arles dans Sirmond, Concil. Gall., I, p. 128.

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