27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

III. — LE LIEU DU BAPTÊME DE CLOVIS.<br />

La question du lieu où Clovis reçut le baptême n’est pas une simple affaire <strong>de</strong><br />

curiosité historique, livrée uniquement aux investigations <strong><strong>de</strong>s</strong> érudits. Le public<br />

lui-même, si peu attentif en général aux discussions purement scientifiques, ne<br />

saurait y rester indifférent. Ce problème ne s’impose pas seulement aux<br />

recherches <strong><strong>de</strong>s</strong> savants ; il intéresse aussi <strong>la</strong> piété <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles ; les uns <strong>et</strong> les<br />

autres ont toujours été désireux <strong>de</strong> connaître l’endroit précis où s’est accompli ce<br />

grand événement qui a eu une influence si décisive sur les <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées <strong>de</strong> l’Église<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. Dès le moyen âge, l’attention s’est portée sur ce point ; diverses<br />

solutions ont été proposées, <strong>et</strong> comme les procédés d’une critique rigoureuse<br />

étaient fort étrangers aux habitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque, on a tiré <strong>de</strong> quelques<br />

textes mal compris <strong><strong>de</strong>s</strong> conclusions arbitraires, <strong>et</strong> l’on a créé, à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’exactitu<strong>de</strong>, certains courants d’opinion qui se sont maintenus jusqu’à nos<br />

jours. Puisque ces erreurs ont trouvé longtemps du crédit, il est utile <strong>de</strong> les<br />

réfuter ; nous nous efforcerons donc <strong>de</strong> réviser <strong>la</strong> cause <strong>et</strong> d’établir <strong>de</strong> notre<br />

mieux <strong>la</strong> thèse que nous jugeons <strong>la</strong> seule vraie <strong>et</strong> <strong>la</strong> seule admissible, celle qui<br />

fait d’un baptistère dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Reims le théâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

conversion du roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs. C<strong>et</strong>te thèse n’est pas nouvelle : elle a été soutenue<br />

par <strong>la</strong> plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens érudit, en particulier par Marlot1, c<strong>et</strong> éminent<br />

bénédictin du dix-septième siècle, auquel nous <strong>de</strong>vons <strong>la</strong> meilleure <strong>et</strong> <strong>la</strong> plus<br />

approfondie <strong><strong>de</strong>s</strong> histoires <strong>de</strong> Reims, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> science actuelle confirme très<br />

souvent les décisions, là où son esprit judicieux n’a pas trop subi le prestige <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

traditions locales. Si l’opinion que nous soutenons est déjà vieille, — nous <strong>la</strong><br />

constaterons plus loin dès l’époque carolingienne, — <strong>la</strong> démonstration en peut<br />

être neuve : il est, en eff<strong>et</strong>, certains détails qui ont échappé à nos <strong>de</strong>vanciers, <strong>et</strong><br />

certaines confusions dont ils n’ont pas assez n<strong>et</strong>tement discerné l’origine.<br />

Aurons-nous réussi à compléter leurs recherches, <strong>et</strong> à faire <strong>la</strong> lumière sur ces<br />

points si obscurs ? Tel est au moins le but que nous nous sommes proposé.<br />

Avant d’entrer en matière, une première question <strong>de</strong>vrait appeler notre examen,<br />

si elle n’avait été traitée ici même par une plume plus autorisée que <strong>la</strong> nôtre :<br />

Clovis a-t-il été réellement baptisé à Reims ? C<strong>et</strong>te question, nous <strong>de</strong>vons le<br />

reconnaître, est <strong>de</strong> celles qui peuvent être controversées ; elle n’a pas pour elle<br />

<strong>de</strong> ces témoignages contemporains irrécusables qui suffisent à enlever toute<br />

incertitu<strong>de</strong>, <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre un fait historique hors <strong>de</strong> contestation. De nos jours, on<br />

l’a vu résoudre dans le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> négative, contrairement à l’opinion générale,<br />

par un érudit fort compétent dans les questions mérovingiennes2, <strong>et</strong> sa thèse a<br />

trouvé <strong>de</strong>puis assez <strong>de</strong> faveur près <strong>de</strong> <strong>la</strong> science alleman<strong>de</strong>. Mais nous ne<br />

saurions accepter c<strong>et</strong>te solution comme définitive, <strong>et</strong> les arguments présentés en<br />

sa faveur sont loin d’avoir c<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>rté qui fait naître une conviction absolue dans<br />

tout esprit impartial. L’un <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> plus soli<strong><strong>de</strong>s</strong> en apparence est tiré<br />

d’une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saint Nizier, évêque <strong>de</strong> Trèves, presque un contemporain <strong>de</strong><br />

1 M<strong>et</strong>ropolis Remensis historia, t. I, p. 159 ; cf. Hist. <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, cité <strong>et</strong> université <strong>de</strong><br />

Reims, t. II, p. 46.<br />

2 B. Krusch, Zwei Helligenleben <strong><strong>de</strong>s</strong> Jonas von Susa ; die ältere Vita Vedastis und die<br />

Taufe Chlodovechs, dans les Mittheilungen <strong><strong>de</strong>s</strong> Instituts für œsterreichische<br />

Geschichtsforschung, t. XIV, p. 441 <strong>et</strong> suiv. — Un doute sur le baptême <strong>de</strong> Clovis à<br />

Reims a déjà été émis au dix-septième siècle par les frères <strong>de</strong> Sainte-Marthe ; voy.<br />

Marlot, M<strong>et</strong>r. Rem. hist., t. I, p. 158.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!