27.06.2013 Views

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

l’hypothèse ne <strong>la</strong> garantit pas contre le contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> critique, <strong>et</strong> une longue<br />

possession ne parvient pas à créer <strong>de</strong> prescription dans l’histoire, au profit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

opinions qui n’ont pas <strong>de</strong> preuve formelle à invoquer.<br />

C’était en 496, <strong>la</strong> quinzième année du règne <strong>de</strong> Clovis1. Les annales franques<br />

n’ont accordé qu’une sèche mention au drame que nous allons raconter, mais les<br />

hagiographes du sixième siècle en ont mieux gardé <strong>la</strong> mémoire, <strong>et</strong> c’est à l’un<br />

d’eux que nous <strong>de</strong>vons d’en connaître au moins l’acte principal.<br />

La lutte fut acharnée. Sentant l’importance <strong>de</strong> l’enjeu <strong>et</strong> connaissant <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong><br />

l’adversaire, Clovis y avait engagé toutes ses troupes, auxquelles probablement<br />

s’étaient joints les contingents <strong><strong>de</strong>s</strong> Ripuaires. De leur côté, les A<strong>la</strong>mans doivent<br />

avoir mis en ligne <strong><strong>de</strong>s</strong> forces au moins aussi considérables, puisqu’ils purent<br />

ba<strong>la</strong>ncer <strong>la</strong> victoire <strong>et</strong> même, à un certain moment, faire plier les milices<br />

franques. Ils étaient <strong>de</strong> tout point dignes <strong>de</strong> se mesurer avec les vétérans <strong>de</strong><br />

Clovis. La furia alémanique était célèbre sur les champs <strong>de</strong> bataille : les A<strong>la</strong>mans<br />

se ruaient à <strong>la</strong> victoire avec un é<strong>la</strong>n qui renversait tout. Mis en présence <strong>de</strong><br />

rivaux dont les <strong>de</strong>rniers événements avaient grandi le nom <strong>et</strong> exalté l’orgueil, ils<br />

savaient qu’ils jouaient une partie suprême, <strong>et</strong> <strong>la</strong> conscience <strong>de</strong> <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te journée augmentait en eux <strong>la</strong> fièvre du combat,<br />

Déjà ils touchaient au terme <strong>de</strong> leurs ar<strong>de</strong>nts efforts. L’armée <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs<br />

commençait à fléchir, <strong>et</strong> une débanda<strong>de</strong> était imminente. Clovis, qui combattait à<br />

<strong>la</strong> tête <strong><strong>de</strong>s</strong> siens, s’aperçut qu’ils mollissaient, <strong>et</strong> qu’il ne parvenait plus à les<br />

ramener à l’assaut. Comme dans un éc<strong>la</strong>ir, il vit passer <strong>de</strong>vant ses yeux toutes<br />

les horreurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> défaite <strong>et</strong> tous les désastres <strong>de</strong> <strong>la</strong> fuite. Alors, sur le point <strong>de</strong><br />

périr, abandonné <strong>de</strong> ses dieux, qu’il avait invoqués vainement, il lui semb<strong>la</strong><br />

entendre en lui-même <strong>la</strong> voix aimée qui y était <strong><strong>de</strong>s</strong>cendue si souvent pour lui<br />

parler d’un Dieu meilleur <strong>et</strong> plus grand. En même temps, il voyait surgir, du fond<br />

<strong>de</strong> sa mémoire remplie <strong><strong>de</strong>s</strong> entr<strong>et</strong>iens <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong>, <strong>la</strong> figure <strong>de</strong> ce Christ si bon <strong>et</strong><br />

si doux, qui était, comme elle le lui avait dit, le vainqueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>et</strong> le prince<br />

L’hypothèse a d’ailleurs rencontré, dès le dix-septième siècle, une certaine opposition <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> part <strong><strong>de</strong>s</strong> savants belges ; Vredius, dans son Historiæ F<strong>la</strong>ndriæ christianæ, Bruges,<br />

1650, pp. 1 <strong>et</strong> 2, veut que <strong>la</strong> bataille ait eu lieu à Toul, puisque c’est par là que Clovis<br />

passa en r<strong>et</strong>ournant chez lui ; Henschen, dans ses notes sur <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> saint Vaast (Acta<br />

Sanctorum, t. I <strong>de</strong> février, p. 796 A), propose les environs <strong>de</strong> Strasbourg pour les mêmes<br />

raisons, <strong>et</strong> aussi parce que le Vita Vedasti p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> lutte sur les bords du Rhin. Mais ni l’un<br />

ni l’autre <strong>de</strong> ces savants n’a invoqué, contre Tolbiac, le vrai argument, qui est l’absence<br />

<strong>de</strong> toute preuve <strong>et</strong> le caractère purement hypothétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> version reçue. Toutefois,<br />

Tolbiac n’a cessé <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r quelques partisans, notamment A. Ruppersberg, Ueber Ort<br />

und Zeit von Chlodwigs A<strong>la</strong>mannens<strong>la</strong>cht, (Bonner Jahrbücher, 101, année 1897), qui,<br />

d’ailleurs, ne connaît que les travaux allemands.<br />

1 Actum anno 15 regni sui (Grégoire <strong>de</strong> Tours, II, 30). C<strong>et</strong>te mention, il est vrai, manque<br />

dans quelques manuscrits <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Tours, mais l’authenticité en est inattaquable.<br />

Ceux qui, dans les <strong>de</strong>rniers temps, ont voulu rapprocher <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire sur les<br />

A<strong>la</strong>mans, invoquent c<strong>et</strong>te circonstance que <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre par <strong>la</strong>quelle Théodoric félicite Clovis<br />

<strong>de</strong> ce triomphe n’a pas pu être écrite avant 507 (cf. Mommsen, M. G. H. Auctores<br />

antiquissimi, t. XII, pp. 27 <strong>et</strong> suiv.) ; ils en concluent qu’il faut p<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> bataille en 506<br />

(Vogel, Chlodwigs Sieg über die A<strong>la</strong>mannen und seine Taufe, dans Historische Zeitschrift,<br />

t. LVI). Mais toute difficulté disparaît si l’on distingue <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

l<strong>et</strong>tre ; c<strong>et</strong>te distinction s’impose d’ailleurs, comme l’a montré Mommsen, o. c., pp. 32 <strong>et</strong><br />

suiv., <strong>et</strong> on verra plus loin comment elle ai<strong>de</strong> p. éluci<strong>de</strong>r l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre contre les<br />

A<strong>la</strong>mans. Cf. Levison, Zur Geschichte <strong><strong>de</strong>s</strong> Frankenkönigs Chlodowich (Bonner Jahrbücher,<br />

t. 103, pp. 50 <strong>et</strong> suiv.).

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!