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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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lignes <strong>de</strong> circonval<strong>la</strong>tion furent achevées. Alors le bélier commença à battre les<br />

murailles, <strong>et</strong> une grêle <strong>de</strong> traits refou<strong>la</strong> les défenseurs qui se présentaient sur les<br />

remparts. Pendant que grandissait le danger, l’évêque expira, <strong>et</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

démoralisée n’attendit plus son salut que <strong>de</strong> <strong>la</strong> clémence du roi barbare.<br />

Mais comment toucher son cœur, maintenant que le protecteur en tare <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité<br />

venait <strong>de</strong> disparaître ? On j<strong>et</strong>a alors les yeux sur un vieux prêtre du nom<br />

d’Euspicius, qui était universellement vénéré pour ses vertus. Euspicius consentit<br />

à aller recomman<strong>de</strong>r ses concitoyens au barbare victorieux, <strong>et</strong> le fit avec un plein<br />

succès. Clovis lui accorda une capitu<strong>la</strong>tion honorable, <strong>et</strong>, sans doute, <strong>la</strong> sécurité<br />

pour les personnes <strong>et</strong> pour les biens. La scène <strong>de</strong> l’entrée pacifique du vainqueur<br />

dans <strong>la</strong> ville prise a fait une vive impression sur le narrateur : en quelques traits<br />

pleins <strong>de</strong> vivacité il nous montre le vieux prêtre qui, tenant Clovis par <strong>la</strong> main,<br />

l’amène au pied <strong><strong>de</strong>s</strong> remparts, les portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville qui s’ouvrent à <strong>de</strong>ux battants<br />

pour lui livrer passage, un cortège nombreux, clergé en tête, qui vient<br />

processionnellement à <strong>la</strong> rencontre du généreux vainqueur. Deux jours <strong>de</strong> festins<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> réjouissances scellèrent <strong>la</strong> réconciliation si heureusement ménagée par<br />

l’homme <strong>de</strong> Dieu. Il avait fait office d’évêque pendant <strong>la</strong> détresse <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ; il<br />

avait été pour elle, comme les évêques le furent si souvent, le vrai <strong>de</strong>fensor<br />

civitatis ; quoi d’étonnant si le barbare lui-même désira le voir succé<strong>de</strong>r au<br />

pontife défunt ? Mais Euspicius refusa ce redoutable honneur. La chaire<br />

épiscopale n’avait pas d’attrait pour c<strong>et</strong>te âme éprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong>, <strong>et</strong> les<br />

ombrages monastiques <strong>de</strong> Micy-sur-Loire lui réservaient, grâce à <strong>la</strong> libéralité <strong>de</strong><br />

Clovis, <strong>la</strong> satisfaction d’un vœu bien plus cher à son cœur1.<br />

1 Vita sancti Maximini dans dom Bouqu<strong>et</strong>, III, pp. 393 <strong>et</strong> suivantes. Cf. Bertarius, Gesta<br />

episcoporum Vadunensium, c. 4. (MGH. SS., t. IV, p. 41). C<strong>et</strong> épiso<strong>de</strong> n’étant pas daté, il<br />

est fort difficile <strong>de</strong> lui assigner une p<strong>la</strong>ce certaine dans l’histoire <strong>de</strong> Clovis. Le document<br />

même auquel je l’emprunte parle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>fectio <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> perduellio <strong><strong>de</strong>s</strong> Verdunois, ce qui<br />

ferait croire que <strong>la</strong> ville avait déjà subi le joug <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs ; mais en même temps il p<strong>la</strong>ce<br />

c<strong>et</strong> évènement dans les toutes premières années du règne <strong>de</strong> Clovis, à preuve ces<br />

paroles : Sed cum auspicia ejus regni multimodis urgerentur incursibus, sicut se habent<br />

multorum voluntates, quæ cupidæ sunt mutationum, <strong>et</strong> rebus novellis antequam<br />

convalescant inferre nituntur perniciem vel difficultatem, plurimi tales in regno ejus<br />

reperti sunt talium cupidi rerum. Inter c<strong>et</strong>eros vero cives Viridunensis opidi <strong>de</strong>fectionem<br />

atque perduellionem dicuntur meditati. La chronologie n’était pas le fort <strong><strong>de</strong>s</strong> écrivains du<br />

moyen âge ; aussi ont-ils été bien embarrassés <strong>de</strong> savoir où p<strong>la</strong>cer le siège <strong>de</strong> Verdun.<br />

Aimoin le p<strong>la</strong>ce aussitôt après le baptême <strong>de</strong> Clovis, en 497, probablement parce que<br />

l’attitu<strong>de</strong> du roi après le siège lui semb<strong>la</strong>it trahir un chrétien ; il a été suivi par A. <strong>de</strong><br />

Valois, I, p. 271, qui donne les mêmes raisons. Hugues <strong>de</strong> F<strong>la</strong>vigny, qui parait avoir été<br />

frappé par <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière partie du témoignage du Vita Maximini <strong>et</strong> n’avoir pas saisi <strong>la</strong><br />

secon<strong>de</strong>, a cru <strong>de</strong>voir rej<strong>et</strong>er le siège <strong>de</strong> Verdun après le meurtre <strong>de</strong> Sigebert <strong>de</strong> Cologne<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> son fils, ce qui en fait comme une protestation contre le crime <strong>de</strong> Clovis. C<strong>et</strong>te<br />

manière <strong>de</strong> voir a été adoptée par Dubos, III, p. 375 ; par dom Bouqu<strong>et</strong>, III, pp. 40 <strong>et</strong><br />

355 (dans les notes) ; par R<strong>et</strong>tberg, Kirschengeschichte Deutsch<strong>la</strong>nds, t. I, p. 265 ; par<br />

Pétigny, II, p. 575 ; par Lœbell, Gregor von Tours, p. 269, note 2, <strong>et</strong> par M. Longnon,<br />

Géographie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule au VIe siècle, p. 89. Junghans, p. 32, <strong>et</strong> Clouët, Histoire <strong>de</strong><br />

Verdun, p. 78, n’osent se prononcer. Je me suis rallié à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 486 ou 487 : 1° parce<br />

que le texte du Vita, dont nous possédons <strong><strong>de</strong>s</strong> manuscrits du dixième siècle, est formel,<br />

<strong>et</strong> que son témoignage n’implique ni obscurité ni contradiction ; 2° parce qu’en eff<strong>et</strong>,<br />

vers 486, nous voyons mourir à Verdun l’évêque Possessor, tandis que ses successeurs,<br />

Firminus <strong>et</strong> Victor, meurent l’un en 502, l’autre en 529, c’est-à-dire à <strong><strong>de</strong>s</strong> dates qui ne<br />

concor<strong>de</strong>nt avec aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> autres hypothèses formulées : 3° parce que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion

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