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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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actuelle on y trouve <strong><strong>de</strong>s</strong> détails qu’il serait difficile <strong>de</strong> concilier avec les données<br />

<strong>de</strong> l’histoire1.<br />

Il est plus ma<strong>la</strong>isé <strong>de</strong> se prononcer sur les titres <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Simorre, située<br />

sur <strong>la</strong> Gimonne, à quelques lieues au sud-est d’Auch. Elle aussi, elle avait confié<br />

à son cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> vieux souvenirs qui attribuaient sa fondation à Clovis. Elle<br />

croyait même savoir que le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> religieux établis par lui dans le<br />

monastère primitif était <strong>de</strong> dix-huit, mais que ce nombre fut augmenté dans <strong>la</strong><br />

suite par les libéralités <strong>de</strong> divers seigneurs. En attendant que les prétentions <strong>de</strong><br />

Simorre fassent l’obj<strong>et</strong> d’un sérieux examen, nous croyons pouvoir accueillir ici,<br />

au moins à titre provisoire, une tradition respectable déjà par sa simplicité<br />

même, <strong>et</strong> qui a été conservée jusqu’à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’ancien régime sans que<br />

personne l’ait rendue suspecte en l’amplifiant2.<br />

Combien, en regard <strong>de</strong> ces humbles notices, que leur mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie même<br />

recomman<strong>de</strong> à l’attention, les légen<strong><strong>de</strong>s</strong> mérovingiennes <strong>de</strong> l’abbaye <strong>de</strong> Moissac,<br />

bien moins garanties cependant3, apparaîtront supérieures en intérêt pour le<br />

lecteur amoureux du pittoresque ! Située sur le Tarn, à. peu <strong>de</strong> distance du<br />

confluent <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te rivière avec <strong>la</strong> Garonne, l’abbaye <strong>de</strong> Moissac a trouvé en son<br />

abbé Aymeri <strong>de</strong> Peyrac (1377-1402) un historien érudit <strong>et</strong> zélé, qui n’a <strong>la</strong>issé dans<br />

l’oubli aucune <strong>de</strong> ses légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>et</strong> qui en a peut-être embelli quelques-unes.<br />

Sous sa plume, l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> Moissac semble prendre <strong>la</strong> couleur<br />

d’un conte <strong><strong>de</strong>s</strong> Mille <strong>et</strong> une nuits. Écoutons l’intéressant narrateur.<br />

C’était en 507. Clovis avait vaincu A<strong>la</strong>ric, <strong>et</strong> il s’avançait à marches forcées sur<br />

Toulouse pour s’emparer <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale <strong><strong>de</strong>s</strong> Visigoths. La nuit qui précéda son<br />

arrivée à Moissac, il eut sous <strong>la</strong> tente, pendant son sommeil, une vision bizarre,<br />

dans <strong>la</strong>quelle il voyait <strong><strong>de</strong>s</strong> griffons ayant <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres dans leur bec, <strong>et</strong> les portant<br />

dans une vallée où ils commençaient <strong>la</strong> construction d’une église. Or, le<br />

len<strong>de</strong>main, en longeant les rives du Tarn à <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> son armée, voilà qu’il<br />

aperçut soudain les oiseaux <strong>de</strong> son rêve. Ils étaient <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur gigantesque, <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> proportions que n’avait aucun autre oiseau. Aussitôt Clovis <strong><strong>de</strong>s</strong>cendit <strong>de</strong><br />

cheval, raconta sa vision à son armée, <strong>et</strong> lui proposa <strong>de</strong> commencer <strong>la</strong><br />

construction d’un édifice qu’on m<strong>et</strong>trait sous le patronage <strong>de</strong> saint Pierre.<br />

1 Voir les auteurs cités ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>et</strong> Lecoy <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marche, Saint Martin, p. 515. On ne peut<br />

pas adm<strong>et</strong>tre avec nos vieux auteurs que Clovis, entrant pour <strong>la</strong> première fois à Auch,<br />

après <strong>la</strong> défaite d’A<strong>la</strong>ric, ait fait don à, l’église Notre-Dame du monastère <strong>de</strong> Saint-<br />

Martin, récemment construit par lui. C<strong>et</strong>te donation, si nous adm<strong>et</strong>tons que Saint-Martin<br />

ait été fondé par Clovis, doit se rapporter à une date postérieure.<br />

2 De Brugeles, Chroniques ecclésiastiques du diocèse d’Auch, pp. 180, 185 <strong>et</strong> 187,<br />

d’après un cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Simorre. Il est fait mention <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te fondation dans <strong><strong>de</strong>s</strong> l<strong>et</strong>tres<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chancellerie <strong>de</strong> l’an 1511, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> statuts faits au chapitre l’an 1512, dans un arrêt<br />

du conseil d’État <strong>de</strong> l’an 1522, <strong>et</strong> dans un inventaire <strong>de</strong> production <strong>de</strong>vant l’official d’Auch<br />

en 1558. I<strong>de</strong>m, p. 180. Cf. Gallia christiana, I, p. 1013.<br />

3 Un diplôme <strong>de</strong> Pépin Ier d’Aquitaine pour Moissac, en 818, attribue <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te abbaye à saint Amand : Monasterio quod dicitur Moissiacum in pago Caturcino<br />

super Illuvium qui dicitur Tarnus, quod olim sanctus Amandus abbas in honore sancti<br />

P<strong>et</strong>ri apostolorum principis construxit (Dom Bouqu<strong>et</strong>, VI, p. 663.) Cf. Mabillon, Annales<br />

O. S. B., t. I, p. 358, <strong>et</strong> Lagrèze-Fossat, Étu<strong><strong>de</strong>s</strong> historiques sur Moissac, Paris, 1870-<br />

1874, t. III, p. 8. C<strong>et</strong> auteur ne connaît que le diplôme <strong>de</strong> Pépin II, en 845, qui est<br />

apocryphe, <strong>et</strong> qui reproduit textuellement l’authentique cité ici. Cf. dom Bouqu<strong>et</strong>, t. VIII,<br />

p. 356. L’abbé Foulhiac, Mé<strong>la</strong>nges sur le Quercy, cité par Lagrèze-Fossat, III, p. 9, croit<br />

que saint Amand aura fondé Moissac sous Clovis II, <strong>et</strong> qu’on aura confondu ce prince<br />

avec Clovis Ier.

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