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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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s’ébranler sous leur roi Eucharic pour le pil<strong>la</strong>ge <strong>et</strong> le massacre <strong><strong>de</strong>s</strong> popu<strong>la</strong>tions<br />

gauloises. La terreur fut gran<strong>de</strong> dans les villes menacées <strong>de</strong> l’Entre-Seine-<strong>et</strong>-<br />

Loire. Elles s’adressèrent à saint Germain d’Auxerre, qui jouissait d’un ascendant<br />

immense, <strong>et</strong> qui parvint à arrêter pour quelque temps <strong>la</strong> répression. On se<br />

souvint longtemps, en Gaule, <strong>de</strong> ce vieux prêtre qui traversa les rangs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cavalerie a<strong>la</strong>ine en marche pour sa mission sang<strong>la</strong>nte, <strong>et</strong> qui al<strong>la</strong> saisir par <strong>la</strong><br />

bri<strong>de</strong> le cheval d’Eucharic. Le barbare céda aux supplications du saint vieil<strong>la</strong>rd,<br />

mais en réservant <strong>la</strong> ratification d’Aétius ou <strong>de</strong> l’empereur, <strong>et</strong> le pontife partit<br />

aussitôt pour aller chercher c<strong>et</strong>te ratification à Ravenne. Mais, dans l’intervalle,<br />

un nouveau soulèvement <strong><strong>de</strong>s</strong> villes gauloises vint m<strong>et</strong>tre fin aux bonnes<br />

dispositions qu’il avait rencontrées à <strong>la</strong> cour, <strong>et</strong> Germain mourut à Ravenne sans<br />

avoir eu <strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong> faire signer une paix durable (448)1.<br />

Le grand danger que <strong>la</strong> Gaule courut <strong>de</strong> <strong>la</strong> part d’Atti<strong>la</strong>, en 451, ne put <strong>la</strong> rallier<br />

tout entière contre le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> Huns. Peut-être même avait-il un parti parmi les<br />

Gaulois, car, vers c<strong>et</strong>te époque, un mé<strong>de</strong>cin du nom d’Eudoxius, ayant ourdi un<br />

complot qui échoua (on ignore lequel), se réfugia chez les Huns2. Ce qui confirme<br />

c<strong>et</strong>te supposition, c’est l’excommunication fulminée, en 453, par le concile<br />

d’Angers, contre tous ceux qui avaient livré <strong><strong>de</strong>s</strong> villes à l’ennemi3. Quel ennemi,<br />

si ce n’est Atti<strong>la</strong> ? quelles villes, si ce n’est celles qui jalonnaient son itinéraire <strong>de</strong><br />

M<strong>et</strong>z jusqu’à Orléans, ou d’autres qui se levèrent pour l’appeler ?<br />

Ægidius lui-même, on l’a vu, avait rencontré <strong>la</strong> trahison sur son chemin, dans <strong>la</strong><br />

personne <strong>de</strong> c<strong>et</strong> Agrippinus qui livra Narbonne aux Visigoths. Mais le plus<br />

étonnant symptôme <strong>de</strong> <strong>la</strong> décomposition n’était-il pas Arvandus, qui avait occupé<br />

<strong>la</strong> plus haute dignité civile <strong>de</strong> l’Empire, celle <strong>de</strong> préf<strong>et</strong> du prétoire, <strong>et</strong> qui écrivit à<br />

Euric pour lui proposer un partage <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule entre les Visigoths <strong>et</strong> les<br />

Burgon<strong><strong>de</strong>s</strong>4 ? Qu’on le remarque bien : Arvandus ne rougissait pas <strong>de</strong> ces<br />

négociations, il les avouait hautement, <strong>et</strong> il avait plus d’un partisan dans les<br />

rangs <strong>de</strong> l’aristocratie gallo-romaine. On se tromperait gravement si l’on ne<br />

vou<strong>la</strong>it voir dans ces <strong>hommes</strong> autre chose que <strong><strong>de</strong>s</strong> traîtres. Les contemporains<br />

eux-mêmes étaient loin <strong>de</strong> s’accor<strong>de</strong>r sur c<strong>et</strong>te question. Si les uns, légitimistes<br />

convaincus, i<strong>de</strong>ntifiaient le patriotisme avec le culte <strong>de</strong> l’empereur <strong>de</strong> Ravenne,<br />

les autres ne se croyaient pas moins bons patriotes en cherchant dans l’alliance<br />

ou dans l’amitié <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares germaniques une protection qu’on ne pouvait plus<br />

attendre <strong>de</strong> l’Italie. Les prétendus traîtres étaient en réalité <strong><strong>de</strong>s</strong> désabusés qui ne<br />

croyaient plus à <strong>la</strong> félicité romaine : leur trahison consistait à dire tout haut ce<br />

qu’ils pensaient, <strong>et</strong> à agir conformément à leur opinion.<br />

Si <strong>de</strong> pareilles dispositions se rencontraient dans <strong>la</strong> Viennoise <strong>et</strong> dans <strong>la</strong><br />

Narbonnaise, terres que tout semb<strong>la</strong>it rattacher à l’Italie, on peut bien penser<br />

qu’elles étaient plus prononcées encore outre Loire. Il y avait longtemps que les<br />

popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> ces contrées, tout en appréciant les bienfaits <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation<br />

romaine, s’étaient persuadé que le gouvernement <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te civilisation ne <strong>de</strong>vait<br />

pas nécessairement être fixé à Rome. L’empire gaulois <strong>de</strong> Postumus <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses<br />

1 Sur tout c<strong>et</strong> épiso<strong>de</strong>, lire <strong>la</strong> Vie <strong>de</strong> saint Germain d’Auxerre, écrite au Ve siècle par le<br />

prêtre Constance ; elle est dans les Bol<strong>la</strong>ndistes au t. VII <strong>de</strong> juill<strong>et</strong> (29 juill<strong>et</strong>) ; le<br />

passage que nous analysons se trouve plus bas.<br />

2 Prosper Tiro.<br />

3 Si qui tra<strong>de</strong>ndis vel capiendis civitatibus fuerint interfuisse d<strong>et</strong>ecti, non solum a<br />

communione habeantur alieni sed nec conviviorum admittantur esse participes. Sirmond,<br />

Concilia Galliæ, t. I, p. 117.<br />

4 Sidoine Apollinaire, Epist., I, 7.

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