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clovis - L'Histoire antique des pays et des hommes de la Méditerranée

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IV. — LES FRANCS EN BELGIQUE (Suite).<br />

Plus d’un <strong>de</strong>mi-siècle va s’écouler sans que les colonies franques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Toxandrie<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> F<strong>la</strong>ndre attirent l’attention <strong>de</strong> l’histoire. Les rares fois qu’il sera question<br />

d’elles, on n’en parlera que pour signaler leurs revers. On dirait qu’elles<br />

cherchent à se faire oublier <strong>de</strong> l’Empire, ou à le réconcilier avec leur prise <strong>de</strong><br />

possession irrégulière <strong>et</strong> violente. Tout le poids <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte entre Francs <strong>et</strong><br />

Romains pèsera sur leurs compatriotes restés en Germanie, <strong>et</strong> qui, à leur tour,<br />

essayeront <strong>de</strong> forcer le passage. Mais, dans les assauts répétés qu’ils livreront à<br />

<strong>la</strong> frontière du Rhin, ce seront <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs encore qu’ils rencontreront en face<br />

d’eux comme <strong>de</strong>rniers défenseurs du mon<strong>de</strong> romain. Rien ne montre mieux <strong>la</strong><br />

vitalité <strong>de</strong> ce peuple, <strong>et</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu’il prend dès lors en Occi<strong>de</strong>nt. Il ne s’agit déjà<br />

plus <strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong> Gaule sera romaine ou germanique ; <strong>la</strong> seule question qui se<br />

pose, c’est si elle appartiendra aux Francs romanisés ou aux Francs restés<br />

barbares. De toute manière, sous l’uniforme romain ou sous les étendards <strong>de</strong> ses<br />

rois nationaux, le Franc sera le maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaule. Voilà ce qu’enseignent les<br />

vicissitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, souvent fort compliquées, du siècle dont l’histoire va passer sous<br />

nos yeux.<br />

Le 18 janvier 350, le jeune empereur Constant, sous le règne duquel les Francs<br />

s’étaient établis en Toxandrie, périssait assassiné à <strong>la</strong> suite d’un complot qui<br />

paraît avoir été ourdi par le parti païen. Dans c<strong>et</strong>te tragédie, tous les principaux<br />

rôles furent joués par <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs. L’usurpateur, Magnence, était <strong>de</strong> race barbare<br />

<strong>et</strong> très probablement d’origine franque : il avait pour père un Lète <strong>et</strong> pour mère<br />

une <strong>de</strong>vineresse1. L’assassin fut un Franc du nom <strong>de</strong> Gaiso, <strong>et</strong> le <strong>de</strong>rnier fidèle<br />

du malheureux empereur fut encore un Franc, nommé Laniogais, qui<br />

l’accompagna dans sa fuite jusqu’au <strong>de</strong>là <strong><strong>de</strong>s</strong> Pyrénées. C’étaient les Francs aussi<br />

qui, avec les Saxons, formaient les éléments les plus soli<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong><br />

Magnence, lorsque celui-ci dut aller défendre contre l’empereur légitime <strong>la</strong><br />

couronne qu’il avait usurpée. Mais ce n’est pas tout, car Constance se procura à<br />

prix d’or l’alliance <strong><strong>de</strong>s</strong> Francs du Rhin, <strong>et</strong> c’est avec leur appui, intéressé mais<br />

efficace, que l’empereur franc fut renversé du trône. Enfin, l’homme qui, en<br />

passant du camp <strong>de</strong> Magnence dans celui <strong>de</strong> son adversaire, décida du sort <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>ux rivaux, c’était le Franc Silvanus. On cherche vainement le nom d’un Romain<br />

dans c<strong>et</strong>te lutte où tous les intérêts <strong>de</strong> Rome sont en jeu. Vaincu à Mursa (351),<br />

Magnence s’enfuit jusqu’à Aquilée, <strong>et</strong> d’Aquilée jusqu’à Lyon. Là, il apprit que <strong>la</strong><br />

Gaule s’était révoltée contre son frère Decentius, à qui il en avait confié <strong>la</strong> gar<strong>de</strong><br />

pendant son absence, que Trèves lui avait fermé ses portes, qu’il avait été battu<br />

par l’A<strong>la</strong>man Chnodomar en vou<strong>la</strong>nt secourir <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Mayence, <strong>et</strong> que dans son<br />

désespoir il s’était tué. Tout crou<strong>la</strong>it autour <strong>de</strong> lui : il n’avait plus qu’à imiter son<br />

frère, <strong>et</strong> il mit fin à ses jours par le suici<strong>de</strong>. Constance restait seul maître <strong>de</strong><br />

l’Empire.<br />

Il paya <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus noire ingratitu<strong>de</strong> <strong>la</strong> fidélité du général franc. Silvanus était né<br />

en Gaule, d’un père nommé Bonitus, qui avait rendu <strong>de</strong> signalés services à<br />

Constantin le Grand dans <strong>la</strong> guerre contre Licinius. Il était chrétien, <strong>et</strong> l’on peut<br />

le regar<strong>de</strong>r comme le premier <strong>de</strong> sa race qui ait été conquis à <strong>la</strong> fois par le<br />

christianisme <strong>et</strong> par <strong>la</strong> civilisation romaine. Entraîné, sans doute malgré lui, dans<br />

le mouvement qui avait élevé Magnence, il s’en était dégagé à l’heure où <strong>la</strong><br />

1 Julien, Cæsar., p. 20, éd. <strong>de</strong> Paris ; Zosime II, 45 <strong>et</strong> 54.

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